L’Attachement – Deuil Lumineux

De : Carine Tardieu

Avec Pio Marmaï, Valeria Bruni-Tedeschi, Vimala Pons, Raphaël Quenard

Année : 2025

Pays : France

Genre : Drame 

Résumé :

Sandra, quinquagénaire farouchement indépendante, partage soudainement et malgré elle l’intimité de son voisin de palier et de ses deux enfants. Contre toute attente, elle s’attache peu à peu à cette famille d’adoption.

Avis :

Parmi les réalisatrices françaises actuelles, j’ai un énorme faible pour Carine Tardieu. Cinéaste d’une cinquantaine d’années, Carine Tardieu s’est bâtie au fil des années une belle filmographie, avec même un chef-d’œuvre à la clef, le merveilleux et bouleversant « Les jeunes amants« . Franchement, si vous n’avez pas vu celui-là, aucune hésitation à avoir, beauté, tendresse et émotions sont au rendez-vous. Chaque sortie d’un nouveau film de Carine Tardieu est alors pour moi un petit événement que je m’empresse de voir, d’autant plus lorsque son nouveau film a l’air tout en émotions.

Pour son cinquième long-métrage, Carine Tardieu a choisi de s’aventurer dans le film de rencontre. Une rencontre bouleversante, qui réunit deux âmes seules, magnifiquement incarné par un « couple » de comédiens ô combien sensibles et émouvants. Film sur le deuil, sur la reconstruction et l’attachement, comme il est indiqué dans son titre, ce nouveau Carine Tardieu est beau, très beau, même s’il a tendance à traîner en longueur vers sa fin.

«  »L’attachement » va se poser comme un film sensible et d’une grande pudeur. »

Sandra, la cinquantaine, est une femme libre qui se moque bien des conventions. Voisine de palier d’Alex et Cécile, un matin, elle se voit confier Elliott, un petit garçon d’à peine cinq ans. Ce matin-là, la maman d’Elliott a perdu les eaux, et s’apprête à donner naissance à une petite fille, mais la nounou, comme la grand-mère, sont injoignables. Ce matin-là, avec cette rencontre, Sandra ne le sait pas encore, mais sa vie va basculer.

Un film sur le deuil et une rencontre, là comme ça, il pouvait y avoir de quoi avoir peur, car si le cinéaste n’est pas bon, on peut avoir tendance à tomber dans un film qui convoquerait le pathos à outrance et les bons sentiments. Heureusement pour cette histoire, c’est Carine Tardieu que l’on trouve derrière la caméra, et « L’attachement » va se poser comme un film sensible et d’une grande pudeur. Ce qui va être très beau avec ce film et cette histoire, c’est la simplicité avec laquelle la réalisatrice amène les maux et les émotions de ses personnages. Ici, tout sonne juste, tout sonne comme réel, et à aucun moment, l’intrigue ou les bouleversements au travers desquels passe le film sont appuyés.

Comme je le disais, « L’attachement« , c’est l’histoire d’une rencontre, ou plutôt, c’est l’histoire de plusieurs rencontres. La rencontre entre une voisine un peu sauvage et maladroite avec les enfants, et un petit garçon qui va perdre sa mère. Mais c’est aussi la rencontre entre cette même voisine et un jeune veuf, qui va essayer de ne pas se noyer dans la douleur de cet être cher si douloureusement arraché, au moment même où cette journée aurait dû être l’un des plus beaux jours d’une vie.

« Pio Marmaï survole tout et tout le monde »

Comme toujours dans le cinéma de Carine Tardieu, cette dernière s’emploie à explorer les relations humaines, et si le point de départ est on ne peut plus sombre, avec cette vie qui s’éteint et le deuil presque impossible qui secoue les personnages, la réalisatrice n’a de cesse de livrer un film bourré de vie. On pourrait même dire de manière clichée que cet « … attachement« , c’est une ode à la vie. La vie qui fait mal certes, qui est injuste et cruelle, mais qui sait aussi offrir ses moments de bonheur et de tendresse, même en plein milieu d’un fagot de merde.

Après, si le film est aussi beau et émouvant, c’est aussi grâce à l’interprétation exceptionnelle de son trio d’acteurs, qui offre une Valérie Bruni-Tedeschi tout en retenue, ce qui vraiment rare chez elle. Il offre aussi un petit, tout petit, César Botti incroyable pour son petit âge. Bien souvent, les enfants dans les films sont compliqués en termes de jeu, et lui, il est vrai et juste en permanence. Puis il y a Pio Marmaï que l’on n’a jamais vu ainsi. Si le film offre beaucoup d’émotions, de rires et de larmes, Pio Marmaï survole tout et tout le monde, trouvant là l’un des plus beaux rôles de sa carrière. Il est franchement difficile de ne pas être bousculé par l’acteur et son personnage.

«  »L’attachement » est un film qui jouit d’une grande, très grande, tendresse. »

« L’attachement » est un film qui jouit d’une grande, très grande, tendresse. Carine Tardieu a parfaitement su comment raconter les émotions de ses personnages, elle a su injecter de l’humour, et même de la poésie dans les moments sombres, elle a su bousculer aux larmes avec des silences incroyables, l’arrivée de Pio Marmaï, au lendemain du terrible accouchement est un chef-d’œuvre à lui tout seul. La réalisatrice a su en permanence mettre de la lumière, de la vie, et même de la passion, au sein d’une histoire qui n’est pour beaucoup, que tristesse et reconstruction.

Bref, comme toujours avec Carine Tardieu, c’est beau et juste. Après, comme je le disais plus haut, même si le film nous tient d’un bout à l’autre, vers sa fin, le rythme a tendance à ralentir, et le tout traîne un peu. C’est presque un peu longuet pour conclure, ce qui est étrange, car tout ce que Carine Tardieu évoque est intéressant, mais on a l’impression que l’intrigue a fait le tour d’elle-même.

Ainsi, si ce nouveau film de Carine Tardieu n’est pas au niveau de son précédent, qui risque fort bien de rester comme le sommet de sa carrière, cet « … attachement« , malgré sa fin un peu longuette, demeure un beau, très beau, film qui offre émotions, rires, larmes et parfois même les deux en même temps. Encore une fois, Carine Tardieu démontre qu’elle est une grande cinéaste qui sait parfaitement parler des sentiments et des relations humaines, et si jamais vous ne vous être pas encore arrêté sur « L’attachement« , n’hésitez pas, ce serait dommage de laisser passer un peu de tendresse dans ce monde de brute.

Note : 15/20

Par Cinéted