octobre 8, 2025

Le Vieux Fusil – Un Classique Indémodable

De : Robert Enrico

Avec Philippe Noiret, Romy Schneider, Jean Bouise, Joachim Hansen

Année : 1975

Pays : France, Allemagne

Genre : Drame

Résumé :

Montauban, 1944. Le chirurgien Julien Dandieu y mène une vie paisible avec sa femme, Clara, et leur fille Florence. Cependant, l’invasion allemande ne peut le laisser indifférent : préférant les savoir éloignées des tourments de cette guerre, Julien demande à son ami François de les conduire à la campagne, où cette famille possède un château. Une semaine plus tard, ne supportant plus l’absence des siens, Julien rejoint sa famille pour découvrir, avec effroi, que les Allemands ont déjà semé la terreur dans le village.

Avis :

Il y a une sorte d’image d’Epinal qui fait que la jeune génération pense que les films français « anciens » sont tous des drames et sont d’un ennui total. C’est bien évidemment faux, mais cette rumeur est tenace, et beaucoup de jeunes cinéphiles se privent parfois de chefs-d’œuvre. Prenons un exemple tout simple : Le Vieux Fusil de Robert Enrico. Le titre, l’affiche surannée, même le synopsis laisse à penser que ce film est un drame qui plonge dans le pathos de la Seconde Guerre mondiale. Et pourtant, c’est une grave erreur. Premier film à recevoir un César du meilleur film, Philippe Noiret recevra le premier César du meilleur acteur, et François de Roubaix aura un César posthume pour la meilleure musique, Le Vieux Fusil est un classique du cinéma français, mais qui est bien loin de l’image qui peut lui coller à la peau.

Le début du film est relativement touchant. Sur une musique assez joyeuse, en plein centre d’un cadre bucolique, on voit une famille française typique faire du vélo. Tout respire la joie de vivre. Après le générique de début, le film nous plonge alors dans un contexte historique très tendu. Nous sommes en 1944 à Montauban, les nazis dirigent d’une main de fer la région, et on va se placer aux côtés de Julien Dandieu, un chirurgien dont le but est de soigner tous les blessés de guerre. Sauf que les nazis arrivent de façon virulente dans l’hôpital, et enlèvent un type qui est considéré comme un espion. La scène est vive, la tension palpable, et le cadre social est posé rapidement. Un cadre qui va être contrebalancé par l’amour que porte Dandieu à sa femme, Clara, et sa bonhommie, espérant que la guerre cesse assez rapidement.

« le film nous plonge alors dans un contexte historique très tendu »

Ce début met en place tous les éléments d’un drame à venir. L’homme amoureux qui cache ses peurs, la femme solaire un peu insouciante, ou encore des magouilles entre médecins pour faire passer des médicaments de façon illicite afin que les allemands n’y touchent pas. Cette peur va se cristalliser dans la demande de Dandieu, qui met sa femme et sa fille à l’abri, dans le hameau de la Barberie, étant persuadé que les nazis n’iront pas jusque-là. S’inspirant du drame d’Oradour-sur-Glane, Robert Enrico va bien évidemment injecter l’horreur de la guerre au plus près de ce chirurgien qui va donc perdre sa fille et sa femme lors d’un raid vengeur de la part de l’armée allemande. C’est sur un choc impressionnant que se clôture le premier tiers du film, brisant notre personnage central, le faisant alors entrer dans une folie furieuse.

Après cette première partie, on va donc suivre cet homme qui va saboter tout le hameau pour tuer tous les soldats nazis présents. Le film s’appesantit surtout sur l’observation de ces soldats qui boivent jusqu’à la lie, ne font preuve d’aucune compassion et la détresse d’un homme qui ne va alors faire preuve d’aucune concession. La grande intelligence du long-métrage réside dans son montage. Afin de nous faire ressentir un peu plus d’empathie pour ce pauvre Dandieu, certains évènements le ramènent en arrière, et nous plonge dans les pensées de cet homme, qui va montrer tout l’amour qu’il avait pour sa femme et sa fille. Ces tranches de vie sont tendres, simples, mais elles permettent alors d’agrandir nos sentiments pour le personnage central, mais aussi notre haine envers ces soldats qui font preuve d’une immense cruauté et ne montrent aucun remord.

« La mise en scène de Robert Enrico est parfaite »

Le dernier tiers du film sera alors la vengeance froide de Dandieu, qui va prendre tous les risques pour se venger et tuer toute cette faction de soldats. Et c’est là que l’on découvre un grand film, qui trouve le parfait équilibre entre action, tension, drame et émotions. La mise en scène de Robert Enrico est parfaite, jouant constamment avec les lieux, évitant alors les répétitions malgré des allers-retours inévitables. De plus, la violence crue de la guerre est bien retranscrite, car Le Vieux Fusil est un film qui a ses accès gores. Le réalisateur n’hésite pas à montrer les impacts de balles en gros plan, histoire de bien montrer les atrocités de ce conflit, et les dommages que peuvent faire les armes. Et le tout se cristallise sur un plan final qui constitue la vengeance ultime, le feu par le feu, avec un plan mémorable et inspiré.

Au final, Le Vieux Fusil est un immense film français, bien loin des vicissitudes du film d’auteur ennuyeux auquel on pourrait penser. Intense dans son amour et ses émotions, percutant dans la démonstration de la violence des nazis et de la guerre, Robert Enrico signe un vrai chef-d’œuvre du cinéma français. Un film qui n’a pas usurpé son César du meilleur film, et dans lequel Philippe Noiret demeure impressionnant par la justesse de son interprétation, lui aussi n’ayant pas volé sa récompense. Bref, un classique important qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie.

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.