novembre 2, 2025

Leatherface – Massacre du Septième Art

De : Alexandre Bustillo et Julien Maury

Avec Stephen Dorff, Lili Taylor, Sam Strike, Vanessa Grasse

Année : 2017

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Découvrez les origines du tueur de « Massacre à la tronçonneuse », Leatherface. Soupçonné d’avoir assassiné la fille du shérif Hartman, le cadet de la terrifiante famille Sawyer est enlevé à sa famille et placé en hôpital psychiatrique. Des années plus tard, l’enfant devenu adulte profite d’une mutinerie pour s’échapper de l’asile avec trois autres psychopathes qui prennent en otage une jolie infirmière. La petite bande s’engage alors dans une balade sauvage, semant la terreur et la mort partout où ils passent. Le Shérif Hartman, assoiffé de vengeance, se lance à leur poursuite. De cette chasse à l’homme sanglante émergera le tueur à la tronçonneuse et au masque de cuir.

Avis :

Quand on est un réalisateur français, et que l’on est amoureux du cinéma de genre, il arrive fatalement un moment où les producteurs vont mettre des bâtons dans les roues. L’horreur a beau être le genre le plus produit dans le monde, en France, il est très compliqué d’en faire, ou alors il faut se contenter de petits budgets. Forcément, les cadors du genre, comme Alexandre Aja, Pascal Laugier et bien d’autres, sont presque obligés de partir outre Atlantique pour trouver des financements et faire les films qu’ils ont envie. La philosophie du duo Alexandre Bustillo et Julien Maury était différente. Ils ont toujours voulu rester en France, et faire des films d’horreur en France. Mais ils ont succombé aux sirènes du pays de l’oncle Sam une fois, quand on leur a proposé de faire un préquelle à Massacre à la Tronçonneuse, en racontant la jeunesse du célèbre tueur.

Cela va donner Leatherface, et ça restera un souvenir très douloureux pour les deux français, qui rentreront vite au bercail après un tournage pénible. La façon de travailler d’un pays à l’autre est très différente, et surtout, les deux cinéastes ont dû se plier aux exigences des producteurs, même si ces derniers n’avaient pas forcément les meilleures idées du monde. N’ayant pas, non plus, la main sur le montage, les deux français refuseront alors de faire un remake de Hellraiser, et renieront presque ce qui apparait comme leur plus mauvais film. Leatherface est un film d’horreur qui a des années de retard, qui n’a pas l’écho sociétal de l’original, et qui se contente de montrer du crade pour du crade, sans jamais offrir un fond intéressant. Un film loin d’être sulfureux ou original, comme ont pu nous offrir les deux compères par le passé.

« On a cette foutue sensation de retomber dans les années 2000 »

Le début annonce la couleur. On est plongé au sein de cette famille de zinzins, avec l’anniversaire du plus jeune de la famille, qui se voit offrir une tronçonneuse, et un type à buter. Cette introduction est là pour nous montrer un jeune garçon inoffensif, né dans la mauvaise famille, et qui n’arrive pas à être aussi sadique que cette mère tyrannique. Après une paire d’effets gores, le film nos plonge plus profondément au cœur de cette famille, avec un meurtre gratuit, celui de la fille du shérif, qui décide alors de faire enfermer tous les mineurs dans un asile psychiatrique. Le film se déroule alors dix ans plus tard, où l’on va suivre une jeune infirmière un peu utopiste. Là, on rentre dans tous les clichés du genre, avec les malades mentaux dangereux, les gentils, et le directeur de l’asile qui s’amuse à torturer les plus récalcitrants.

On a cette foutue sensation de retomber dans les années 2000, avec un film qui essaye d’être crade, mais qui n’arrive jamais à saisir le fond de l’horreur, se devant d’utiliser cela comme catalyseur d’une société qui part à vau-l’eau. Bien entendu, on ne va pas rester longtemps dans cet asile, puisque la mère des petits, maintenant devenus grands, décide de foutre le bordel dans l’asile, créant une mutinerie, où quatre tarés vont kidnapper l’infirmière innocente pour faire une cavale à la Tueurs Nés. Là encore, tous les poncifs sont de sortie, avec le gros balourd naïf à la force monumentale, le taré ultra dangereux avec sa meuf complètement frappée, puis le gentil bipolaire dont on sait pertinemment son futur. Bref, rien de bien neuf, et cette fuite sera ponctuée de passages gores et violents, parce qu’on est sur du Massacre à la Tronçonneuse, et il faut donner du sale.

« les personnages sont tous antipathiques au possible »

Mais malheureusement, faire du sale pour du sale, ça n’apporte jamais rien de bien. Ici, les personnages sont tous antipathiques au possible, même les plus gentils. L’infirmière est neuneu et ne sert strictement à rien, tout comme ce pauvre bipolaire qui dévoile sa véritable nature dans les situations de stress. Les deux plus grands tarés sont des caricatures sur pattes, et on va les détester pour leur gratuité et le surjeu perpétuel des deux comédiens qui ne savent pas quoi faire. Bien évidemment, le shérif est un connard de base animé par la vengeance, et la mère de Leatherface sera le cliché de la maman tyrannique et ultra protectrice, qui permet à ses fils de buter, mais pour on ne sait quelle raison. Tout le côté intéressant du film de Tobe Hooper, avec sa critique de l’industrialisation et de laissés-pour-compte ne transparait pas ici.

Alors oui, le film a tout de même quelques bons points, on peut lui laisser quelques petits trucs. La réalisation possède parfois des fulgurances. Les deux réalisateurs ne sont pas des manches, et ils jouent bien avec les lumières et les contrastes. On retrouve aussi les teintes chaudes de la franchise, faisant écho à la chaleur brûlante du Texas. De plus, les effets gores sont plutôt bien fichus, ce qui n’est guère étonnant venant des réalisateurs du sulfureux A l’Intérieur. C’est peu de choses, mais quand on atteint un tel degré de fainéantise dans le script, et un tel charcutage dans le montage, on s’accroche à ce que l’on peut.

Au final, Leatherface est un mauvais film qui ne possède guère de points positifs. Souvenir douloureux pour les deux réalisateurs, cette origin story peine à convaincre tant elle apparaît comme en retard de plusieurs dizaines d’années. Le film ne fait jamais peur, il ne raconte rien, et se permet même des libertés avec le matériau d’origine qui font peine à voir. Bref, un film d’horreur qui enfonce la franchise dans le bidochard, sans âme, et sans saveur.

Note : 06/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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