
Auteur : Mathieu Lemaitre
Editeur : Auto-édition
Genre : Science-Fiction, Young Adult
Résumé :
Année 2132, la Terre n’est plus celle que nous connaissons : quatre-vingts ans plus tôt, un évènement inexpliqué a réduit à néant toutes les civilisations existantes. Jay, sa sœur Miti, ses parents ainsi que ses amis Kylian et Riley, orphelins, vivent ensemble dans l’une des dernières plaines habitables du monde. Les ressources manquent, les tempêtes de sable et autres évènements climatiques les contraignent à vivre la plupart du temps sous terre. Attaqués par des pillards venant du sud, ils se retrouvent démunis et n’ont d’autre choix que de fuir. Dans son exil, la famille découvre un message : il y aurait, à des milliers de kilomètres au nord, un refuge accueillant les restes de l’humanité. Toujours traqués, ils se lancent dans la traversée du Grand Désert, une terre réputée infranchissable. Cet Ancien Monde, rasé un demi-siècle auparavant, est-il si abandonné qu’ils le pensaient ? Enlèvements, manipulations, coups d’état : dans leur quête pour la survie, tous doivent affronter leurs propres peurs et les traumatismes d’une adolescence à peine terminée.
Avis :
La littérature Yong Adult est en plein essor depuis une bonne dizaine d’années, et de nombreux ouvrages ont été adaptés sur grand écran. On pense bien évidemment à Hunger Games, Divergente ou encore Labyrinthe, pour rester dans un registre de science-fiction. En parallèle de ce marché fructueux pour la littérature et le septième art, des maisons d’édition sont carrément devenues des spécialistes de la Young Adult, n’éditant que ça. Lumen est un exemple parmi d’autres, essayant de faire des sorties variées, allant de la Fantasy (Silver Batal) au fantastique (The Effigies) en passant aussi par l’horreur (Re/Member). Mais on peut aussi compter sur des auteurs indépendants, qui font faire de l’auto-édition afin d’avoir les coudées franches. Et là, on peut citer Mathieu Lemaitre qui, à la base, n’est pas écrivain, mais dont l’écriture est une passion dévorante, qui propose alors Résilience, premier tome d’une nouvelle franchise.
Nous sommes ici en 2132, au sein d’une communauté qui vit dans le désert. On apprend rapidement que le monde a connu un évènement majeur qui a ravagé toute la planète, et maintenant, l’humanité vivote via des colonies au milieu de terres stériles. Le roman nous place au côté d’une famille recomposée, où tout un chacun a un rôle important au sein de la communauté, mais aussi de sa propre famille, luttant pour sa survie, et vivant en fonction du soleil écrasant. Dès le début, le contexte est posé, et on sait sur quel univers on danse. Il y a des similitudes avec Mad Max pour le côté désertique, mais aussi avec l’arrivée de malfrats violents qui veulent faire main basse sur le village de notre famille. Les choses ne vont pas se passer comme prévu, et tout ce petit monde va fuir le village pour trouver refuge ailleurs.
Commence alors un voyage vers l’inconnu, une lutte constante pour la survie, et la découverte d’un message caché qui explique qu’un dôme existerait avec des millions de personnes, prônant bien-être et assurance d’une vie meilleure. Ce premier tome est donc l’histoire d’un voyage, de plusieurs rencontres, et d’un combat incessant pour survivre dans un milieu hostile. Un choix judicieux qui va permettre d’étoffer le lore de cet univers inédit, même si on retrouve de nombreuses références à la pop culture. Comme pour Mad Max, cité auparavant, mais on trouvera aussi des éléments propres à Divergente ou encore Le Labyrinthe. Mathieu Lemaitre semble maîtriser tous ces sujets à la perfection, et il va en profiter pour faire un récit à sa sauce, avec des personnages qui sont attachants. On pense notamment à Jay, l’aîné de la famille, qui a beaucoup de courage, mais dont le passé est relativement trouble.
On peut aussi évoquer Miti, la petite sœur ultra intelligente mais qui en a marre de passer pour la roue du carrosse au sein de sa famille. Il ne faut oublier les jumeaux Kylian et Riley, qui sont des pièces rapportées suite au décès de leurs parents, ou encore Sarah, la belle-mère qui prend beaucoup de risques et Richard, le père. L’auteur arrive à donner de l’épaisseur à tout le monde, et tout un chacun trouve une place importante au sein du récit, nous faisant alors ressentir de l’empathie pour cette famille, qui va s’agrandir par la suite, avec Yuri, un autre père de famille torturé, mais étonnement bien écrit. Si on pourrait presque reprocher une approche assez simple des antagonistes, on reste sur de la Young Adult de qualité, qui évoque le passage à l’âge adulte, la prise de responsabilité, et le fait de grandir vite pour s’en sortir.
Pour en revenir sur les méchants, on est vraiment sur du cliché, mais ce n’est pas bien grave. Car si Jonas reste un militaire qui assouvit un complexe d’infériorité en faisant régner une sorte de terreur dans son camp, les autres vilains seront plus insidieux, et ne feront qu’une courte, mais remarquée, apparition sur la fin de ce premier tome. En effet, l’auteur s’appuie sur des manipulateurs qui utilisent à tout va l’intelligence artificielle pour tromper son petit monde, et faire un peu ce qu’ils veulent. Le tout dans une atmosphère très futuriste, qui contraste avec un passage faisant penser au jeu Horizon Zero Dawn, entre les buildings écroulés et les animaux qui sont en fait des robots. Résilience est vraiment un périple passionnant où l’ennui ne pointe jamais le bout de son nez grâce à des péripéties diverses et variées, et des environnements inattendus.
Au final, Résilience est un premier roman vraiment réussi, et savamment mené. D’ailleurs, à titre de comparaison, pour sa maturité, l’ouvrage est sans aucun doute meilleur que Hunger Games et consorts, qui ont droit à leur maison d’édition, et leur adaptation cinématographique. Mathieu Lemaitre tient bien sa barque, use et digère parfaitement ses références pour offrir un vrai spectacle, avec des personnages qui tiennent la route. Seule ombre au tableau, l’emploi de la première personne du singulier qui, je trouve, gâche un peu l’immersion, et ne facilite pas forcément la fluidité de lecture. Mais cela n’est qu’un détail.
Note : 15/20
Par AqME