septembre 26, 2025

Les Damnés – La Route du Vide

Titre Original : The Damned

De : Roberto Minervini

Avec René W. Solomon, Jeremiah Knupp, Cuyler Ballenger, Timothy Carlson

Année : 2025

Pays : Belgique, Canada, Italie, Etats-Unis

Genre : Historique, Guerre

Résumé :

Hiver 1862. Pendant la guerre de Sécession, l’armée des Etats-Unis envoie à l’Ouest une compagnie de volontaires pour effectuer une patrouille dans des régions inexplorées. Alors que leur mission change de cap, ils questionnent le sens de leur engagement.

Avis :

Italien, Roberto Minervini a énormément étudié avant de se lancer dans le cinéma. Diplômé de sciences économiques, ayant un doctorat en cinéma et un master en média, Roberto Minervini a tout d’abord donné des cours en Italie, à New York et aux Philippines. Puis au milieu des années 2000, il réalise des courts-métrages documentaires, puis des longs-métrages documentaires. En 2011, il tourne « The Passage« , son premier film de fiction. Depuis, il oscille entre le drame et le documentaire.

Pour son nouveau film, c’est dans les plaines désertiques de l’Ouest des États-Unis que le réalisateur a choisi de poser sa caméra, pour y filmer des soldats pendant la guerre de Sécession à l’hiver 1862. Si le film est très joliment filmé, et qu’il tient une belle ambiance, malheureusement, ce sera tout ce qu’il a pour lui, car pour le reste, Roberto Minervini filme une heure et demie de rien. Une heure et demie où des soldats s’ennuient dans des plaines et des forêts où rien ne se passe, et c’est tristement que leur ennui est communicatif.

« une heure et quart de soldats qui jouent aux cartes »

Hiver 1862, une compagnie est envoyée dans les plaines du grand ouest afin d’effectuer des patrouilles dans des régions qui sont inexplorées. Alors que leur mission s’éternise et qu’il ne s’y passe pas grand-chose, chaque soldat finit par s’interroger sur le sens de cet engagement et plus largement sur le sens de la guerre et de leur vie…

Décidément, cette sélection du festival de Deauville fait grise mine, offrant des moments plus ennuyants les uns que les autres. Mais avec ces « … damnés » de Roberto Minervini, je crois bien que l’on tient là un grand gagnant. Il va même être difficile d’écrire quelques lignes, tant le réalisateur filme le vide et offre une heure et demie de vide. Alors, pour ce qui est de ses bons côtés, « Les damnés » est superbement filmé, tenant une très belle ambiance, et au-delà de ça, lorsqu’une bataille éclate, le côté anti spectaculaire de cette dernière offre un petit quart de cinéma bluffant de réalisme. Mais voilà, derrière ça, il ne reste pas grand-chose à se mettre sous la dent.

« Les Damnés« , ce sera alors une heure et quart de soldats qui jouent aux cartes, qui regardent l’horizon, se demandent ce qu’ils peuvent bien faire dans ces paysages désertiques. « Les damnés« , c’est aussi une heure et quart de mecs qui nettoient leur fusil, en s’interrogeant sur le sens de la vie, de l’engagement, et au-dessus de ça, il y a Dieu évidemment. Dieu, celui qui scelle les destins, celui qui décide… Accessoirement, de temps à autre, ces « … damnés » chassent du bison, boivent pas mal de whisky, puis ils se battent, ou se lavent… Bref, ils s’ennuient, ils tuent l’ennui, et nous, on reste comme piégé, luttant contre le sommeil qui pourrait arriver.

« un film anti spectaculaire, intime et intimiste »

Car oui, rien ne va être facile avec « Les damnés« , car Roberto Minervini a voulu faire un film anti spectaculaire, intime et intimiste, et pour cela, sa mise en scène va avec… Aucune émotion n’est à prévoir, tout comme on aura le droit à des travellings très lents, un montage lui aussi très lent, et évidemment, il n’y a pas de BO, ou du moins, il y en a très peu, afin d’habiller d’un trait discret le blanc que le film ne cesse d’avoir.

Alors on aurait pu se rattraper avec les personnages, malheureusement, là aussi, on passera à côté, car le film tient des acteurs, mais il n’a aucun personnage. Ou du moins, il ne développe aucun de ses personnages, ce qui fait que l’on ne sait pas vraiment qui ils sont, et quand ces derniers disparaissent (car oui, le film en oublie beaucoup en cours de route), on se fiche bien de savoir ce qu’ils ont pu devenir… C’est dire à quel point on est impliqué dans leur non-histoire.

Deauville 2024 n’est pas un grand cru, et au milieu des déceptions et des ennuyants, ces « … damnés » peut aisément prétendre au Grand Prix de l’ennui ferme. « Les damnés« , c’est une heure et demie de rien, de mecs qui ne font rien, d’hommes qui, certes, se posent l’espace de quelques minutes des réflexions intéressantes, mais pour finalement soit être oubliés par le scénario, soit ne rien en faire. Et comble du comble, on quitte ces mecs au milieu de rien, de nulle part, avec la sensation que le film n’a aucune fin… Bref, à force de vouloir éviter le spectaculaire, Roberto Minervini a oublié de faire du cinéma, et cette séance fut donc compliquée, très compliquée…

Note : 05/20

Par Cinéted

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