
Auteur : James Rollin
Editeur : Pocket
Genre : Thriller, Aventure, Fantastique
Résumé :
Le monde a les yeux rivés au ciel. À 16 h 44, heure du Pacifique, la lune couvrira le soleil. Mais au moment précis de l’éclipse, un gigantesque séisme volcanique dévaste toute la région de San Francisco aux île Aléoutiennes… Et tandis que, partout sur le globe, les catastrophes naturelles s’enchaînent, l’avion présidentiel, Air Force One, pris dans la tourmente, s’écrase en mer.
Dépêché sur place avec son sous-marin, l’ex-officier Jack Kirkland est chargé de le rechercher.
Mais c’est une tout autre découverte que Jack s’apprête à faire, au fond des abysses. Une découverte qui pourrait bien sauver la Terre de l’Apocalypse…
Avis :
En France, la notoriété de James Rollins s’est accrue avec les missions de la Sigma Force. Spécialiste des récits d’aventures et des techno-thrillers, il s’est imposé au fil des années par sa constance en matière de sorties et de qualités littéraires. À certains égards, il se montre aussi le digne successeur de Clive Cussler. Comme c’est souvent le cas dans le monde de l’édition, certains de ses ouvrages ont tardé à paraître dans l’hexagone. Parmi ceux-ci figure La Civilisation des abysses, un livre qui entremêle catastrophes planétaires, civilisation antédiluvienne et complot à grande échelle dans un cadre contemporain. Une formule éprouvée et néanmoins efficace pour fournir une histoire relevée et distrayante.
D’emblée, l’entame avance un cataclysme majeur, à même d’ébranler les fondements de la société. Pour autant, cela tient plus des retombées économiques que des dégâts matériels ou des pertes humaines. L’intrigue progresse sur fond de tensions géopolitiques entre les grandes puissances. Pour preuve, le crash d’Air Force One et la découverte de ruines archéologiques sous-marines attisent les velléités du complexe militaro-industriel et d’autres intervenants de la scène internationale. Cet aspect demeure assez bien géré, car il propose une montée graduelle du suspense, propre aux enjeux dépeints par le prisme des différents protagonistes.
En deux zones distinctes, la découverte des reliquats d’une ancienne civilisation relève plus du concours de circonstances que de recherches avancées de la part des instances compétentes. Avec ces cités englouties, il est aisé d’y entrevoir l’influence de l’Atlantide, sans pour autant que le continent perdu soit évoqué de manière explicite. On peut toutefois s’attarder sur des éléments technologiques qui interpellent sur le niveau de maîtrise des bâtisseurs. Au demeurant, la base historique ou littéraire reste peu étayée au fil des pages. L’approche se contente de quelques amalgames d’héritages ancestraux piochés çà et là dans diverses civilisations, aux quatre coins du globe.
La documentation se focalise surtout sur les aspects techniques et scientifiques de l’aventure, moins sur une potentielle source historique ou mythologique. De ce côté, les nombreux thèmes ou domaines d’expertise avancés demeurent maîtrisés. On peut notamment s’attarder sur la biologie sous-marine, la géologie, l’océanologie ou la dynamique des engins submersibles. Du reste, le prétexte initial est facile et manque de fonds pour crédibiliser cette découverte sans précédent. Il faut alors se contenter d’une confrontation tendue et manichéenne au possible. En soi, ce n’est pas déplaisant et cela reste même efficace en matière de divertissement, mais l’histoire n’est pas autant développée qu’escomptée.
On peut aussi émettre des réserves sur la caractérisation des personnages. Ici, la force de détails ne suffit pas à dissimuler les errances propres à des portraits vaguement dégrossis. Entre le héros tourmenté, ses fidèles compagnons (et employés), une vieille connaissance militaire bienveillante et une autre bien plus hostile, on ne distingue pas de réelles nuances ni de profondeur dans leurs agissements, leurs motivations. L’intrigue reste dans les eaux calmes de la surface, plutôt que de s’essayer à quelques plongées risquées. La seule occurrence qui sort de l’ordinaire tient à ce dénouement où l’on se perd dans des considérations de voyage temporel absurde, sinon rocambolesque pour aboutir à un happy-end de circonstances, mais poussif.
Au final, La Civilisation des abysses se révèle une incursion en demi-teinte dans l’œuvre de James Rollins. Entre l’aventure et le techno-thriller, son second roman dispose d’une idée enthousiasmante, mais exploitée avec un ordre de priorités sujet à caution. Même si l’on demeure dans le registre de la fiction, il est à déplorer que le récit n’apporte pas davantage d’éléments concrets sur une telle découverte archéologique. Vraisemblablement, il s’agit d’un choix (peu judicieux), puisque les autres domaines avancés sont représentés avec force et détails. On émet aussi des réserves sur la galerie des personnages ; sympathiques, mais standardisés. Cela sans oublier une conclusion guère convaincante, sinon risible, par ses retournements temporels improbables. Distrayant, mais peu crédible.
Note : 13/20
Par Dante
