octobre 20, 2025

Frayle – Heretics & Lullabies

Avis :

On dit souvent que les métalleux sont des personnes relativement fermées qui n’écoutent que de la musique de bourrin. Si ça peut être vrai pour une partie des amateurs de musique extrême, ce n’est pas le cas de tout le monde, et certains ont des coups de cœur en dehors des guitares saturées et des chants gutturaux. Parmi les artistes les plus reconnus de la sphère métal, il y a Mylène Farmer. Il faut dire que la chanteuse possède un univers très particulier, à la limite du gothique, et parfois, elle a même embrassé le Rock avec des mélodies aux guitares rutilantes. De ce fait, si des métalleux sont fans de Mylène Farmer, c’est qu’ils sont ouverts à d’autres expériences musicales, et Frayle fait partie des découvertes qui pourraient être le lien ténu entre une Pop éthérée et un Doom atmosphérique plus lourdaud.

Fondé en 2017 à Cleveland autour de la chanteuse Gwyn Strang et du multiinstrumentiste Sean Bilovecky, Frayle sort son premier album en 2020 sur le label Aqualamb Records, puis récidive en 2022 avec Skin & Sorrow, toujours chez la même maison de disque. Un changement s’opère alors en 2025, le groupe quitte son label pour signer chez un plus gros, Napalm Records. Forcément, la visibilité est accrue, et le groupe se doit de tenir son rang de frêle premier. Déboule alors Heretics & Lullabies, à la pochette équivoque, qui fait penser à du In This Moment, alors que le son sera totalement différent. Car oui, Frayle vise un Post-Métal à tendance Atmospheric Doom, jouant constamment sur le chant fragile de Gwyn et sur les riffs lourds des autres membres du groupe. Il en résulte alors un album intéressant à plus d’un titre, mais un poil répétitif.

Tout débute avec Walking Wounded. Le démarrage est percutant, et montre d’entrée la volonté des musiciens, de faire des riffs lourds et puissants, un peu à la Paradise Lost. Cependant, le chant sera loin d’être aussi puissant, puisque Gwyn a plutôt tendance à susurrer ses paroles au lieu de les beugler. C’est insidieux, à l’image de la sorcière qu’elle veut être, et globalement, c’est très charmant. Tout comme le refrain qui fonctionne à plein régime. La surprise viendra du deuxième morceau, qui sera une reprise du hit de Lana Del Rey, Summetime Sadness. Une relecture plus gothique, plus doucereuse, comme un venin insidieux qui s’insinuerait dans nos veines. C’est relativement bien foutu, même si ça aurait mérité un peu plus de nervosité. Nervosité que l’on retrouve sur Boo, le titre suivant, plus puissant, et avec un chant masculin guttural qui fait son apparition.

Comme pour le premier titre, le refrain est addictif, et joue parfaitement avec le double chant, tout comme le riff qui fait très américain dans ses sonorités. Les trois premiers morceaux sont donc plutôt variés et assez agréables à l’écoute. Mais on notera une petite baisse de régime par la suite. Cela ne veut pas dire que les dires soient mauvais, bien au contraire, mais ils manquent d’une identité particulière et souffrent d’une certaine forme de redite. Demons s’appuie sur des riffs lourds plutôt plaisants, mais globalement, la construction est la même que pour le morceau précédent, et rien ne viendra nous surprendre. Tout comme on s’habitue rapidement à la voix de la chanteuse, qui manque par la suite de variations. Souvenirs of Your Betrayal est un long morceau qui joue beaucoup sur son atmosphère un peu éthérée, mais rien ne viendra nous titiller les esgourdes. C’est même plutôt plat.

Glass Blown Heart aura la bonne idée de donner plus de place à son batteur. Le début est vraiment intéressant, avec un côté musique de film qui n’est pas pour nous déplaire. Il est dommage que le chant reste constamment le même, oubliant alors de former quelques montées ou baisses de voix. Alors oui, les riffs sont puissants, et le morceau est massif, mais on aurait aimé une prise de risque plus grosse. Hymn for the Living souffrira du même constat, avec en prime un travail à la batterie qui semble identique. Run se repose aussi sur ses lauriers. Le morceau n’est pas désagréable, bien au contraire, mais il manque d’originalité quant au reste de l’album. Heureusement, Heretics se fera bien plus puissant et engageant dans sa démarche. Enfin, Only Just Once se veut une synthèse de tout ce que propose Frayle, et c’est plutôt bien.

Au final, Heretics & Lullabies, le dernier album en date de Frayle, est plutôt un bon album, qui permet de mettre en avant un groupe original qui s’appuie sur la voix suave de chanteuse, et sur les riffs lourds de ses musicos. Si l’ensemble est un peu répétitif, on prend beaucoup de plaisir à l’écoute, et à la découverte, et pour le coup, il s’agit-là d’une bonne entrée dans le domaine du métal pour les néophytes ou les réticents.

  • Walking Wounded
  • Summertime Sadness
  • Boo
  • Demons
  • Souvenirs of Your Betrayal
  • Glass Blown Heart
  • Hymn for the Living
  • Run
  • Heretics
  • Only Just Once

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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