Mickey 17 – Bong Joon-Ho s’Essouffle

De : Bong Joon-Ho

Avec Robert Pattinson, Naomi Ackie, Steven Yeun, Toni Collette

Année : 2025

Pays : Etats-Unis

Genre : Science-Fiction, Action, Comédie

Résumé :

Héros malgré lui, Mickey Barnes se tue à la tâche… littéralement ! Car c’est ce qu’exige de lui son entreprise : mourir régulièrement pour gagner sa vie.

Avis :

Parmi les cinéastes coréens, Bong Joon-ho est l’un de ceux qui fait le plus parler de lui. Il faut dire que la sortie d’un nouveau Bong Joon-ho, c’est un événement, la filmographie de son réalisateur parlant pour lui, « Memories Of Murder« , « The Host« , « Parasite« , « Mother« , ou encore « Snowpiercer » et « Okja » pour ses incursions dans le cinéma américain. Après une Palme d’Or et un Oscar du meilleur film pour « Parasite« , Bong Joon-Ho fait enfin son retour avec une adaptation d’Edward Ashton. Dès la lecture du résumé de « Mickey 7« , le metteur en scène a été séduit par l’idée de suivre un personnage qui allait mourir plusieurs fois et être réimprimé à chaque fois.

Pour ce mois de Mars 2025, « Mickey 17 » est le gros événement. « Mickey 17 » est un projet qu’on a attendu et qui avait tendance à faire rêver, car en plus de s’aventurer dans un film de science-fiction qui se déroule dans l’espace et sur une planète inconnue, ce nouveau Bong Joon-ho voyait revenir le metteur en scène de « The Host » au film de monstres. Si, dans les thèmes que traverse « Mickey 17« , le nouveau Bong Joon-ho est intéressant, si le spectacle et l’aventure sont au rendez-vous, cet après « Parasite » va toutefois décevoir, car il est loin d’être aussi jouissif et original qu’il ne le laissait prévoir, et il nous laissera même sur notre faim.

« il en résulte un petit blockbuster sympathique, mais qui n’a rien d’incroyable non plus. »

Un groupe de colons est parti de la Terre pour coloniser une nouvelle planète. Parmi eux, il y a Mickey Barnes, qui a signé pour être un remplaçable. Son emploi et sa mission, c’est de mourir pour faire avancer l’humanité. Après sa mort, sa mémoire et sa conscience sont gardées et son corps est réimprimé, et c’est ainsi qu’il peut reprendre le cours de sa vie, jusqu’à sa prochaine mort… À ce moment de l’histoire, Mickey est déjà mort seize fois…

C’est donc en demi-teinte qu’on quitte le nouveau Bong Joon-ho. Le réalisateur fait son retour à Hollywood pour un projet démesuré qui, sur le papier, a tout pour être une bombe atomique. L’histoire a tout l’air d’être incroyable, puis le fait qu’on y trouve Bong Joon-ho à sa tête et d’excellents comédiens pour donner vie à cette intrigue, franchement, on avait tellement hâte de se plonger dans le délire de « Mickey 17« , et comme je le disais plus haut, il en résulte un petit blockbuster sympathique, mais qui n’a rien d’incroyable non plus.

Certes, cette histoire se suit avec intérêt. Au travers de ce que nous raconte Bong Joon-ho, « Mickey 17 » approche beaucoup de thèmes, et plus largement, il se pose comme une critique du capitalisme et de la lutte des classes, sujets qui sont chers à son réalisateur. Puis avec ça, le film pose la question de la conscience et de la mort, avec ce personnage qui ne cesse de mourir, qui sait parfaitement qu’il « renaîtra » par la suite, et pourtant, cette dernière fait toujours aussi peur.

« Mark Ruffalo et Toni Colette en font des tonnes »

Mais voilà, avec ça, « Mickey 17 » est un film qui s’aventure dans beaucoup de directions, et se fait bien trop riche, ce qui fait que d’un côté, il laisse la sensation de s’égarer, et de l’autre, sur beaucoup de ses sujets ou de ses personnages, il les survole et se fait trop simple. On restera assez déçu par exemple des méchants de l’histoire qui sont assez caricaturaux. Certes, l’égocentrisme, le pouvoir, l’argent, la religion, et la sensation de supériorité sont là, mais Mark Ruffalo et Toni Colette en font des tonnes, au point que ça finit par desservir leurs personnages, qui sombrent dans le cheap, et font presque méchant pour être méchant.

« Mickey 17« , c’est aussi des personnages secondaires qui ne sont pas assez développés, voire même mal développés à l’image de notre Anamaria Vartolomei qui d’un coup disparaît du scénario pour très faiblement revenir à la fin. Avec ça, le film est trop long pour ce qu’il raconte. « Mickey 17 » est un film qui dure deux heures et quart, et sans que l’on s’y ennuie, lorsqu’on y repense, pour cette intrigue-là sur cette durée-là, le film n’offre rien d’incroyable. Il se fait très sage et très lisse, il n’y a pas de prise de risque, comme si tout était fait pour plaire. En fait, sur le papier, il y a tout qui est là pour faire de « Mickey 17 » une bombe, et une fois en images, si l’ensemble est sympathique et intéressant, il y a pourtant un truc qui fait que le film n’est pas aussi grandiose que sur le papier.

Ainsi, malgré l’excellence de son réalisateur, malgré un double Robert Pattinson qui est très bon, malgré une histoire qui se veut originale, et des thèmes intéressants, ainsi qu’un bon univers, ce nouveau Bong Joon-ho ne restera qu’un petit divertissement qui fait son travail, mais qui n’arrivera jamais à être l’événement qu’il annonçait. Pour un film de Bong Joon-ho, « Mickey 17 » est donc une déception qui sait se faire sympathique. Dommage.

Note : 12/20

Par Cinéted