mars 29, 2024

Eluveitie – Evocation II – Pantheon

Avis :

Parmi tous les sous-genres qui fondent petit à petit le monde du métal, on retrouve un genre un peu à part, qui se nomme le Folk Métal. Ce genre est assez particulier car il utilise généralement des instruments folkloriques que l’on n’entend pas habituellement, mais aussi parce qu’il brasse des thématiques proche de la nature ou en lien avec la mythologie dont est originaire le groupe. Et très rapidement, Eluveitie a fait figure d’incontournable dans le genre, malgré le fait que ce soit assez soft pour du métal. Composé d’un nombre impressionnant de musiciens, comme de plusieurs guitaristes, un batteur, une violoniste, une nana qui manie la roue à vielle, un homme qui joue de la cornemuse et j’en oublie certainement, Eluveitie a su marquer par ses sonorités qui lui sont propre et par un choix audacieux au niveau du chant, puisque tous les morceaux sont composés en helvète, à partir d’écrits antiques. Un défi de taille pour le groupe, qui reste très attaché à ses origines. Mais Eluveitie, ce n’est pas que du folk métal, c’est aussi du folk tout court et le groupe a surpris plus d’une personne en 2009 avec Evocation I – The Arcane Dominion, puisqu’il s’agissait d’un album acoustique, pourtant sur la mythologie, mais qui du coup, s’éloignait grandement du métal. Et c’est huit ans plus tard, après une scission au sein du groupe (trois membres sont partis créer Cellar Darling), qu’Eluveitie revient avec un nouvel album acoustique. Cela en valait-il la peine ?

Comme tout bon skeud qui se respecte aujourd’hui, on a droit à une introduction instrumentale qui reste intéressante, et qui va servir à lancer le premier vrai morceau, Epona. Premier titre choisi pour représenter l’album dans les charts et les réseaux sociaux, le morceau est une vraie bouffé d’air frais. S’inspirant de la déesse des chevaux, le groupe livre un titre prenant, dansant et d’une rythmique qui ne connait pas de failles. C’est assez puissant, mais aussi très doux, grâce à la voix enchanteresse de Chrigel Glanzmann, et il faut dire que malgré la barrière de la langue, on a rapidement envie de chanter le refrain. Le violon, qui mange un peu tout le monde, est magique et l’ensemble tient vraiment la route. On retrouvera d’ailleurs plusieurs morceaux assez plaisants dans cet album concept, et notamment Lvgvs qui, comme Epona, bénéficie d’un traitement de faveur avec une longueur dépassant les quatre minutes et surtout une structure marquée et une cornemuse qui offre un rythme juste parfait. C’est poétique, entrainant et encore une fois, malgré la langue, la chanteuse fait des merveilles. On peut aussi parler de Artio, un titre minimaliste, qui joue uniquement sur la beauté vocale de la chanteuse et qui est d’une douceur infinie, ou encore d’Ogmios, qui s’appuie sur un morceau breton très connu, Tri Martolod, déjà joué par Alan Stivell et repris moult fois. Ici, il n’y a pas grand-chose de nouveau, sauf que c’est beau et que ça fonctionne du tonnerre.

Le problème, c’est que tout n’est pas parfait dans cet album. Si l’ensemble est cohérent et fort un tout assez uniforme, venant d’un groupe comme Eluveitie, on était en droit d’attendre un peu plus de morceaux chantés ou plus marquants. En effet, l’un des plus gros défauts de ce skeud, c’est que malheureusement, sur dix-huit titres, il n’y aura que les morceaux précités qui resteront en tête, les autres étant soit des interludes musicaux d’un peu plus d’une minute, soit des titres instrumentaux qui auront tendant à tous se ressembler. Alors bien évidemment, certains sortent un peu du lot quand on les sépare de la masse, comme Taranis, Esvs ou encore Antvmnos et sa guitare sèche, mais cela reste assez délicat. La principale chance du groupe, outre sa technique irréprochable et son savoir-faire qui n’est plus à démontrer, c’est qu’ils sont les seuls sur le marché et qu’ils peuvent se permettre ce genre d’incartade sans être inquiété par la concurrence. Du coup, c’est bien fait, ça marche, même si parfois on frôle le concert d’une fête médiévale. Et ce n’est pas que je méprise les fêtes médiévales, bien au contraire, mais pour un groupe du calibre d’Eluveitie, ça reste très léger.

Au final, Evocation II – Pantheon, le dernier album en date d’Eluveitie, résonne comme un entracte entre deux albums plus construits et plus dans l’esprit Folk Métal. Ce disque acoustique en lien avec la mythologie celtique est relativement sympathique, mais il ne bouleversera pas les codes du genre, se reposant un petit peu sur des mélodies redondantes et que les rompus du genre auront déjà entendus plusieurs fois. Bref, un album concept qui cible un public précis, qui en raffolera, mais qui manque un peu trop de puissance pour pleinement convaincre.

  1. Dureoou
  2. Epona
  3. Svcellos II (Sequel)
  4. Nantosvelta
  5. Tovtatis
  6. Lvgvs
  7. Grannos
  8. Cernvnnos
  9. Catvrix
  10. Artio
  11. Aventia
  12. Ogmios
  13. Esvs
  14. Antvmnos
  15. Tarvos II (Sequel)
  16. Belenos
  17. Taranis
  18. Nemeton

Note : 14/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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