octobre 9, 2024

Une Vie Violente

De : Thierry de Peretti

Avec Jean Michelangeli, Henri-Noël Tabary, Cédric Appietto, Jean-Etienne Brat

Année : 2017

Pays : France

Genre : Drame, Thriller

Résumé :

Malgré la menace de mort qui pèse sur sa tête, Stéphane décide de retourner en Corse pour assister à l’enterrement de Christophe, son ami d’enfance et compagnon de lutte, assassiné la veille. C’est l’occasion pour lui de se rappeler les évènements qui l’ont vu passer, petit bourgeois cultivé de Bastia, de la délinquance au radicalisme politique et du radicalisme politique à la clandestinité.

Avis :

Thierry de Peretti est un réalisateur français qui aura mis du temps avant de faire son premier film. Connu d’abord comme comédien et metteur en scène de théâtre, il va d’abord passer une vingtaine d’années sur les planches ou dans les coulisses des établissements parisiens. Puis petit à petit, il en vient au cinéma avec de petits rôles ici et là. Il aura tourné chez Patrice Chéreau, Josée Dayan, Bertrand Bonnelo. Et enfin, Thierry de Peretti vient à la réalisation en 2005 avec un premier court, suivi d’un deuxième en 2011, pour finalement déboucher en 2013 avec « Les apaches« , un premier film percutant qui peint le portrait de jeunes paumés et déconnectés.

Avec ce premier film sombre et prenant, Thierry de Peretti était attendu au tournant, et c’est donc quatre ans plus tard que le cinéaste revient avec toujours sa caméra plantée en Corse, île dont il est natif. Avec ce deuxième film, le réalisateur voit plus grand, et s’aventure dans un film historique qui raconte certaines des luttes et des événements auxquels l’île de beauté a dû se confronter à travers une génération très engagée. Entre documentaire et drame, « Une vie violente » est un film qui se pose comme très intéressant dans ce qu’il raconte, mais s’oppose à cela un rythme qui ne l’est pas toujours forcément, et au-dessus de tout ça, un film qui finalement, n’est pas aussi percutant qu’on aurait pu le croire.

Stéphane s’est exilé à Paris il y a quelques mois maintenant, mais aujourd’hui, il revient en Corse pour assister à l’enterrement d’un ami d’enfance. Stéphane, au départ, était un petit bourgeois qui n’avait pas cette trajectoire d’exilé et surtout de menacé de mort de prévu. Mais petit à petit, Stéphane est passé de la petite délinquance au radicalisme politique, et à la lutte armée pour au départ amener à la libération. Or, dans les années 90, le FLNC s’est déchiré en une série de disputes meurtrières au sein même de sa propre organisation.

Et d’un deuxième film pour Thierry de Peretti qui avec cette « … vie violente » s’impose décidément comme un cinéaste plein de promesses pour l’avenir. Certes, ce deuxième film est loin d’être parfait, et comme je le disais plus haut, il est même un peu en dessous de son premier, mais indiscutablement, Thierry de Peretti livre-là un film intéressant, dramatique, et même fort, malgré le fait qu’il ne le soit pas autant que ces « … apaches« .

Pour son deuxième film, le metteur en scène s’attaque à un grand sujet, et pose sa caméra entre les années 90 et 2000 pour y raconter à travers un personnage la chute et les désillusions d’une génération dans un combat qui s’est « perdu » dans des luttes internes.

« Une vie violente » s’apparente alors à une fresque à travers laquelle Thierry de Peretti va peindre une longue descente aux enfers. Une descente vertigineuse, rapide et brutale. Très documenté, même si le film suit un personnage fictif, « Une vie violente« , à travers son scénario, nous présente bien le contexte, l’engrenage, la lutte et les luttes de pouvoir. Le film présente bien aussi l’époque et l’ambiance anxiogène qui règne. Le film suit toute une galerie de personnages, qui petit à petit se radicalisent, et abandonnent entre guillemets leurs illusions. Rires et déconnades vont laisser leur place à la lutte, aux assassinats, et plus largement à la clandestinité. Une clandestinité qui nous offrira une dernière scène et un dernier dialogue qui feront presque oublier les petites touches de déséquilibre que le film peut avoir.

Ces petites touches de déséquilibre, on les retrouve surtout dans la mise en scène de Thierry de Peretti. Si le film en lui-même demeure prenant, et l’on se laisse très volontiers happer par ce qu’il raconte, il faut aussi dire que par moment, le réalisateur lâche un peu la bride, ce qui a tendance à desserrer la tension que le film aurait dû contenir en permanence. Ainsi, par moment, « Une vie violente » peut se faire longuet et au-delà de ça, il peut aussi avoir tendance à donner l’impression qu’il passe au côté de certains de ses sujets. Certains d’entre eux auraient assurément mérité d’être plus développés et développer de manière plus dure. Autre petit point négatif, en oscillant entre la fiction et le documentaire, du point de son montage, « Une vie violente » incorpore de manière maladroite des images d’archives des luttes et autres événements.

Enfin, comme pour « Les apaches« , Thierry de Perretti nous offre un casting de nouvelles têtes qu’on se plaît à découvrir. Si parfois, il est vrai que certains de ses personnages auraient mérité d’être plus développés, tous sont tenus avec une certaine forme de réalisme et de spontanéité qui fait que bon ou mauvais, finalement, tous se posent comme attachants et intéressants à suivre, d’autant plus que le film leur réserve une sacrée descente en enfer. À travers tous ces personnages et ces acteurs, il est vrai que Jean Michelangeli, qui incarne le personnage principal, ressort du lot et le jeune comédien, dont c’est le premier film, tient vraiment « Une vie violente » sur ses épaules.

Malgré ses défauts et malgré cette petite déception qui pointe le bout de son nez, ce deuxième film pour Thierry de Peretti reste un bon film et nous fait passer un bon et intéressant moment de cinéma. Moins fort et percutant que ses « … apaches« , « Une vie violente » reste assurément pour tout ce que le film raconte une œuvre forte, qui démontre bien que Thierry de Peretti est un réalisateur qui va compter à l’avenir.

Note : 13/20

Par Cinéted

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