Avis :
On entend souvent les mêmes discours en ce qui concerne le métal français. Beaucoup de gens estiment qu’il n’y en a pas assez, et d’autres pensent qu’il est tout simplement mauvais. L’un dans l’autre, c’est archi-faux. Déjà parce que la France est un immense vivier de talents métal qui n’est juste pas mis en avant par les grands médias. Et ensuite, en cherchant un peu, on trouve vraiment de la grande qualité. Fondé au début des années 2000, Betraying the Martyrs va lorgner du côté du Metalcore, avec un chant grave et des riffs bien lourds. Ne cessant jamais d’évoluer, les parisiens ont alors mélangé plusieurs genres en leur sein, en commençant par des éléments Death, puis avec quelques rajouts électro par-ci par-là. Fort de son expérience et de ses tournées monumentales, avec Rapture, le groupe entame un nouveau cycle et frappe fort.
Tabassage dans les règles
Après une introduction qui a le mérite de montée en puissance, le groupe balance Eternal Machine. Fidèle à son crédo et sans jamais battre de l’aile, Betraying the Martyrs développe une atmosphère pesante et une ambiance destructrice. Le mélange de chant clair et de growl est tout simplement parfait et on sent une volonté de tout casser sur son passage. On aura même droit à un petit solo plaisant en milieu de partie, montrant, si besoin l’en est, la technicité des musiciens. Down ira dans le même sens, mais avec une pointe de mélancolie en plus. Le groupe arrive à allier des riffs brutaux sur les couplets, avec un refrain tout ce qu’il y a de plus Metalcore. Le chant clair prend alors plus d’ampleur et permet de rompre le tout avec une redémarrage sombre et virulent. Le groupe ne fait rien à la légère et balance claque sur claque.
C’est avec des titres comme Parasite que l’on ressent le mieux l’ambiance dark que le groupe veut dégager. On se retrouve avec des passages solides, un chant clair qui reste dans l’atmosphère voulue et au final, on se retrouve à se briser la nuque sur des titres savamment dosé. Cette sensation, on la retrouve dans The Swarm, déluge de violence non-stop qui va même cocher les cases d’un Slipknot enragé. Les riffs sont à s’y méprendre. Monster va même intégrer une batterie électro dans son introduction, avant de nous détruire avec un cri maîtrisé, hurlant « I’m a fucking monster ». Le rythme est un vrai défouloir et tous les ingrédients sont réunis pour faire très mal dans la fosse. Un titre taillé pour la scène, avec un aspect épique renforcé par les arrangements électroniques. Bref, le groupe arrive à faire très efficace, tout en restant sur des chemins balisés.
Une pointe de Death mélo
Le groupe n’a jamais caché ses ambitions d’évolution et de mélanger les genres. Il arrive avec Rapture à un nouveau point de clivage, où les arrangements électro ne suffisent plus et le groupe se dirige alors vers un Death puissant et mélodique. Le premier à rentrer dans cette catégorie est Iron Gates, qui débute avec rage, pour ensuite laisser plus de place au chant clair, qui pourrait parfaitement aller dans un Power Métal. Le groupe garde son identité lugubre, mais la structure et la rythmique ressemblent à du pur Death suédois. Tout comme The Sound of Letting you Go qui laisse une large place au chant clair, pour débuter avec le refrain. L’ensemble est très efficace et donne une furieuse envie de se jeter dans la fosse. Le solo, dès le démarrage, est envoûtant, et on aura un élan surpuissant par la suite.
Le groupe surprend sans arrêt sur cet album. Les mélanges fonctionnent à merveille et même si le Metalcore est le plus important, les inserts Death sont vraiment intéressants et donnent une nouvelle épaisseur au groupe, qui gagne en maturité. On aura même quelques aspérités modernes, avec le solo dans The Sound of Letting you Go qui évoque Born of Osiris, ou encore des moments Black, avec des blasts qui défoncent bien la tête. Le seul défaut que l’on peut trouver au sein de l’album, c’est cette redondance qui va se faire de plus en plus prégnante à force d’écoute, comme un ennui insidieux qui se glisse en nous. Une preuve que le groupe utilise parfois les mêmes artifices et les mêmes schémas structurels, créant une légère redite. C’est peu de chose, mais ça reste notable.
Au final, Rapture, le dernier album en date de Betraying the Martyrs, est une belle réussite. Si on peut ressentir une pointe de lassitude au bout de quelques écoutes, il n’en demeure pas moins que le skeud est prenant et énergique. Mélangeant subtilement le Core avec le Death et une pointe de Black, le groupe gagne en épaisseur et propose un voyage lugubre mais qui fait mal à la nuque. Bref, un opus largement recommandable.
- Ignite
- Eternal Machine
- Down
- Iron Gates
- Parasite
- The Sound of Letting you Go
- The Swarm
- Monster
- Imagine
- Incarcerated
- Rapture
Note : 15/20
Par AqME