Avis :
La Scandinavie dispose des meilleurs groupes de Métal Symphonique qui soit. Entre la Suède, la Finlande, la Norvège ou encore le Danemark, c’est clairement dans ce coin du monde que ce sous-genre du métal a vu le jour et possède les groupes les plus connus. Outre Nightwish et consorts, il ne faut pas oublier Therion, une grosse formation dont le premier album remonte déjà au début des années 1990. Sorte d’hybride entre Heavy et Métal Symphonique, le groupe de Christofer Johnsson a rapidement su s’imposer avant de connaître une sorte de mutation pour s’enfermer dans un style grandiloquent, qui s’approche clairement d’un Opéra Métal. Sauf qu’en 2012, afin de fêter les 25 ans du groupe, le leader a décidé de faire un album complet de reprises de standards de la chanson française. Ainsi, nous avons pu avoir le très étrange Poupée de Cire, Poupée de Son en version métal sympho. Un mélange pas toujours adroit, mais qui avait le mérite de rendre hommage à la chanson française. Mais Therion aime la grandeur et la décadence. Et six ans plus tard, voilà que déboule Beloved Antichrist, un album concept qui se veut semblable à la décadence du groupe, à savoir un triple album qui est en fait une adaptation d’un livre du XIXème siècle. Trois heures de musique pour 46 pistes. Le groupe n’en fait-il pas trop ?
Le premier CD débute avec Turn From Heaven et annonce clairement la couleur. L’ambiance est de mise, un suspens s’installe jusqu’à ce que des chœurs féminins commencent à résonner, puis un joli riff de gratte prend le dessus. Le morceau est grandiloquent, prometteur avec ses cuivres, et on peut dire que l’on démarre avec l’envie d’en connaître un peu plus. Malheureusement, avec ce premier skeud, on va vite déchanter. A la première écoute, ce qui frappe nos tympans, c’est que le leader veut aller trop loin dans le délire de l’Opéra Métal. A un tel point que l’on finit par être agacé par tous ces maniérismes et par toutes ces pistes qui sont très longues et pour lesquelles on ne ressentira pas d’accroche. Et c’est le principal reproche que l’on pourra faire à Beloved Antichrist, c’est qu’à trop en faire, on ne trouve pas forcément son bonheur, rien ne reste à l’oreille et le manque de « hit » en puissance se fait ressentir. Alors bien évidemment, tout n’est pas à jeter dans cette première partie, on aura quelques riffs assez plaisants et des rythmiques plutôt bien trouvées, mais cette grandiloquence manque d’impact et de moments vraiment marquants.
Fort heureusement, Therion se rattrape avec les deux albums suivants, notamment le deuxième. Plus nerveux, plus rapide, il donnera plus de satisfaction que la première écoute. On notera des morceaux plus Heavy comme Behold Antichrist, où les riffs plus lourds des guitares prennent le pas sur les voix, et où la batterie tient un rôle prépondérant. On pourra aussi se réjouir avec Astral Sophia, qui est une sorte de pont entre deux morceaux, mais qui s’avère bien nerveux et qui montre que malgré tout, Therion n’est pas mort et offre aussi des titres écoutables. Le plus étrange, c’est que la troisième partie va être un mélange des deux premières. C’est-à-dire qu’il y aura des passages proches du lyrisme de la première partie et d’autres titres plus pêchus, ressemblant à la deuxième partie. On notera par exemple le surprenant Shoot Them Down ! qui commence le skeud et qui s’annonce comme un titre très Hard Fm, alors que Forgive Me sera un titre lyrique minimaliste, laissant énormément de place aux chanteuses qui s’en donneront à cœur joie. Et tout le problème de cet album se trouve là, dans un équilibre précaire, souvent casse-gueule et qui se rattrape un peu grâce à une instrumentalisation de qualité et un savoir-faire scénique assez intéressant. Car tout n’est pas à jeter dans cet album, mais il faut faire le tri, et sur 46 morceaux, c’est souvent long, parfois pénible et il peut arriver que cela ne colle pas du tout, surtout quand le leader lâche sa voix plus grave, qui parfois ne suit pas la cadence imposée.
Au final, Beloved Antichrist, le seizième album de Therion, souffre de nombreuses carences, mais surtout d’une longueur trop importante qui dépasse clairement le cadre de l’album concept. Nous sommes vraiment dans une expérience à part entière qui peut rebuter comme elle peut enchanter, mais force est de constater qu’il manque un visuel à tout ça. Avec une mise en scène adéquate et un show adapté, Therion peut peut-être changer l’approche de cet album, pour en faire quelque chose d’hybride, entre théâtre, opéra et concert métal. En l’état, ce seizième album comporte trop de défauts pour vraiment accrocher, mais il est de ces objets qui font bouger les choses dans le domaine musical et rien que pour cela, il faut y jeter une oreille.
CD1
- Turn From Heaven
- Where Will You Go ?
- Through Dust, Through Rain
- Signs are Here
- Never Again
- Bring Her Home
- The Solid Black Beyond
- The Crowning of Splendour
- Morning Has Broken
- Garden of Peace
- Our Destiny
- Anthem
- The Palace Ball
- Jewels From Afar
- Hail Caesar !
- What is Wrong ?
- Nothing But my Name
CD2
- The Arrival of Apollonius
- Pledging Loyalty
- Night Reborn
- Dagger of God
- Temple of New Jerusalem
- The Lions Roar
- Bringing the Gospel
- Laudate Dominum
- Remaining Silent
- Behold Antichrist
- Cursed by the Fallen
- Resurrection
- To Where I Weep
- Astral Sophia
- Thy Will Be Done !
CD3
- Shoot Them Down !
- Beneath the Starry Skies
- Forgive Me
- The Wasteland of my Heart
- Burning the Palace
- Prelude to War
- Day of Wrath
- Rise to War
- Time Has Come/Final Battle
- My Voyage Carries On
- Striking Darkness
- Seeds of Time
- To Shine Forever
- Theme of Antichrist
Note : 12/20
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Par AqME