Avis :
Vouloir faire du Métal Symphonique implique de nombreuses choses, à commencer par avoir une chanteuse qui a de la voix. Ensuite, il faut avoir les reins solides au niveau de la production, car bien évidemment, cela implique de faire des arrangements costauds pour pouvoir donner de l’épaisseur à sa musique. Enfin, il faut une sacrée technique de base pour créer une osmose entre les parties « métal » et les parties orchestrales. C’est pour cela que se lancer à corps perdu dans le Métal symphonique est synonyme de courage. Et c’est ce que font preuve les membres de Realm of Glass, groupe américain dont Reveries from the Haunted est le premier et seul album studio à ce jour. Blindé de références, ce premier effort n’est pas dénué de qualités ou de brillance technique. Néanmoins, il comporte toutes les scories d’un premier album, et parfois, ça fait grincer des dents.
Le skeud débute avec Rebirth, un premier titre qui pourrait faire office d’introduction, puisqu’il dure à peine trois minutes et est uniquement instrumental. Relativement calme, on sent que le groupe veut montrer qu’il sait manier les instruments plutôt orchestraux, à l’image des violoncelles que l’on peut entendre. Cette « introduction » lance alors sur Forsaken qui reprend la même mélodie, mais en y incluant des riffs de gratte bien puissants et rapides. Et là, on va faire un premier constat, on sent que ça tâtonne encore, puisque la transition peine à se faire, avec une rupture assez vilaine pour laisser la place à la chanteuse. Une chanteuse qui possède une belle voix, mais qui n’est pas non plus extraordinaire. On est loin des pulsions lyriques des groupes phares de ce genre. Pour autant, ça reste sympathique, à défaut d’être vraiment marquant.
C’est par la suite que les choses vont un peu se gâter. Dreams Pt. I est assez intéressant dans sa démarche et sa volonté de mélanger les claviers avec les grattes, mais il réside encore et toujours ce problème de transition. Ce n’est pas toujours juste, et on a la désagréable sensation que le groupe ne savait pas comment allier à la fois le côté lyrique et le côté métal. De plus, Dreams Pt. II, uniquement instrumental, va continuer dans ces défauts et c’est bien dommage, car les moment calmes sont presque plus réussis que les moments plus nerveux. Et même si on retrouve de jolis solos. Derrière, Unease va venir jouer les trouble-fêtes avec une ambiance assez éthérée et plutôt agréable. On retrouve un petit truc qui fait très années 80 et c’est bien fichu. Le problème provient de l’enchainement des titres, où toute la sérénité vient d’un coup.
Reveries From the Haunted, qui un peu la pièce maîtresse de l’ensemble, est aussi un titre plutôt calme, et de ce fait, on s’ennuie un petit peu sur l’enchainement des deux morceaux. Là aussi, on sent bien que c’est un premier album puisqu’on trouve des scories qui n’ont plus lieu quand les groupes prennent de la bouteille. Ce n’est pas désagréable en soi, mais cela crée un sacré déséquilibre dans l’écoute. D’autant plus quand Light of Death, qui est un titre les plus virulents, déboule derrière. Là aussi, le morceau est blindé d’idées, mais elles sont assez mal exploitées. L’introduction, feutrée et inquiétante, est bien cool, mais par la suite, la liaison chant/riff ne fonctionne pas et on a l’impression d’écouter deux titres différents qui se superposent. Surtout lorsque le refrain arrive. La sensation est assez dérangeante et empêche clairement de se plonger dans le morceau.
Broken essaye d’éviter ce problème d’accord entre deux parties. Le résultat est plutôt plaisant, même si on reste sur quelque chose d’assez standard et qui ne bouscule pas les codes du genre. Néanmoins, on peut mettre en avant une volonté de créer une atmosphère particulière, assez délétère et presque mélancolique par moment. Le groupe arrive à tenir la baraque pendant les six minutes du morceau, et c’est plutôt chouette. Malheureusement, avec Redemption, la formation retombe vite sur ses travers, tout comme avec Arise From the Ashes. On retrouve des transitions très mal exécutées qui gâchent tout le plaisir d’écoute. Certes, ce n’est pas évident pour des indépendants sans grosse production derrière, mais on reste sur quelque chose qui manque de liant, et c’est vraiment flagrant. On aurait aimé moins de complexité, et peut-être plus de titres courts avec cette ambiance si particulière que le groupe arrive à transmettre.
Au final, Reveries From the Haunted, le premier album de Realm of Glass, est une semi-déception, mais qui peut se voir aussi comme un album sympathique, en fonction de nos attentes. Le problème ne vient nullement de la technique des musicos ou encore de la voix de la chanteuse (qui s’est barrée d’ailleurs), mais clairement d’un manque de cohérence dans les liaisons et les ruptures. On sent que le tatillonne, se cherche, et c’est souvent maladroit, pour ne pas dire malhabile. Et c’est d’autant plus dommage que cela entache cruellement le plaisir d’écoute… Bref, un album moyen pour un groupe qui semble avoir les moyens de faire beaucoup mieux.
- Rebirth
- Forsaken
- Dreams, Pt. I
- Dreams, Pt. II
- Unease
- Reveries From the Haunted
- Light of Death
- Broken
- Redemption
- Arise From the Ashes
Note : 12/20
Par AqME