Titre Original : An American Werewolf in London
De: John Landis
Avec David Naughton, Griffin Dunne, Jenny Agutter, John Woodvine
Année: 1981
Pays: Etats-Unis, Angleterre
Genre: Horreur
Résumé:
Deux jeunes Américains en vacances s’égarent dans une région déserte de l’Angleterre. Ils sont attaqués par une bête étrange. Peu après, l’un d’entre eux s’éveille dans un hôpital…
Avis:
Le cinéma n’a pas d’âge. C’est bien simple, quand un film est bon, il peut traverser les ères sans jamais vieillir. C’est exactement la même chose pour les idées, puisque l’on se rend compte que certains rêves de gosses peuvent devenir réalité quelques temps plus tard. Un peu comme Avatar de James Cameron, qui n’a jamais caché avoir écrit le scénario lorsqu’il était enfant. C’est un peu la même chose avec Le Loup-Garou de Londres de John Landis. Lors d’une interview, le cinéaste avoue avoir écrit l’histoire en 1969, soit douze ans avant sa réalisation. S’inspirant grandement des vieux films de monstre de chez Universal, le réalisateur a l’idée de faire ce film lors d’un voyage en Yougoslavie où il a rencontré des gitans effectuant un enterrement exactement comme dans le film de George Waggner. Voulant se réapproprier cette imagerie, il écrit donc ce qui deviendra Le Loup-Garou de Londres et certainement l’un des meilleurs films de Loup-Garou de tous les temps.
L’histoire commence avec deux copains, David et Jack, qui vont un voyage en Angleterre. Perdus dans la lande anglaise, les deux hommes vont alors se faire attaquer par un loup-garou. Et si Jack meurt, David est juste blessé et entame un long processus de transformation. Récit assez basique au départ, Le Loup-Garou de Londres va prendre une toute autre dimension avec un juste équilibre entre humour et horreur. Non pas que John Landis livre une comédie horrifique, au contraire, on fait face à une véritable tragédie dans laquelle l’épouvante a toute sa place, mais il y a quelques fulgurances drôles qui vont renforcer le côté brutal de la transformation. Bercé dans une atmosphère assez lugubre au départ, avec ce qu’il faut de brume et d’ésotérisme avec seulement un pentacle et deux bougies, John Landis livre un film plutôt lumineux et urbain, dans un Londres pourtant froid et pas si agréable que ça. Et c’est principalement sur ces différences que le film tire une grande force.
En effet, le film joue toujours sur des forces opposées qui finalement s’entrelacent pour former un tout prenant et intelligent. Explorant le domaine du fantastique avec des morts-vivants qui n’arrivent pas à rejoindre l’au-delà, le film se veut sensuel et froid, clinique et pourtant coloré, fantasmé lors des scènes de rêve et très réaliste lorsque le loup parcourt ce Londres où badauds et crétins se donnent rendez-vous là où c’est dangereux pour prendre des clichés. Cette dichotomie qui parsème le film est à l’image même de son monstre, à savoir un homme habité par une créature, qui perd tous ses moyens lorsque la pleine lune pointe le bout de son nez. La résultante donne un film important dans le domaine du fantastique et de l’horreur, notamment par son ambiance, mais aussi et surtout par la force de ses personnages.
Il faut dire que le travail d’écriture est très important. Si les présentations sont sommaires, on s’attachera vite à se deux bourlingueurs car ils sont bienveillants et assez drôles. D’autant plus que même si leur calvaire arrive vite, ils seront toujours présents pour montrer leur trait de caractère. Ainsi donc, Griffin Dunne sera le mort-vivant de service qui donnera des conseils à son ami pour enfin trouver la paix de l’âme. Relativement caustique mais sage, l’acteur s’en donne à cœur joie. David Naughton, quant à lui, est très touchant dans la peau de cet homme maudit, qui va petit à petit avoir des comportements animaliers. Encore une fois, c’est ce qu’il manque cruellement aux films d’horreur d’aujourd’hui, qui s’évertuent à faire des scare jump au mépris des personnages et de leur psychologie. Dans le Loup-Garou de Londres, même les personnages secondaires ont leur importance, à l’image de l’infirmière qui sera la seule personne à faire confiance à David, ou encore le médecin qui mène une enquête pour prouver que l’homme a bien une maladie. Maladie qui mettra même le doute chez le spectateur, se posant la question si c’est bien un loup-garou ou un homme qui se persuade d’en être un. Et encore une fois, c’est là que l’on saisit toute l’intelligence de John Landis qui arrive à semer le trouble chez le spectateur.
Enfin, il y a quelque chose de marquant dans ce film, c’est clairement les effets spéciaux. C’est le film qui a marqué un tournant dans l’évolution des SFX grâce au travail phénoménal de Rick Baker. La scène de la transformation de David est d’une puissance incroyable, d’autant plus qu’elle arrive de façon brutale, rompant avec une musique calme et enjouée. Que ce soit dans les maquillages de morts-vivants, absolument sublimes, ou encore dans les moments de transformation en animatronic, tout est absolument incroyable. Et surtout, l’ensemble tient encore la route aujourd’hui. On ressent toute la souffrance de David lorsqu’il devient un loup-garou pour la première fois et cela renforce la tragédie qui l’habite, tout comme la détresse de sa compagne, qui fait tout son possible pour le sauver, sans jamais y arriver.
Au final, Le Loup-Garou de Londres est un film culte et qui n’a pas pris une ride malgré ses 36 ans d’existence. Trouvant un juste équilibre entre l’humour, souvent noir, et l’horreur, le film met en avant une formidable avancée technique dans les effets spéciaux et propose des personnages attachants pour lesquels on ressent clairement quelque chose. Il en résulte l’un des meilleurs films de loup-garou jamais fait et un film important pour l’industrie du fantastique et de l’horreur.
Note: 18/20
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Par AqME