
Avis :
Quand on est un groupe de Métal français, et que l’on veut percer à l’international, en règle générale, on choisit de chanter en anglais, afin de se faire comprendre par le plus grand nombre. Les exemples sont légion, avec par exemple Gojira, mais on peut aussi compter sur la scène Metalcore montante, avec des formations comme Landmvrks ou Novelists. Ainsi donc, le choix d’Impureza de chanter en espagnol est assez étrange, surtout quand on est originaire d’Orléans. Mais cela se comprend par deux choses, les origines des membres du groupe, qui ont des racines hispaniques, mais aussi par les récits racontés, qui se déroulent tous en Espagne, ou dans des territoires parlant la langue de Cervantès, avec une profonde envie d’encrer ses chansons dans les histoires guerrières du pays ibérique. Mais au-delà de la langue utilisée, Impureza se démarque aussi par autre chose.
En effet, finalement, de nombreux groupes de métal espagnols arrivent à se faire connaître avec leur langue maternelle (Angelus Apatrida, pour ne citer qu’eux) et la particularité de nos français, c’est qu’ils arrivent à insérer des éléments de Flamenco au sein de leur Death Métal. On connaissait des inserts jazzy, quelques groupes s’amusent à mettre du saxophone, mais c’est bien le seul groupe qui arrive à inclure des moments folkloriques en son sein. Alcazares est le troisième album studio de la formation, qui en a quand même bavé pour se faire connaître, puisqu’il a fallu six ans à Impureza pour sortir un premier album, La Iglesia del Odio, paru chez Snakebite Productions, un petit label français. Par la suite, il faudra attendre sept ans avant de voir débouler un nouvel opus, cette fois-ci chez Season of Mist, un plus gros label, qui va leur faire confiance pour ce troisième skeud.
Et on peut dire qu’ils ont bien fait, car Alcazares est une réussite sur tous les fronts. Le skeud débute avec Verdiales, une introduction en flamenco, mais qui détient une grosse part de noirceur dans son arrière-plan. On entend toute la maestria technique derrière, et le groupe arrive à allier deux styles qui semblent pourtant antinomiques. C’est alors que déboule Bajo las Tizonas de Toledo, un gros pavé dans la tronche qui démontre des éléments Death Prog dans les riffs, et qui fait parler la poudre avec un chant purement growlé. L’ensemble tient bien la route, dans un élan de violence maîtrisée, et avec des inserts folkloriques qui trouvent parfaitement leur place. Rien n’est incongru, tout est pensé pour nous plonger dans un univers de guerre, mais avec une chaleur insoupçonnée. Bref, cette entrée en matière frappe fort. Et la suite sera du même acabit.

Covadonga, qui est le nom d’une église où, en 722, l’armée espagnole arrête la progression de l’armée musulmane, est beaucoup plus direct et frappe bien plus fort. Ici, le groupe revient avec des éléments Death plus classiques, mais le tout est emballé avec talent. Puis Pestilencia débute avec une introduction flamenco. On replonge dans une ambiance estivale avant de nous asséner un coup de massue avec un riff bien rugueux, et une énergie qui revient aux fondamentaux. Encore une fois, le groupe montre qu’il ne fait pas n’importe quoi dans ses mélanges, et que l’ensemble est pensé de façon intelligente. Tout comme Reconquistar Al-Andalus, un long titre qui joue plus sur la technique et sur une construction complexe. Si on peut regretter peut-être un refrain peu marqué, globalement, on prend quand même une grosse claque dans la tronche, avec des guitaristes de folie.
Muralles, qui est un autre nom que l’on donne à l’Espagne, fait office d’interlude flamenco avant d’entamer de nouvelles hostilités avec La Orden del Yelmo Negro. Le titre se révèle assez complexe, avec un aspect ésotérique très sombre, mais il est aussi très efficace dans son énergie et sa puissance. Castigos Eclesiasticos (entendez par là les châtiments corporels des ecclésiastiques) est un morceau réjouissant, solide, et qui monte progressivement. Puis El Ejercitos de los Fallecidos de Alarcos déboule avec la même puissance, et une grosse envie de nous mettre une dérouillée. C’est solide et il sera difficile de ne pas headbanger sur ce titre. Ruina del Alcazar est une derrière interlude plutôt mélancolique qui permet alors à Santa Inquisicion de mieux nous percuter, avec un Death bourrin, mais un refrain en chant clair parfaitement entêtant, que l’on se plaira à reprendre à tue-tête.
Au final, Alcazares, le dernier album d’Impureza, est une belle réussite, qui a bien valu ces huit ans d’absence. En même temps, on sait que le groupe prend son temps pour sortir de nouvelles galettes, donc on n’est pas surpris de ce point de vue-là. En tous les cas, le mélange de Death et Flamenco fonctionne à merveille, au sein d’un album complet, dense et très intéressant dans son histoire et les thèmes brassés. Bref, ce groupe mérite un plus vive attention !
- Verdiales
- Bajo la Tizonas de Toledo
- Covadonga
- Pestilencia
- Reconquistar Al-Andalus
- Murallas
- La Orden del Yelmo Negro
- Castigos Eclesiasticos
- El Ejercito de la Fallecidos de Alarcos
- Ruina del Alcazar
- Santa Inquisicion
Note : 17/20
Par AqME