octobre 16, 2025

Abbath – Dread Reaver

Avis :

Quand on évoque la scène Black Métal, il y a certains noms qui sont des incunables, des groupes fondateurs de ce genre extrême qui a tendance à faire friser les cheveux les plus lisses des grenouilles de bénitier. Et il est difficile de passer outre le personnage de Olve Eikemo, qui fut bassiste de l’un des premiers groupes de métal extrême, Old Funeral, avant de fonder l’un des pères fondateurs du Black, Immortal. Seulement voilà, celui que l’on surnomme Abbath n’est pas un tendre, et cela va lui coûter sa place au sein du groupe, amenant quelques tensions et autres incompréhensions après son éviction. Pas de quoi perdre le Nord non plus (en même temps, pour un norvégien…), le type se lance dans une carrière solo en piochant quelques musiciens à droite et à gauche dès 2015. Dread Reaver est son troisième skeud, paru en 2022.

Et qu’on se le dise, on est vraiment sur de la scène Black scandinave plein pot. Malgré son amour pour des groupes comme Motörhead, et parfois des insertions un peu Punk sur les bords, ce troisième album pour Abbath respire la neige, le froid et les déités provenant des profondeurs de la terre. C’est dense, puissant, lugubre à souhait, et si la production respire un fond cracra, on notera quand même quelques scories, comme une redondance dans les morceaux, et un manque cruel de morceaux vraiment marquants, ou tout du moins qui se détachent du lot. Par exemple, Acid Haze, qui débute l’album, est un morceau très intéressant et bien fichu, mais il lui manque ce petit truc en plus pour lui faire monter les échelons. On a bien la double-pédale, la virulence du Black et une atmosphère délétère, mais ça reste trop calibré.

A la rigueur, Scarred Core sort un peu du lot par son côté un peu punk sur les bords, avec un chant qui se retrouve en arrière-plan pour laisser plus de place à une batterie tonitruante et à un environnant tellement dense qu’il en devient étouffant. Peu de pause au sein de ce titre, sinon un petit solo de gratte qui trouve une production moyenne afin de lui donner un style particulier, comme si l’enregistrement s’était fait dans une cave. Heureusement pour nous, la pause surviendra avec l’introduction de Dream Cull, avec cette petite guitare sèche qui joue une partition un peu hispanique. Bien sûr, cela ne durera pas longtemps, puisque Abbath va lâcher les vannes et nous dégueuler à la tronche un Black puissant, bien que plus mélodique que les deux titres précédents. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que le groupe ait choisi ce morceau pour vendre l’album.

Myrmidon débute de façon assez étrange pour du Black. On sait l’ouverture d’esprit de l’artiste, et pour le coup, on a plus l’impression de tomber dans du Thrash que du Black. Mais le chant et la batterie viennent nous rappeler que nous ne sommes pas chez Metallica, bien que. Le problème avec ce morceau, c’est qu’il a du mal à décoller vraiment, et semble bloquer dans un mid-tempo hybride pas forcément agréable. On lui préfèrera The Deep Unbound et son bourdon qui monte progressivement pour mieux nous percuter avec un rythme effréné et une ambiance infernale. Néanmoins, on retrouve ce problème vocal en retrait qui manque vraiment d’ampleur et d’épaisseur. Alors, c’est peut-être fait exprès, pour donner un aspect cradingue à l’ensemble, un peu à l’image de l’artiste, mais ça reste perturbant à l’écoute. D’autant plus que lorsque le rythme ralentit, il y a matière à faire mieux.

Septentrion va rentre dans les codes du genre, avec un côté ténébreux plus marqué. Le titre est tortueux en diable, et on va avoir une rythmique qui montera crescendo. Et puis on appréciera le petit solo de gratte qui démontre que le Black, ce n’est pas que de la violence pure et dure. On parlait de Metallica tout à l’heure, et ce n’est pas hasard, puisque Abbath leur rend hommage en reprenant Trapped Under Ice, et c’est un vrai bon titre, à la fois percutant, vif et puissant. C’est dingue de se dire que le seul vrai morceau qui sort de l’eau, c’est une reprise. Par la suite, The Book of Breath revient à un style sauvage et purement Black, mais qui ne sort pas du tout-venant du genre. Et enfin, Dread Reaver clôture l’album de façon optimale, avec un titre plus construit, plus lisible, et donc réussi.

Au final, Dread Reaver, le dernier album d’Abbath, est un skeud qui n’est pas si mal que ça. Malgré le fait que certains titres ne sortent pas vraiment de la veine Black classique, on retrouve des éléments attachants dans cet album, avec une volonté de peaufiner une ambiance cracra à laquelle on ne croit pas une seconde, mais qui arrive à nous surprendre par quelques saillies étonnantes. Bref, un album plaisant, qui demande plusieurs écoutes pour vraiment l’apprécier à sa juste valeur.

  • Acid Haze
  • Scarred Core
  • Dream Cull
  • Myrmidon
  • The Deep Unbound
  • Septentrion
  • Trapped Under Ice (Metallica Cover)
  • The Book of Breath
  • Dread Reaver

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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