
Titre Original : Il Tempo che si Vuole
De : Francesca Comencini
Avec Fabrizio Gifuni, Romana Maggiora Vergano, Anna Mangiocavallo, Monterosi Daniele
Année : 2025
Pays : Italie, France
Genre : Drame
Résumé :
Un père et sa fille habitent les mondes de l’enfance. Il lui parle avec respect et sérieux, comme à une grande personne, il l’entraine dans des univers magiques débordants de vie et d’humanité. Il est le grand cinéaste de l’enfance et travaille sur Pinocchio. Un jour, la petite fille devient une jeune femme et l’enchantement disparait. Elle comprend que la rupture avec l’enfance est inéluctable et a le sentiment qu’elle ne sera plus jamais à la hauteur de son père. Alors elle commence à lui mentir et se laisse aller, jusqu’au bord du gouffre. Le père ne fera pas semblant de ne pas voir. Il sera là pour elle, tout le temps qu’il faut.
Avis :
Fille de l’immense Luigi Comencini, Francesca Comencini débute sa carrière en tant que réalisatrice en 1984, peu après avoir emménagée à Paris. Très vite, elle rencontre le succès, son premier film remporte le Prix Vittorio De Sica. Par la suite, elle réalise beaucoup, et essaie toujours quelque chose de différent. Son dernier film est né de la pandémie du Covid, où seule face à elle-même, avec l’idée que les plateaux de cinéma étaient fermés, elle s’est mise à écrire des souvenirs, notamment avec son père. Puis au bout d’un moment, tous ses souvenirs, mis bout à bout, ça commençait à faire quelque chose. Elle a alors envoyé ses récits à celui qu’elle considère comme un Maître, Marco Bellocchio, et elle lui a demandé de répondre à cette question : Ces écrits, est-ce que c’est un roman ou un film ? Sa réponse : Un film définitivement.
Onzième film pour Francesca Comencini et c’est sûrement l’un de ses plus personnels, puisque cette fois-ci, elle a décidé de s’intéresser à sa relation avec son père. « Prima la vita » est donc un film qui se pose aussi bien comme un drame tendre et humain, qui décrit très joliment une relation fille/père, qu’un film qui s’aventure autre part, étant par la même une belle déclaration d’amour et un hommage au père et réalisateur Luigi Comencini, tout comme le film est aussi une déclaration d’amour au cinéma. Et si, à un moment donné, « Prima la vita » tient un petit ventre mou et n’évite pas certains clichés, il n’en reste pas moins un joli moment de cinéma.
« Francesca Comencini nous entraîne dans un joli bout de cinéma. »
Italie, fin des années 60, début des années 70, Luigi Comencini et sa fille Francesca sont en parfaite osmose. Il travaille sur une adaptation de « Pinocchio« , et il entraîne sa fille dans un monde merveilleux. Puis, quelques années plus tard, la petite fille est devenue une femme et les rapports ne sont plus vraiment les mêmes, bien qu’ils continuent à déborder d’amour.
J’aime aller au cinéma lorsque je ne sais absolument rien de ce que je vais voir, et bien souvent, c’est dans ces cas-là que les meilleures surprises arrivent. « Prima la vita » est un film que je suis allé voir en ne sachant pas une ligne de ce qu’il allait me raconter. C’est bien simple, je me suis arrêté dessus, car c’est un film italien, et qu’en ce moment, les films italiens ont tendance à se faire rare. Alors même si ce « Prima la vita » ne sera pas forcément le film qui me restera à la fin de cette année, je dois dire que je suis ravi de m’y être arrêté, car Francesca Comencini nous entraîne dans un joli bout de cinéma. Un cinéma beau, touchant, et même surprenant, avec un film aussi rêvé qu’inattendu.
Comme je le disais, « Prima la vita » est l’un des films les plus personnels de sa réalisatrice, puisqu’elle y raconte une partie de son enfance, et une partie de sa vie de jeune adulte. Mais ce qui est chouette avec ce film, c’est alors même que la cinéaste y raconte ses souvenirs, elle a tendance à les romancer, et nous les fait découvrir en partie à travers les yeux bienveillants de son père. Oui, car il y a une autre partie, ou plutôt un autre axe, où c’est au travers des yeux de la petite fille qu’on découvre son père, sa façon de travailler et de voir le monde. Ici, il y a beaucoup d’amour et de respect qui transpirent au travers des images et des scènes. Ici, c’est comme si le monde ne rimait qu’avec deux personnes en parfaite osmose, même lorsque cela ne va pas.
« le film a tendance à traîner de la trame. »
Par exemple, Francesca vient d’une famille nombreuse, puisqu’elle a trois sœurs, et jamais ces dernières ne sont évoquées, ou n’apparaissent à l’écran. Non, ce film, c’est comme s’il n’y avait que Francesca et son père, et cette vision se fait de plus en plus touchante au travers des deux époques que l’intrigue explore.
Après, comme je le disais aussi, à un moment donné, au tout début des années 80, le film a tendance à traîner de la trame. On voit bien ce que la réalisatrice nous raconte, avec le détachement du père, l’engouement pour l’époque et la jeunesse, les tests, les envies, et bien sûr quelques clichés qui, s’ils font partie de la vie de la jeune femme, en termes de récit, ça sonne comme quelque chose que l’on connaît déjà, un peu comme un événement obligatoire et si la relation entre père et fille reste très belle, ces clichés arrivent au moment où le film traîne un peu en longueur.
« un film qui doit aussi énormément à ses acteurs «
Si le film est très bien filmé, s’il déborde d’idées de mise en scène, et s’il se pose au travers de ce qu’il raconte comme la déclaration d’amour d’une fille à son père, et un très bel hommage au cinéma, et ce qu’il peut créer en émotion et en imaginaire, « Prima la vita » est un film qui doit aussi énormément à ses acteurs qui se partagent l’affiche. C’est bien simple, on ne voit qu’eux, il n’y a qu’eux, on ne retient qu’eux.
Pour incarner filles et père, la réalisatrice nous présente deux actrices magiques, la petite Anna Mangiocavallo qui incarne Francesca à huit ans et Romana Maggiora Vergano qui l’incarne en jeune adulte. Puis, pour incarner le père, Luigi Comencini, la cinéaste a fait appel à un acteur dont la carrière parle pour lui, le grand Fabrizio Gifuni, et autant dire que chacun des trois acteurs est au-delà du superbe, vibrant d’émotions, et surtout, de regards. Oui, c’est étrange comme phrase, mais Francesca Comencini a énormément travaillé sur les regards de ses personnages, sur la façon incroyable qu’ils ont de se regarder. Ça transpire d’amour et c’est tout simplement beau.

Ainsi, « Prima la vita » se pose comme un joli moment de cinéma. Le film a bien ses petits défauts, il a son ventre mou, et ses moments qui apportent des longueurs et son petit lot de clichés, mais devant ça, il y a tout cet amour qui transparaît et cette relation père/fille si bien racontée, que finalement, les émotions ressenties annuleront presque les défauts. Sa sortie en salle sera sûrement discrète, mais si jamais vous avez la chance d’avoir un cinéma qui le joue, osez vous y aventurer, car le moment partagé avec ces personnages est joli, très joli.
Note : 14/20
Par Cinéted