
Titre Original : Taepung
De : Kwak Kyung-Taek
Avec Jang Dong-Gun, Jung-Jae Lee, Lee Mi-Yeon, David McInnis
Année : 2005
Pays : Corée du Sud
Genre : Drame, Thriller, Action
Résumé :
Un navire de guerre américain transportant des armes nucléaires est attaqué par des pirates nord-coréens, dont le chef voue, depuis 20 ans, une haine contre la Corée du Sud. Les pirates s’emparent des armes nucléaires et menacent de les faire exploser au-dessus de la Corée du Sud. Le gouvernement coréen décide alors d’envoyer un de ses meilleurs agents pour combattre les terroristes. Une traque sans merci commence…
Avis :
Pour les films d’espionnage et d’action, le combat contre le terrorisme constitue un thème porteur. Ce dernier permet de concilier des intrigues tendues avec un rythme nerveux. Il s’agit également d’une belle occasion de se pencher sur le travail des services secrets, d’appréhender leurs missions avec plus ou moins de réalisme. Au cours des années 2000, le cinéma coréen commence à gagner en notoriété sur le plan international. Le pays du matin calme se distingue, entre autres, par la qualité de ses thrillers et polars, en particulier en matière d’écriture et de mise en scène. À l’époque, la distribution de telles productions reste toutefois marginale dans l’hexagone, exception faite des métrages de Park Chan-wook. Aussi, Typhoon constitue une proposition intéressante à découvrir.

Au regard de la teneur de l’intrigue, on devine une confrontation manichéenne évidente. La prise d’un navire et le massacre de son équipage donnent le ton quant à la motivation des antagonistes. Bien qu’on ne saisisse pas encore leurs revendications, le propos est radical et soutenu. En cela, il est représentatif du métrage dans son ensemble. L’idée initiale ne présente pas une grande originalité, mais elle s’assume dans la manière d’afficher ses intentions. À savoir, fournir un récit fondé sur le dualisme des forces en présence. Au regard du background des personnages, on pourrait même parler de déterminisme sur leurs choix, leur parcours de vie respectif.
« L’histoire avance donc des ambitions binaires »
L’histoire avance donc des ambitions binaires qui, au fil de l’intrigue, progressent vers une forme de complaisance sur les actes terroristes. Il ne s’agit pas de les justifier, mais d’en atténuer la portée par un antagoniste relégué au statut de victime, dès son plus jeune âge. On songe à la relation avec sa sœur ou à son enfance minée par le contexte politique et la répression envers les opposants au régime. Sur cet aspect, la confrontation entre les deux Corées revient fréquemment à la charge. À l’appui, on évoque les faits par le prisme de flashbacks censés amener de nouveaux éléments de compréhension quant aux agissements du principal intéressé. Le traitement présente donc des maladresses évidentes pour gérer les points de vue.
Cela vaut aussi pour la dimension émotionnelle des séquences dramatiques où il est difficile de ne pas se départir d’un pathos plein d’emphase. Bien que l’on saisisse la démarche, l’idée ne fonctionne pas ou si peu, au point de susciter une indifférence polie. À cela s’ajoute une complexification inutile et bancale quant aux enjeux et, surtout, aux différentes parties en cause. Au-delà de l’opposition coréenne évoquée en amont, on nous dessert la présence de pirates thaïlandais et de mafieux russes preneurs d’otage. On distingue aussi une bonne dose d’ingérence de la part des États-Unis et de la Chine, sans oublier les velléités du Japon et la possibilité de fournir le « matériel » à des groupuscules pakistanais peu scrupuleux. On a donc droit à un melting-pot international des plus indigeste.
« Typhoon est un film qui laisse une impression mitigée. »
En ce qui concerne l’action, elle fait preuve de constance tout au long du métrage. Les fusillades interviennent à intervalles périodiques avec une grande précision. Le constat est tel qu’on a l’impression que les ficelles scénaristiques sont triturées à dessein pour aboutir auxdites confrontations à des moments précis. On regrette aussi une lisibilité capricieuse où le cadrage approximatif altère le sentiment d’immersion. Lors des combats au corps-à-corps, il n’est pas rare d’éprouver des difficultés à distinguer qui porte le coup et qui en est la victime. Preuve en est avec la séquence du dénouement sur le navire.

Au final, Typhoon est un film qui laisse une impression mitigée. Coincé entre le thriller, l’espionnage et l’action, le métrage de Kwak Kyung-taek se contente de fournir un résultat sommaire dans tout ce qu’il entreprend. L’ensemble n’est pas mauvais, mais manque d’impact pour retenir l’attention. Cela vaut aussi bien pour le récit que pour la caractérisation. On regrette une orientation peu judicieuse dans le ton général, ainsi que des complications dispensables dans le contexte. De même, la connotation émotionnelle n’est pas pour déplaire, mais elle ne remplit guère son office, sauf pour atténuer le manichéisme ambiant. Il en ressort une production indécise, voire équivoque dans sa volonté de traiter son sujet et ses personnages. Correct, mais guère mémorable.
Note : 12/20
Par Dante