novembre 3, 2024

Ephemernia – … And in the Morning There Were None

Avis :

Le monde du Black Métal est un endroit obscur dans lequel navigue quelques formations très connues et d’autres qui veulent rester dans une sorte d’anonymat afin d’alimenter une image glauque et des légendes urbaines. Pour autant, certains groupes qui n’ont pas le vent en poupe produisent de petites galettes sympathiques et exploitent le filon du Black pour saupoudrer l’ensemble avec d’autres styles, comme de l’atmosphérique, du dépressive ou encore du Death. Et Ephemernia de cultiver un petit peu le mystère sur ses origines et ses projets. D’ailleurs, hormis le fait que ce soit un duo originaire de Finlande, et plus précisément d’Espoo, on ne sait rien sur Ephemernia. Ni date de création de la formation, ni groupes affiliés, ni rien. On sait seulement qu’en 2017 sort … And in the Morning There Were None, premier album étrange qui promet du Black dans une époque contemporaine si l’on en croit la pochette. Difficile dès lors de se projeter dans une quelconque attente et on espère une bonne surprise sur ce projet qui réunit un chanteur et un multi-instrumentiste. Le résultat est-il donc bon, ou faisons-nous face à un Black sous-produit qui manque d’ambition et d’inspiration ? On va plutôt lorgner du côté de la déception.

Le skeud débute avec The Humongous Vastness of Mind et il s’agit en fait d’une très longue introduction qui dépasse les quatre minutes. Avec ce premier titre, le groupe essaye de nous plonger dans un délire post-apocalyptique avec des voix qui semblent provenir de différents journaux télévisés, un léger son de guitare délétère et à l’ambiance morbide t des bruitages qui peuvent évoquer un bord de mer. On s’imagine très vite un clip vidéo à base de différents écrans, d’une mer sombre et de quelques plans de forêts vides d’hommes. Cependant, le résultat laisse dubitatif car c’est long et sans vraiment de mélodie, c’est répétitif et mange entièrement une piste alors que l’album ne compte que sept plages pour une durée d’un peu moins de quarante minutes. Le titre aurait été percutant s’il avait duré moitié moins longtemps. Néanmoins, avec Somewhere Between Euphoria and Apathy, le groupe démarre calmement avec un Black Atmosphérique très doux, pour partir ensuite vers quelque chose de plus sombre, de plus lourd et forcément de plus violent. La voix gutturale du chanteur est très bonne et globalement, l’ensemble tient bien la route, même si on commence à sentir une production qui n’est pas au rendez-vous. En effet, cela manque d’envergure, d’un enregistrement digne de ce nom. On retrouvera ce défaut dans tous les morceaux, et notamment ceux en chant « growl » car il manque une ampleur. Un défaut que l’on retrouvera dans Sleep is God et The Weight of Yesterday (qui font ensemble le diptyque Illusions) où la lourdeur est de mise, mais ça manque de poids d’un point de vue technique. Sans que ce soit enregistré dans un garage, on ressent un manque, une faiblesse et c’est bien dommage car le groupe semble en avoir sous la pédale.

Et le groupe peut surprendre, ne se contentant pas d’un simple Black Atmos pour nos petites oreilles chastes. En effet, trois titres sortent du lot de par leur choix vocaux. Le premier à surprendre, c’est Best Memories, Heaviest Tears, qui est entièrement en chant clair et qui se veut très dépressif comme morceau. Les paroles ont du sens, racontant que les plus beaux souvenirs sont ceux qui laissent les larmes les plus amères, et globalement, c’est touchant. Mais il y a un problème, le chant. Le chanteur chante faux, ou tout du moins ne possède une belle voix en chant clair, manquant de justesse, de finesse et même d’un petit côté granuleux, qui aurait pu offrir une autre sensibilité. Alors certes, on se laisse prendre au jeu, mais on ne peut s’empêcher de se dire que c’est dommage, qu’avec un autre chanteur, une meilleure production, on aurait pu avoir quelque chose de beaucoup mieux. Du mieux que l’on aura avec August Burns to Dusk et son piano lancinant. Et surtout, son duo de voix en chant clair qui donne plus d’épaisseur à l’ensemble et permet au duo de trouver un autre élan. C’est à la fois beau et touchant tout en gardant le cap du Black Atmos recherché. On notera aussi un dernier titre assez long, dépassant les dix minutes, mais qui en dure en fait cinq et se permet une longue conclusion un peu redondante. Pour autant, The Last Reminiscence of Life demeure sympathoche, malgré de nombreuses anicroches sur la gratte sèche au départ, que l’on croit blindée de faux raccords et un riff tellement saturé qu’il en devient presque inaudible.

Au final, … And in the Morning There Were None, le premier album d’Ephemernia, rate de peu la case du bon album. Si une paire de titres sortent du lot, le sentiment qui ressort après plusieurs écoutes, c’est une légère déception à cause d’un temps d’écoute très court et d’une production très faiblarde qui ne fait pas honneur à la prétention du groupe, à savoir un Black Atmos varié et qui sort un peu des carcans du genre. Il manque au groupe une forte identité pour s’imposer sur une scène déjà bien underground et n’être qu’un duo ne suffit pas vraiment. Bref, un album qui a des bons points mais qui s’avère finalement anecdotique.

  • The Humongous Vastness of Mind
  • Somewhere Between Euphoria and Apathy
  • Best Memories, Heaviest Tears
  • Sleep is God (Illusions Pt. I)
  • The Weight of Yesterday (Illusions Pt. II)
  • August Burns to Dusk
  • The Last Reminiscence of Life

Note: 09/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.