avril 20, 2024

Equals

De : Drake Doremus

Avec Nicholas Hoult, Kristen Stewart, Guy Pearce, Jacki Weaver

Année : 2015

Pays : Etats-Unis

Genre : Science-Fiction, Drame

Résumé :

Dans un monde où les sentiments sont considérés comme une maladie à éradiquer, Nia et Silas tombent éperdument amoureux. Pour survivre, ils devront cacher leur amour et résister ensemble.

Avis :

Drake Doremus est un réalisateur assez peu connu du grand public, et pour cause, aucun de ses films n’est sorti au cinéma chez nous. Attaché à raconter des histoires d’amour contrariées, le cinéaste fait ses armes dans la comédie à la fin des années 2000, puis il va s’attaquer aux relations de couple complexes, notamment lorsqu’il y a une longue distance entre les deux amoureux. Tous ses films sont donc sortis directement sur des plateformes de streaming, ou sur le marché du e-cinema, comme le film qui nous préoccupe aujourd’hui, Equals. Doté d’un casting de choix (Nicholas Hoult, Kristen Stewart et Guy Pearce entre autres), ce film de science-fiction reste dans la veine de ce que propose le réalisateur depuis ses débuts, l’amour mis à mal par une société autoritaire, ou par des blocages divers et variés. Plutôt bien reçu à sa sortie, on reste plutôt circonspect de notre côté.

Le film débute de façon assez simple, où l’on va suivre un jeune homme qui fait des dessins scientifiques pour une grande société. Les gens se comportent comme des robots, puisque la société futuriste imaginée par Drake Doremus interdit les sentiments, les voyant comme une faiblesse et forcément une baisse de productivité. Les bébés sont donc faits in vitro, et surtout, l’amour est vécu comme une maladie qu’il faut éradiquer. De ce fait, les gens qui ont des sentiments sont enfermés dans des camps où ils subissent divers tests pour se soigner. C’est dans ce contexte que Silas va éprouver des sentiments amoureux pour Nia, qui va lui avouer ressentir des choses depuis un an, et qu’elle cache cela. Bref, tout concorde pour créer de la tension dans le couple, mais aussi pour essayer de s’enfuir de ce microcosme étouffant et radical.

« Le film va surtout accumuler certaines tares qui seront impardonnables. »

Equals joue donc à fond la carte du mélodrame dans un contexte de science-fiction. Le but ici, est de tout d’abord décrire ce monde froid et sans vie. Les gens se croisent, font la même chose au même moment, et rien ne doit perturber ce quotidien stakhanoviste. La première secousse va provenir d’un suicide, avec un homme qui saute d’un toit. C’est à partir de là que l’on apprend que les gens qui éprouvent des sentiments ont tendance à mettre fin à leur jour plutôt que de devenir des rats de laboratoire. Dans le film, il y a une vraie recherche dans la mise en scène pour rendre cet univers froid et impersonnel. La photographie use des couleurs blanches et bleues afin de donner un sentiment sans vie à l’ensemble, et globalement, c’est plutôt réussi. Drake Doremus soigne aussi sa mise en scène pour peindre un univers dépressif à souhait.

D’ailleurs, l’aspect post-moderne des bâtiments, avec ces blocs de béton gris, ces grandes tablettes tactiles géantes pour travailler, ces tourniquets où il faut scanner son poignet pour pouvoir passer, confirme une volonté de dépeindre une société glaciale qui ne laisse aucune place aux sentiments. Ce n’est pas vraiment sur la mise en scène que l’on peut attaquer Equals. Car même les moments intimistes, qui seront bien évidemment mis en avant lors des relations sensuelles entre Silas et Nia, sont plutôt sobres et beaux. Les deux acteurs sont investis par leurs rôles respectifs, et on sent tout de même une certaine pudeur dans leur découverte. Franchement, pour un film de cet acabit, il y a de la douceur qui s’en dégage, ce qui contrebalance l’aspect froid de l’ensemble. Mais malheureusement, le film va surtout accumuler certaines tares qui seront impardonnables, notamment le manque d’empathie.

« On va ressentir un profond ennui. »

C’est quand même assez dingue de se dire qu’un film qui veut parler de sentiment amoureux et de leur nécessité passe totalement à côté de son sujet en ne rendant pas son couple attachant. Dès le départ, Silas, joué par Nicholas Hoult, ne possède pas forcément un caractère fort. On le sent hésitant, un peu maladroit et en proie à une phobie, celui de ressentir des sentiments. Cela ne suffit pas à le rendre attachant, et au bout d’un moment, on va ressentir un profond ennui à le suivre. Il en va de même avec Nia, campée par Kristen Stewart, qui tire la tronche tout le temps et n’arrive pas à faire passer ses émotions. Du coup, on n’arrive pas à se passionner pour ce couple qui se cherche, se trouve, et va malheureusement se défaire.

On se fiche de ce qui leur arrive, tout comme on se moque des gens qu’ils rencontrent, à l’instar de cette petite poche de résistance qui arrive à masquer ses sentiments et se fondre dans la masse. Le film reste constamment sur cette sensation de ne jamais vraiment vouloir se livrer. Il y a un aspect puritain, réservé, qui gâche un peu l’ensemble. De même, à trop rester dans son délire science-fiction un peu hardcore à tendance film d’auteur, on aura droit à un BO omniprésente qui est très agaçante. Il y a toujours un son en fond qui rend l’ensemble très angoissant et renforce un sentiment d’insécurité et d’ennui. C’est dommage car le film a des qualités pour lui, mais il n’arrive jamais à donner vie à ses personnages, ni même à ses sujets, qui ne sont finalement que survolés.

Au final, Equals est un film qui aurait pu être un grand long-métrage bouleversant s’il avait mieux traité son sujet. On aurait pu avoir des moments très touchants et une réflexion sur nos sentiments et nos imperfections qui amènent finalement notre statut d’être vivant. Drake Doremus ne fait rien de cela et préfère jouer la carte de la Hard SF dans un contexte anxiogène qui ne prend jamais, et qui ennuie plus qu’autre chose, la faute à une vision très « auteur » qui manque de vie et de prise de risque.

Note : 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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