avril 26, 2024

Layer Cake

De : Matthew Vaughn

Avec Daniel Craig, Colm Meaney, Kenneth Cranham, George Harris

Année: 2005

Pays: Angleterre

Genre: Policier

Résumé:

« XXXX », un dealer de cocaïne respecté au sein de l’élite de la mafia anglaise, désire prendre sa retraite. Mais Jimmy Price, un grand ponte du milieu, lui confie une mission difficile : retrouver la fille aînée de son vieil ami Eddie Temple, un puissant criminel…

Avis :

Matthew Vaughn est un réalisateur qui a su s’imposer assez rapidement dans le cinéma actuel, et notamment à Hollywood alors qu’il commence sa carrière dans son pays natal, l’Angleterre. Connu aujourd’hui pour ses remarquables Kick-Ass et Kingsman, le réalisateur est maintenant attendu au tournant car il possède une mise en scène dynamique, et n’hésite pas à sortir des sentiers battus pour imposer sa patte. Comment ne pas résister à ce massacre en plan-séquence dans une église où Colin Firth déboîte du mécréant sur du Lynyrd Skynyrd ? C’est bien simple, on reconnait le style Matthew Vaughn dès les premières images et il y a une sorte d’excitation à retrouver un film de lui. On s’attend à retrouver des scènes jouissives, un humour corrosif tellement anglais et surtout, une mise en scène dynamique au sein d’une histoire un peu complexe au départ, mais qui s’éclaircit au fur et à mesure du temps. Bref, il s’agit de l’un des réalisateurs les plus prometteurs de ces dernières années et même si son deuxième Kingsman était moins fort, il n’en demeure pas moins un métrage délirant qui va au bout de son concept.

Avec Layer Cake, on retombe dans son tout premier film. Un polar britannique qui peut aisément se ranger aux côtés de ceux de Guy Ritchie, à l’époque où ce dernier avait encore des choses à dire comme sur Rock n’Rolla ou encore Snatch. D’ailleurs, Layer Cake aura des similitudes avec ces films. Bien évidemment dans le scénario, car ici, on est clairement dans un film d’arnaque et de deal de drogues où rien ne va vraiment se passer comme prévu. On va suivre un trafiquant très discret qui veut prendre sa retraite avec un petit million en poche, mais son patron lui donne une ultime mission, retrouver la fille d’un autre caïd qui est partie faire la fiesta avec un camé. Au milieu de cette histoire vient se greffer le vol d’un million de pilules d’ecsta par un dealer à la sauvette, et le personnage central va devoir écouler cette merde. Sauf que le vol a été fait par une équipe de bras cassés et que les serbes qui ont été dupés sont bien revanchards. Bref, un imbroglio se met en place et on a parfois du mal à resituer où veut en venir son réalisateur. Fort heureusement, le film se délaye au fur et à mesure et on va vite comprendre qui sont les fumistes et qui sont ceux qui se sont faits avoir. Comme tout polar britannique qui se respecte, Layer Cake embourbe le spectateur pour mieux le sortir par la suite.

Ce qui est très important dans ce film, ce sont les personnages. Tous sont charismatiques et tous ont des backgrounds bien travaillés. Si Daniel Craig demeure énigmatique du début à la fin, c’est pour mieux se construire à travers cette histoire et devenir finalement, à son tour, le grand manitou du trafic de drogues. A ses côtés, on va retrouver des personnages attachants, mais qui peuvent rapidement péter un plomb. Colm Meaney par exemple, joue le bras droit qui fait les sales besognes, mais il a de l’affection pour ce jeune qui veut simplement prendre sa retraite et qui va devoir arnaquer tout le monde pour s’en sortir sain et sauf. Duke est aussi un personnage typiquement anglais, ce petit gangster nerveux qui ne fait que parler, et il sera l’une des clés de l’intrigue. On pourrait faire tout le portrait de ces personnages atypiques mais finalement communs au film d’arnaque anglais, mais le vrai sel du métrage n’est pas là. Layer Cake, c’est un film de personnages, certes, mais c’est aussi et surtout un film qui laisse entrevoir l’œil incisif de Matthew Vaughn.

Car la mise en scène de ce film est un terrain expérimental pour le jeune réalisateur. En effet, il essaye constamment d’innover et d’apporter du sens à ses images. Les plans sont souvent bien choisis, entrainant parfois une réflexion sur ce que l’on voit. On notera aussi une belle nervosité dans les scènes d’action, qui sont peu nombreuses ici, mais suffisamment sympathiques pour voir le talent inné du cinéaste. La course-poursuite vers la fin du métrage est un exemple de découpage et de rythme, sans pour autant avoir recours à une caméra tremblante ou à un montage épileptique. Alors oui, Layer Cake possède tout de même quelques faiblesses. Le scénario alambiqué au départ peut en laisser certains sur le carreau. Le film a vieilli au niveau de son écriture et des films d’arnaque comme celui-ci, on commence à les connaître par cœur. Mais globalement, on ne s’ennuie pas un seul instant, certains moments sont très réussis et les acteurs sont tous excellents. On pourra même y voir une petite critique de la société et de la vie en générale, avec une pointe de cynisme. En effet, alors que durant tout le film, la réserve et la sécurité du « héros » sont mises en avant, alors qu’il lance son pitch final pour mettre en avant la stupidité des malfrats trop gourmands ou trop exubérants, il va se passer un évènement qui prouve que finalement, personne n’est à l’abri d’un accident de la vie, ou tout simplement d’un des abrutis critiqués dans cette diatribe.

Au final, Layer Cake est un film réussi. Il s’agit d’un premier film et il a donc des défauts, comme des passages un peu à vide, des errances au niveau de la narration ou encore un rythme qui peut sembler linéaire. Mais le film possède aussi une patte vraiment reconnaissable. On sait que l’on regarde un film typiquement britannique, mais on sait aussi que l’on regarde un film de Matthew Vaughn, grâce à cette mise en scène si inspirée et à ses personnages si exubérants. Il en résulte donc un premier film nerveux, drôle, parfois violent, mais qui démontre tout le talent d’un réalisateur qui va devenir quelques années après un incontournable.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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Une réflexion sur « Layer Cake »

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