avril 25, 2024

Jinjer – Macro

Avis :

Les changements de line-up sont monnaie courante dans le monde de la musique. Que ce soit pour désaccord artistique, pour raisons familiales ou de santé, ou encore parce qu’on a envie de coller son poing dans la gueule de l’un des membres, les raisons d’un remplacement d’un musicien par un autre dans un groupe sont nombreuses et compréhensibles. Ce qui est plus rare, c’est qu’un groupe survive avec aucun des membres d’origine. C’est pourtant le cas avec Jinjer. Formé en 2009 en Ukraine, le groupe va rapidement changer de guitariste et de chanteur, pour passer à une chanteuse. Le groupe se lance vraiment, avant de changer de bassiste en 2011, puis faire quelques rotations de batteurs jusqu’à trouver une stabilité en 2016. Et c’est là que Jinjer explose littéralement, premièrement avec l’EP Micro, puis avec Macro, quatrième effort du groupe sorti en 2019. Et on comprend pourquoi !

Puissance et mélodie

Le skeud débute avec On the Top et le moins que l’on puisse dire, c’est que comme entrée en la matière, ça frappe très fort. Les riffs sont brutaux, la voix de Tatiana défouraille sévère et on se retrouve très vite à headbanger comme un bon gros débile. L’énergie est palpable, la syncope du rythme évoque du Djent, avant de dérouler vers un Groove motivant et un chant clair qui ne souffre d’aucune rupture. On se surprendra même à reprendre en chœur un « for you » en growl, avec l’envie de taper sur tout ce qui bouge. Un très gros morceau qui annonce la couleur d’un album d’une très grande qualité. Cela se vérifiera avec Pit of Consciousness, plus virulent encore dans les riffs et la brutalité, mais plus lent en termes de rythme.

Pour autant, le groupe va réussir à rendre tout cela accessible, notamment grâce à une alternance parfaite de chant clair et growl, et une rupture de rythme qui force au respect. D’ailleurs, le titre qui est le plus à l’image du groupe reste Judgement (& Punishment). Notamment parce qu’il démarre de façon rugueuse, avant de proposer un changement radical en faisant… du reggae. Les couplets bénéficieront alors d’une ligne de basse parfaite et d’un chant clair qui prouve, si besoin l’en est, la qualité technique de Tatiana. Le groupe sort de sa zone de confort, fait ce qu’il a envie, mais surtout, il le fait avec une logique imparable et un sens du rythme qui est impressionnant. Jinjer ne tombe jamais dans la surenchère de la violence et rompt les tonalités pour mieux surprendre et marquer. Et même s’il y a du blast ou des breaks qui fracassent.

De l’émotion malgré tout

Bien entendu, comme toujours avec ce genre de groupe qui se veut virulent et percutant, on peut se poser la question de l’émotion. Est-elle présente ? Ou avons-nous droit à de l’énergie pure et dure ? Jinjer fait le choix de mélanger les deux et produire finalement un objet hybride intéressant et très réussi. Retrospection propose un couplet fortiche, tout en douceur, avec même un premier morceau chanté en ukrainien. C’est non seulement très joli, mais en plus cela apporte un vent de mélancolie qui est bienvenu. On retrouvera cela dans Lainnerep, qui est une réponse calme à Perennial que l’on retrouve dans l’EP Micro. Le groupe ne se contente pas de beugler comme un sourd. Et c’est justement cet équilibre qui est parfaitement dosé au sein de l’album.

Si certains morceaux tabassent très fort comme Noah qui ne laisse aucune minute de répit, avec un final en apothéose, d’autres apportent leurs moments de nostalgie, de fraîcheur et de repos. Même Home Back et son démarrage en pur Djent propose des passages en chant clair qui font du bien et permettent au groupe de ne pas sombrer dans une violence trop prégnante et qui prend le pas sur la mélodie. En plus de cela, les compos sont assez complexes, ne se reposant jamais sur un format calibré. Les titres sont longs, travaillés et proposent tous de jolies variations, à l’image de Pausing Death et son énergie fracassante ou encore The Prophecy qui démarre tout en blast avec de terminer sur uniquement du chant clair et une ambiance apocalyptique.

Au final, Macro est un très gros morceau proposé par Jinjer. L’album est une réussite de A à Z et ne faiblit à aucun moment. On en prend plein la gueule, mais tous les titres sont imposants et possèdent leur identité propre, lorgnant constamment entre du Groove, du Death, du Prog et quelques élans Djent. De ce mélange, le groupe trouve une recette idéale qui fait mouche à chaque fois et offre ce qui semble bien être sa meilleure galette.

  • On the Top
  • Pit of Consciousness
  • Judgement (& Punishment)
  • Retrospection
  • Pausing Death
  • Noah
  • Home Back
  • The Prophecy
  • Lainnerep

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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