De : Michael Katleman
Avec Dominic Purcell, Orlando Jones, Brooke Langton, Jurgen Prochnow
Année : 2007
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Aux confins de la jungle africaine, un énorme crocodile mangeur d’hommes menace constamment la vie des tribus locales. En apprenant son existence, une équipe de reporters américains décide d’aller filmer cette terrifiante créature, et de la capturer vivante. Mais le producteur Tim Freeman, le caméraman Steven Johnson et leur équipe n’ont aucune idée de ce à quoi ils s’attaquent…
Au cœur d’un pays ravagé par la guerre civile, le saurien s’est habitué au goût de la chair humaine, et il est devenu à présent un tueur incroyablement rusé. Traqués à la fois par les hommes et par l’animal, bien déterminés à les avoir, Tim et son équipe s’engagent dans une aventure beaucoup plus dangereuse qu’ils ne le pensaient…
Avis :
Les animaux sauvages. Parmi la multitude de sous-genres que l’on peut trouver dans le cinéma d’horreur, le survival animalier a une place de choix. Serpents, araignées, félins, requins, toutes bestioles dangereuses pour l’homme donnent de drôles idées aux scénaristes. Ainsi donc, oscillant constamment entre navets insupportables, mockbusters dégueulasses et films intéressants dans ce qu’il raconte, le suvival animalier constitue un élément de choix pour faire peur aux spectateurs. Et des exemples, il y a en a des caisses, depuis les années 50 jusqu’à aujourd’hui. Au milieu de tout ce bazar, Primeval a eu du mal à se faire une place. Un croco géant, une guerre civile au Burundi, des journalistes qui partent à la chasse au méchant chef de guerre, un joli bordel organisé qui n’a pas eu les faveurs du public en 2007. Pour autant, le film ne mérite pas le déni dont il bénéficie.
Gros Croco
Burundi, le pays est en guerre depuis des années et les massacres se poursuivent dans une indifférence mondiale immonde. En même temps, un crocodile géant, qui répond au doux nom de Gustave, terrorise tout le monde par son appétit vorace. En manque de scoop et parce qu’il a merdé sur un show télévisé, un producteur va devoir partir dans le pays avec son cameraman pour capturer la bestiole et la ramener aux States. En arrivant sur place, entre conflits séculaires, grosse bestiole, vaudou, trahison et guerre civile, la mission ne va pas être de tout repos. De prime abord, Primeval semble être un simple film de crocodile géant. La seule chose qui change, c’est le contexte, un pays en guerre, avec un peuple qui fait confiance en ces shamans et ses rites anciens. Pour autant, le principal sujet reste Gustave.
On peut clairement diviser le film en deux pôles qui s’entremêlent. En premier lieu, on va se focaliser sur le crocodile géant qui fait des ravages et qui s’inspire d’une histoire vraie. Monstre gigantesque, il va se révéler malin et pernicieux, piégeant à chaque fois les journalistes et spécialistes qui le chassent. Le film joue alors sur plusieurs tableaux, s’amusant avec de l’horreur frontale, montrant le monstre en gros plan lors d’attaques violentes. Mais on aura aussi ces moments de flippe où l’on sait que le croco est présent, mais on ne le voit pas. Parce qu’ile st sous l’eau ou dans les hautes herbes. Ces effets de peur font monter le stress grâce à une balise GPS qu’il se trimballe sur le dos. Le film joue assez bien sur les différentes façons de présenter le monstre, tout en lui donnant une certaine épaisseur.
Petit croco
En effet, au lieu de se baser sur une simple bestiole qui a pris goût à l’humain parce que sa chair est tendre, Primeval va tenter d’apporter une approche politique de la chose. Si le crocodile aime tant l’humain, c’est à cause des génocides qui sévissent depuis des années dans le pays, laissant pourrir les cadavres dans la flotte, offrant dès lors un met de choix aux prédateurs. Et cette façon de faire est très maline car elle justifie les attaques du crocodile. Ainsi donc, c’est l’humain qui a créé le monstre, par des actes monstrueux. Primeval se veut donc plus profond que ce qu’il en a l’air. Et c’est bien dommage que le film se retrouve dans un oubli poli où chacun préfère se remémorer la faiblesse de la mise en scène, les effets spéciaux un peu datés ou encore la shaky cam dès qu’il faut placer de l’action.
Car en dehors des attaques de crocodile et son aspect horrifique assumé, Primeval se veut aussi très politique. Dès le départ, on place le producteur comme un défendeur des causes perdues. Un homme qui veut faire chuter les grands, à la manière d’un Eddie Brock dans Venom. Ici, tout est fait pour placer le film dans un contexte politique fort. On envoie des hommes blancs dans un pays d’Afrique Noire pour régler un problème de bestiole sans jamais se soucier des conflits internes, qui sont finalement le produit créatif du croco géant. Le film se focalise assez peu sur la guerre au Burundi, mais il en place des éléments essentiels tout au long de son récit. On aura droit à des fusillades qui ressemblent à des jeux de massacre anodins. On verra des mises à mort d’enfants et de femmes, sans que cela ne fasse sourciller l’opinion mondial.
Croco deale
Et finalement, Primeval est un film qui n’arrive pas à conjuguer ses deux sujets pourtant très intéressants. D’un côté, le crocodile prend trop de place mais il est une résultante du sujet sur la guerre civile. Et cette dernière n’arrive pas vraiment à convaincre, la faute à un survol du problème et à une volonté de montrer des bribes d’horreur sans jamais vraiment remettre en question cela. Si on peut voir l’inutilité des médias américains et la prise de conscience que ce conflit n’intéresse personne, on reste dans un vernis pour donner du fond et non pas pour dénoncer. C’est dommage car l’intention est vraiment louable et le réalisateur tente de petites choses, comme s’immiscer dans les rituels shamaniques et montrer les deux faces d’un pays qui ne se comprend plus. Et le twist final est plutôt ridicule malheureusement…
Au final, Primeval est un film qui demeure tout de même assez intéressant à voir. Déjà parce qu’il présente un Dominic Purcell assez sobre dans son jeu d’acteur, ce qui est rare, mais aussi parce qu’il tente d’apporter un fond politique à un film de crocodile, ce dernier n’étant que la résultante d’un conflit humain. Un conflit dont personne n’a cure dans le monde et dont le film tente de démontrer l’indifférence. Reste un final mal maîtrisé, un moment de grand sauveur blanc assez gênant, mais qui n’entache que très peu ce film au demeurant sympathique et qui tente des choses.
Note : 12/20
Par AqME
Une réflexion sur « Primeval »