
De : Carmelo et Nicholas Chimaira
Avec Joe Castro, Jason Potter, Scotty Bohnen, Jessie Nerud
Année : 2024
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Le seul espoir d’une équipe d’exorcistes pour sauver une femme possédée est de découvrir le nom du démon qui la possède.
Avis :
Depuis le best-seller de William Peter Blatty et son adaptation par William Friedkin, le sujet de l’exorcisme a maintes fois été exploité dans le cinéma horrifique. En parallèle de productions « classiques », on a même eu droit à quelques incursions dans le found-footage. On songe, entre autres, à The Devil Inside, Le Dernier exorcisme ou encore Les Dossiers secrets du Vatican. S’ils présentent des qualités fluctuantes, on leur prête néanmoins une montée en tension graduelle avec une exposition méticuleuse des circonstances qui amènent à cette inévitable confrontation avec le mal. Aussi, Name the Demon semble arriver sur le tard pour fournir une approche novatrice, à tout le moins immersive, de la possession démoniaque.

D’emblée, le présent métrage affiche une réalisation modeste, y compris dans un tel registre. Il est aisé de distinguer une caméra à l’épaule fébrile, un cadrage approximatif, ainsi qu’une maîtrise capricieuse des éclairages. Hormis la séquence d’introduction, l’action se déroule de nuit. Pour autant, l’enrobage visuel manque clairement d’attraits pour travailler la mise en contexte d’une histoire qui relève d’un fait divers surnaturel. Le montage n’est d’ailleurs pas en reste avec une exposition maladroite et fragmentaire des enjeux. Au lieu d’évoquer un mystère relatif au passé de la possédée ou d’amorcer une atmosphère oppressante, on se retrouve avec une présentation éculée ; incursions de textes à l’appui pour distinguer la nature de la bobine, comme un témoignage à part entière des évènements.
« Le montage n’est d’ailleurs pas en reste avec une exposition maladroite »
Name the Demon ne brille guère davantage dans sa caractérisation avec des protagonistes sans relief. Au mieux, on s’indiffère de leur sort. Au pire, ils agacent et multiplient les invraisemblances dans leur comportement, leurs réparties. À ce titre, les lignes de dialogue sont d’une platitude alarmante, trahissant un manque d’inspiration flagrant pour s’extirper des carcans inhérents aux sempiternelles considérations sur la lutte contre le mal. Le scénario a beau disséminer quelques échanges sur des évènements antérieurs ou une appréhension différente selon l’intervenant, les conversations sont mécaniques, sans âme. Pour combattre un démon, ce dernier point est un handicap de taille.
Cependant, ces défauts peuvent paraître négligeables en comparaison du déroulement de l’exorcisme lui-même. En temps normal, on aurait droit à une exposition avant d’entrer dans le vif du sujet. Tout l’intérêt réside dans la violence de la confrontation. À travers une plongée inexorable vers les ténèbres, cela reste un moyen efficace de ne pas laisser le spectateur respirer. Or, Name the Demon entame les hostilités, puis s’interrompt de manière inopportune. Les personnages se concertent, débattent de la marche à suivre, tout en permettant au démon de reprendre des forces. En l’occurrence, cette orientation narrative devient une constante au fil de l’intrigue, quitte à tourner en rond dans la façon d’appréhender l’exorcisme.
« le maquillage de la possédée demeure grossier «
Pour des prêtres expérimentés, une telle approche fait montre d’un illogisme manifeste. On passera outre l’échappée du démon pour une visite impromptue dans la maison et la propriété. Cette incursion se veut autant dispensable qu’exécrable tant elle n’apporte rien et se révèle incohérente avec l’histoire elle-même, si ténue soit cette dernière. De même, les séances d’exorcisme (puisqu’elles sont éparses et fragmentées) changent la personne qui exhorte l’entité à retourner en enfer. Là encore, les citations sont maintes fois ressassées et proclamées avec la conviction d’une chèvre. Pour parfaire ce tableau guère avenant, le maquillage de la possédée demeure grossier et les prothèses de chair tout aussi ostensible.

Au final, Name the Demon est un found-footage sans intérêt. Si des moyens malingres ne sont guère rédhibitoires dans ce genre, l’absence de maîtrise technique et d’ambiance l’est davantage. En matière de cadre, il faut se contenter d’une bicoque de banlieue dénuée d’un potentiel ou d’une singularité quelconque. À aucun moment, les réalisateurs Chimera ne parviennent à interpeller sur le caractère sinistre des circonstances ou instaurer le malaise qu’on est en droit d’attendre d’un exorcisme. L’intrigue multiplie les intermèdes, cassant le rythme et les efforts consentis pour combattre le démon. Il en ressort une itération percluse de défauts, mal fagotée et anodine dans son résultat. Un peu comme la découverte du nom de l’entité qui n’a peu ou pas de conséquences sur le terme de la confrontation.
Note : 06/20
Par Dante