Rage - A New World Rising

Avis :

On ne peut pas tout aimer dans le métal. Certains sont plus sensibles que d’autres dans divers sous-genres, d’autres n’arrivent pas à adhérer aux propos de certains groupes, et parfois, c’est tout simplement le groupe qui ne parvient pas à nous toucher. Fondé en 1986 autour du bassiste/chanteur Peavy Wagner, Rage fait office de grand-père dans le monde du Heavy Métal teuton. Et on ne peut que s’incliner devant la foison d’albums que le type a fourni avec un line-up changeant, puisque A New World Rising qui nous préoccupe entre ces lignes est le vingt-huitième effort studio des allemands. Restant dans un heavy assez classique, avec quelques accointances avec le Speed, Rage est un groupe qui a refait peau neuve en 2015, selon les envies de Peavy, qui voulait de nouveaux musiciens autour de lui, et qui a recruté un nouveau batteur, ainsi qu’un nouveau guitariste.

Aujourd’hui, le groupe a encore changé. Si Vassilios Maniatopoulos est toujours derrière les fûts, c’est Jean Bormann qui arrive à la guitare en 2020, et qui va donner un nouvel élan à la formation. Plus pêchu, renouant avec une énergie décuplée, le groupe allemand a su rebondir pour proposer de nouveaux albums assez plaisants. Mais il y a toujours un mais, et ce nouvel effort ne va pas déroger à la règle. C’est-à-dire que c’est bien, c’est produit de façon solide, le son est vraiment pur et résonne comme en live, mais on reste sur un disque qui ne possède pas de titres phares, de hits en puissance qui restent un long moment en tête. Pourtant, Innovation, qui arrive après l’introduction qui porte le même nom que l’album, aurait pu prétendre à cela. Mais il va trop s’adoucir sur les refrains et la voix du chanteur sera un gros préjudice.

En effet, si Peavy assure à la basse, et que d’un point de vue technique, Jean Bormann est un vrai tueur, le chant est souvent à la limite de la justesse, et l’ensemble manque de souffle et de rondeur. Against the Machine est un morceau qui assure dans son démarrage, avec un côté Speed plaisant, mais dès que le chant débute, il n’est pas en corrélation avec la vitesse d’exécution, ni même avec la lourdeur des riffs. De plus, on notera que le refrain manque d’entrain. Ce n’est pas mauvais non plus, mais il manque un petit truc en plus pour nous emporter. Freedom possède un côté fédérateur, mais il demeure un peu trop popisant, si ce n’est à la fin, où le chant s’énerve un peu, et les riffs deviennent alors plus lourds. On sent alors une possibilité pour que le groupe se fasse un peu plus nerveux.

We’ll Find a Way démarre alors sur les chapeaux de roues, avec un riff brutal et revigorant, lâchant alors une rythmique véloce, et donnant une forte envie de headbanger. On a enfin un vrai morceau qui frappe fort et ne fait pas dans la dentelle. Enfin, si, le guitariste est vraiment excellent et permet au groupe de briller, malgré un chant approximatif. Cross the Line suit cette bonne lancée, alignant même quelques growls sur le break, permettant alors de montrer que Peavy peut faire autre chose qu’un chant un peu fragile et sans réelle variation. Puis Next Generation, malgré un début qui peut laisser dubitatif, amorce une entrée dans un métal plus moderne. Malheureusement, le tout est gâché par ce chant si mauvais, et fait étalage de faiblesses lors du refrain. Puis Fire in Your Eyes aura la palme du pire titre de l’album.

Jouant sur un mid-tempo et voulant faire une sorte de ballade, le groupe se plante complètement. Heureusement, Leave Behind prend des allures de Metalcore et lorgne même sur du Parkway Drive au niveau des riffs. Mais le comparatif s’arrêtera là, car par la suite, on sera sur un Heavy lourd pas désagréable, mais qui manque d’épaisseur. Paradigm Change aura alors l’audace d’afficher un bon refrain et un côté métal US totalement assumé. Quant à Fear Out of Time, les riffs iront voir vers un côté plus Thrash, essayant de montrer que Rage veut faire peau neuve, et plus jeune que son âge. Beyond the Shield of Misery débutera comme du Power, avant de lâcher la bride du guitariste qui va se faire plaisir. Enfin, Straight to Heel ’25 s’amuse à la Pantera pour clôturer un album plaisant et multi-référentiel, qui tente quand même quelques trucs.

Au final, A New World Rising, le dernier album de Rage, n’est pas si désagréable que ça à l’écoute. Essayant de paraître plus jeune et délaissant un peu le Heavy pour aller vers des choses plus modernes, le groupe tente, expérimente, mais l’ensemble reste tout de même gâché par la voix de Peavy qui n’arrive plus vraiment à pousser ou à faire des modulations. On reste sur un chant qui manque de profondeur, et le groupe ne peut pas faire ce qu’il veut, notamment en matière de vitesse et de virulence. Bref, un album dans la moyenne, mais qui ne marquera pas l’année, et qui doit beaucoup à son guitariste, qui se donne vraiment.