De : Johannes Roberts
Avec Claire Holt, Mandy Moore, Matthew Modine, Yani Gellman
Année : 2017
Pays : Angleterre, Etats-Unis, République Dominicaine
Genre : Horreur
Résumé :
Après la rupture de Lisa, sa sœur Kate l’embarque en vacances au Mexique pour lui changer les idées. Avides d’aventures, elles se mettent au défi de plonger parmi les requins blancs, protégées par une cage. Une fois dans l’eau, le spectacle est incroyable…
Mais subitement, le câble qui retient la cage au bateau cède, et les deux soeurs se retrouvent plongées au fond de l’océan, à 47 mètres de profondeur. Il ne reste qu’une heure d’oxygène et les grands blancs rôdent.
Avis :
Parmi les nouveaux chantres de l’horreur au cinéma, Johannes Roberts se fait très discret et pourtant, il officie dans le genre depuis le début des années 2000. En 2004, il réalise deux films d’horreur, les inédits Hellbreeder et Darkhunters (avec Dominique Pinon) et l’année d’après, il propose Forest of the Damned avec Tom Savini, toujours inédit chez nous. Ensuite, on n’aura plus de nouvelles du réalisateur jusqu’en 2010, où il va vraiment commencer sa carrière, restant constamment dans l’horreur. Son premier film qui va lui permettre de connaître un peu de reconnaissance en France est Storage 24 qui sortira directement en DVD chez nous, puis il enchaîne avec The Door qui aura les joies d’une sortie en salle alors qu’il est très mauvais. Cependant, le cinéaste britannique, que l’on croyait être un gentil tâcheron, va surprendre tout le monde en 2017 avec 47 Meters Down, un film de requins qui semblait basique et qui pourtant va se révéler réussi. Pourquoi ? Comment ? C’est ce que je vais tenter de vous expliquer.
Bien évidemment, avec ce genre de film, il ne faut surtout pas trouver de points forts dans le scénario. Ici, c’est tout simple, deux sœurs sont en vacances au Mexique, l’une d’entre elles a le cœur brisé suite à une rupture, l’autre décide de la faire sortir, elles font la connaissance de deux gentils mecs qui les invitent à une plongée en cage au milieu des requins. Tout se passe bien lorsque le treuil qui maintient la cage se brise et fait tomber les deux sœurs à 47 mètres de profondeur. Il va donc falloir lutter contre les requins, mais aussi et surtout contre le manque d’oxygène et la solitude. Très clairement, Johannes Roberts a conscience qu’il tient entre les mains un film simple et sans prétention et qu’il doit donc aller à l’essentiel tout en rendant sympathique ses deux personnages féminins. C’est pourquoi le film est assez court et que l’on est dans le bain au bout d’à peine vingt minutes. Vingt minutes de présentation pour montrer deux nanas simples qui veulent s’amuser pour oublier une rupture, et qui tombent sur deux mecs simples et gentils qui leur propose une activité qui tourne mal. Le cinéaste ne va pas chercher bien loin, sachant que le spectateur attend de la survie dans un milieu extrêmement hostile et c’est ce qu’il va lui proposer. Donc oui, le scénario ne vole pas bien haut, mais il va droit au but et ne s’empêtre pas dans des discussions stériles ou des présentations longuettes et sans intérêt.
De ce fait, le réalisateur va devoir se faire très efficace dans le maintien de sa tension, dans les différentes façons de survivre sous la flotte. Et c’est là que le film gagne tout son intérêt, s’éloignant volontiers des carcans du genre pour trouver des solutions à ces deux nanas novices en plongée et qui doivent faire face à plusieurs dangers, les requins, le manque d’oxygène, la pression, la noirceur et la solitude. En cumulant tous ces désagréments, le réalisateur anglais livre un film tendu où les actrices vont faire étalage de leur talent. Point de dispute, des prises de risque, des dangers immédiats et souvent invisibles, le film joue sur tous les tableaux pour contextualiser chaque danger. Et si les requins sont une menace physique, ce ne sont pas forcément les pires et c’est au détour d’une scène que le sang va nous monter, lorsque la moins expérimentée des deux va chercher une lampe torche par le fond et se perd dans une sorte d’abîme sur le chemin du retour. Le silence, les aplats de noir, le milieu hostile, la possibilité d’une attaque de requin par en-dessous, Johannes Roberts peaufine son ambiance pour rendre l’ensemble très tendu et très angoissant. Alors oui, le rythme est volontairement lent, mais c’est pour mieux nous imprégner de cette solitude dans un environnement qui n’est pas naturel pour nous. Et ce qui est assez incroyable, c’est qu’un réalisateur qui n’avait pas forcément fait ses preuves auparavant, se réalise avec un film complexe à mettre en scène sans tomber dans le nanar.
Comme Je l’ai déjà dit, le film n’est pas exempt de défauts et notamment un rythme qui a tendance à se faire languissant, mais cela est pour mieux rendre impactant les attaques de requins. Des requins très bien fichus avec des effets spéciaux franchement bons, surtout pout du DTV. La scène de la remontée avec la lumière rouge et les requins qui gravitent autour est une vraie réussite, même si elle ne sert pas à grand-chose au final. On pourrait aussi reprocher au film quelques moments improbables et des facilités scénaristiques qui font avancer l’intrigue mais c’est l’adage même du cinéma et sans ça, il n’y aurait pas de film tout court. Enfin, il est vrai que le film se repose essentiellement sur Mandy Moore et Claire Holt et les deux jeunes femmes ne sont pas parfaites dans le rôle. Si leurs personnages restent attachants sans en faire des caisses, les actrices ont souvent tendance à surjouer la peur, ou encore l’aspect grisant du manque d’oxygène. Rien de bien méchant, mais un peu de mesure n’aurait pas fait de mal. Enfin, la toute fin peut décontenancer, prenant le spectateur pour un idiot, mais d’un autre côté, elle demeure logique et propose quelque chose de presque nihiliste.
Au final, 47 Meters Down est une réelle surprise dans le domaine du film de requins. Bien loin des nanars que l’on se bouffe à longueur de temps avec des requins fantômes ou à plusieurs têtes, Johannes Roberts essaye de faire quelque chose de bien, de propre et de réellement effrayant. Si le film possède quelques défauts, comme son rythme, c’est bien peu de chose face à l’efficacité de l’ensemble et à l’angoisse qu’il nous fait ressentir dans ce milieu hostile, silencieux, sombre et dangereux. Bref, un bon film qui prouve aussi que ce réalisateur peut être capable de bonnes choses au sein de l’horreur.
Note : 14/20
Par AqME
3 réflexions sur « 47 Meters Down »