mars 28, 2024

L’Éveil d’Edoardo

Titre Original : Short Skin

De : Duccio Chiarini

Avec Matteo Creatini, Franscesca Agostini, Nicola Nocchi, Mariana Raschillà

Année : 2015

Pays : Italie

Genre : Comédie

Résumé :

C’est l’été sur la côte italienne. Pour Edoardo, 17 ans, le temps des premiers émois est venu. Mais maladroit et timide avec les filles, il découvre que le sexe est plus compliqué que ce qu’il pensait…

Avis :

Aimant le cinéma du monde, m’intéressant au cinéma de tous les horizons, aujourd’hui, je m’arrête sur le cinéma de Duccio Chiarini. Réalisateur italien d’une quarantaine d’années, originaire de Florence, Duccio Chiarini est un nom qui ne me disait absolument rien et pour cause, « Short Skin » est son premier film. Réalisant des courts-métrages depuis 2005 et sa sortie de la London School Film, Duccio Chiarini a pas mal tourné et s’est fait peu à peu remarquer. « Short Skin » fut présenté à Venise en 2014 et Berlin en 2015.

« Short Skin« , c’est le petit film qui avait tout sur le papier de la comédie genre teen movie rafraîchissante. En m’arrêtant dessus, je pensais trouver une sorte d’ »American Pie » à l’Italienne, mais finalement, le premier film de Duccio Chiarini est très loin de ça et alors qu’il est placé dans la catégorie comédie, le film se révèle être plus un drame. Un drame sur un adolescent qui se découvre, qui découvre son corps et ses premiers émois, et malheureusement, malgré de bons sujets évoqués, sujets qui sortent même de l’ordinaire, « Short Skin » n’arrive pas à nous convaincre. C’est même triste, on éprouve peu d’empathie pour son personnage principal et plus le film avance, plus l’ennui gagne du terrain.

Edoardo, dix-sept ans, est un adolescent comme tant d’autres. Il est timide et maladroit avec les filles et surtout, il est amoureux de sa voisine, la belle Daniela. Edoardo a bien du mal à imaginer le sexe, car s’il en a très envie, s’il rêve comme tout adolescent de son âge de découvrir la chose, Edoardo a un petit souci qui le travaille. Dès qu’il essaie de se branler, ou même dès qu’il est en érection, ça lui fait mal. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il peut avoir et surtout comment pourrait-il faire l’amour avec Daniela si le sexe est synonyme de douleur ?

« Short Skin » et son affiche joliment drôle avait donc bien des arguments sur le papier pour nous faire passer un chouette moment de cinéma, d’autant plus que le film est le premier de son réalisateur et j’aime particulièrement découvrir les premiers films, car c’est une nouvelle vision, c’est un œil neuf et bien souvent les premiers films sont les défis d’une vie, les jeunes réalisateurs y mettant beaucoup, comme si ce film pouvait être aussi le dernier.

Pour son premier film, Duccio Chiarini a décidé de s’attaquer à une période charnière de la vie de tous, l’adolescence et surtout la découverte des envies, du sexe, des corps. Il est vrai que le sujet a été filmé par un nombre incalculable de réalisateurs, et on pourrait se dire que tout a été fait, mais apparemment ce n’est pas vrai, et même si Duccio Chiarini nous entraîne dans un film ennuyant, « Short Skin » aura toutefois le mérite de s’arrêter sur un véritable problème et d’étudier l’impact de ce dernier sur un jeune homme. Le problème en question ? Un phimosis, c’est-à-dire l’impossibilité à retrousser la peau du prépuce sur le gland, ce qui entraîne des douleurs. La solution est une opération et une circoncision. Si l’on ajoute ce problème dans la tête d’un adolescent timide et gauche avec les filles, alors on obtient « Short Skin« . L’idée était donc intéressante, surtout que le sujet est peu connu et qu’à cette période de la vie, si le sexe et sa découverte riment avec douleur, ça peut faire des ravages.

Mais voilà, si le sujet est intéressant, c’est bien tout ce que l’on trouvera dans ce film, qui finalement n’arrive jamais vraiment à toucher, et encore moins nous amuser, car si Duccio Chiarini avait dans l’idée de faire une comédie au ton doux et amer, c’est raté. Triste, sans grande émotion, le film se traîne comme son personnage le fait à chacun instant. Le réalisateur n’arrive jamais à épaissir son récit, alors même qu’il essaie, injectant dans son film des problèmes familiaux, la recherche du jeune homme sur ce qu’il peut avoir et l’acceptation de ce qui pourrait le libérer. Le film aurait pu être attachant quand il s’arrête sur ça, ou ses relations avec les filles, ou même encore dans son intimité, quand une fois les portes closes, il se découvre, ou il essaie de se découvrir, d’ailleurs Duccio Chiarini met en scène de très belle manière ces moments-là. Un mélange d’images assez crues et en même temps très pudiques.

Si parfois le film peut avoir un soubresaut, un petit regain d’émotion, un pic d’intérêt plus vif que les autres, le film nous relâche toujours au final. C’est bien simple, plus l’intrigue avance et plus l’on se rend compte finalement que ce qui ne va pas avec « Short Skin« , c’est son acteur principal. Tenu par le jeune Matteo Creatini, le jeune homme n’arrive jamais à nous faire passer une émotion et c’est tristement qu’on se rend compte qu’il traîne son âme pendant tout le film. On n’arrive pas à être touché par son sentiment d’être perdu, il ne se passe rien en nous, car il ne se passe rien chez lui. Qu’il arrive à se branler ou non, qu’il arrive à flirter, ou plus, qu’il soit amoureux ou déçu, rien ne se lit en lui, il reste stoïque face à sa vie, face aux évènements qui lui arrive, ce qui fait que le film finit par désintéresser et surtout il tire en longueur, fait étrange pour un film très court, à peine une heure et quart.

On ressort donc déçu de « Short Skin« . Certes, il y a bien de jolis moments et visuellement parlant, le film laisse clairement apparaître un réalisateur qui a un œil. Un réalisateur qui arrive à capturer des moments. Reste que malheureusement, le scénario qu’il tient entre ses mains, même si en son cœur il tient une très belle idée, Duccio Chiarini n’arrive jamais à bien la développer et au-delà de ça, il a choisi un acteur qui ne nous communique pas grand-chose. Dommage, mais l’on reste curieux de voir ce qu’un autre film de Duccio Chiarini peut donner.

Note : 08/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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