Avis :
Un super-groupe, dans le domaine de la musique, est un regroupement de musiciens et de chanteurs ayant officié dans diverses bandes plus ou moins connues. Parmi les exemples les plus connus, on peut citer Chickenfoot ou encore Them Crooked Vultures. Parfois, certains super-groupes sont moins connus que d’autres, malgré des atouts majeurs, et c’est le cas de Black Swan. On y retrouve Robin McAuley au chant (anciennement Schenker Group), Reb Beach à la guitare (anciennement Whitesnake), Jeff Pilson à la basse (que l’on a retrouvé chez Dokken ou Foreigner) et Matt Starr à la batterie (qui provient de Ace Frehley et Mr. Big). Bref, du gros et du lourd, et pourtant, le groupe reste assez confidentiel, tout du moins du côté de la France, puisque la musique, dès qu’elle va dans le rock, n’est plus démocratisé. Shake the World est le premier effort de la bande.
Et c’est aussi le titre du premier titre, qui va mettre tout le monde d’accord. Car si on pouvait s’attendre à des élans Hard du type années 80 (forcément avec des types qui avoisine les 70 ans), cette entrée en matière va bien défourailler. On y retrouve du Airbourne avec une énergie folle et une grosse envie de taper dans le gras. C’est très entrainant, et surtout, ça ne se perd pas du tout en cours de route. Le seul petit bémol que l’on peut émettre, c’est sur le pré-chorus, qui reste un peu en deçà du reste. Mais on chipote. Big Disaster va continuer sur ce joli petit bonhomme de chemin, avec une rythmique moins rapide, mais un sens du groove qui force le respect. Non seulement cela donne une furieuse envie de danser, mais c’est surtout parfaitement exécuté. D’un point de vue technique, c’est nickel !
Avec Johnny Came Marching, on retrouve ce sacré sens du groove, avec un riff percutant, mais exécuté de manière à bien faire bouger les nuques. Même si le titre est assez long, dépassant allègrement les cinq minutes, les différents petits solos passent comme une lettre à la poste, et le chant est impressionnant. Malgré les 67 ans du chanteur (en 2020), on ne ressent aucune faiblesse, et on se demande bien comment Robin McAuley peut rester à ce point si confidentiel. Immortal Souls sera dans le même moule, tirant un peu plus sur la longueur du titre, mais encore une fois, les différents ponts entre les couplets sont tout simplement parfaits. La ligne de basse est assez dingue et on reste vraiment dans ce que sait faire le groupe de mieux. Il est dommage que Make it There sente un peu le passage obligé.
Là, on est dans la ballade sirupeuse et tout cela manque vraiment d’implication. Alors certes, c’est joli et ça résonne très années 80, mais il lui manquera un petit truc pour sortir du lot, pour offrir quelque chose de plus percutant, ou de plus touchant. She’s on to Us démarre assez fort, avec un riff bien gras et un petit solo des familles, mais globalement, le morceau ne reste pas en tête. Rien de bien dommageable car on passe un très bon moment, mais c’est un poil en deçà des autres titres. Heureusement, The Rock That Rolled Away va rehausser le tout, avec un morceau fort agréable, bien Hard et qui démontre, si besoin l’en est, les qualités techniques des musiciens. On reste dans quelque chose de très calibré, mais c’est fait avec envie et cœur, et rien que pour ça, ça vaut le détour.
Long Road to Nowhere est là aussi un excellent titre, très rythmé et qui reste dans une zone de confort appréciable. Oui, le super-groupe ne prend pas vraiment de risque, mais c’est très entrainant, et surtout, les solos sont vraiment forts. On voit que la guitare est l’instrument central de la bande, et Reb Beach s’en donne à cœur joie. Sacred Place pourrait paraître un peu en dessous, notamment à cause de son mid-tempo et de son aspect un peu doux. Mais la force de ce titre réside clairement dans ses paroles, facilement mémorisables et qui restent un long moment. On se surprendra même à chanter le refrain au bout d’une écoute. Unless we Change va nous prendre à revers avec son intro baroque avant de nous asséner d’un riff surpuissant. Enfin, Divided/United vient clôturer l’album avec une chanson qui commence de façon douce, avant de faire péter les riffs.
Au final, Shake the World, le premier album du super-groupe Black Swan, est une étonnante belle surprise. On n’avait peur de tomber dans du soft rock sans trop de pêche, et finalement, on se retrouve avec un effort typé Hard 80’s mais avec une envie d’en découdre qui fait plaisir à entendre. Même si une paire de titres sont en deçà du reste, on est tout de même sur un album d’excellente facture qui, effectivement, fait bien bouger le monde !
- Shake the World
- Big Disaster
- Johnny Came Marching
- Immortal Souls
- Make it There
- She’s on to Us
- The Rock That Rolled Away
- Long Road to Nowhere
- Sacred Place
- Unless we Change
- Divided/United
Note : 17/20
Par AqME