
Avis :
L’univers du métal est peuplé de personnages peu recommandables, et qui tiennent des propos affligeants. On peut parler du racolage de Till Lindemann pour attirer de jeunes femmes dans son lit après les concerts, ou encore Ronnie Radke et sa complicité de meurtre, ainsi que ses tweets ouvertement homophobes, transphobes et racistes. Personnage qui a fait polémique aussi, Alex Terrible, vocaliste du groupe de Deathcore russe Slaughter to Prevail. En effet, des rumeurs lui accordent des affiliations avec des groupuscules néo-nazis et transphobes. Cependant, rien n’a été prouvé, et surtout, le chanteur s’est toujours ouvertement défendu sur ses sujets, tout comme il s’est opposé à la guerre en Ukraine, déménageant même en Floride à cause de la politique de son pays. De plus, il serait bon de se rappeler que si Alex Terrible a percé, c’est grâce à ses vidéos où il growle plutôt qu’à autre chose.
Mais le personnage reste assez charismatique, et il peut déplaire à certains. Bâti comme un colosse, amateur de combats à mains nues, attitude bravache lors des concerts, et parfois un peu lourd quand il faut faire le plus grand wall of death de tous les temps au Hellfest, Alex Terrible fait désormais partie intégrante du paysage métal. Grizzly est le troisième album de la formation russe (mais qui a été fondé avec un guitariste anglais), et on pouvait s’attendre à un gros truc de bourrin sans cervelle. Baignant dans un Deathcore classique, on ne peut pas dire que l’on attendait ce troisième effort avec impatience, et pourtant, après plusieurs écoutes, on va se rendre compte que ce n’est pas si mal que ça, même si ça reste trop long pour le genre. Et tout commence avec Banditos et ses faux airs de Lorna Shore.
Il semblerait que le groupe de Will Ramos ait inspiré les russes, puisque ce premier titre comporte des éléments symphoniques pour épaissir un son déjà bien lourd. C’est puissant, assez technique, mais ça demeure surtout ultra efficace. Tout comme Russian Grizzly in America, qui lui tirera plus vers du Slipknot. La rythmique, les riffs syncopés, on peut nier certaines affiliations avec le groupe de Des Moines. En abordant Imdead, des relents de Falling in Reverse se feront ressentir, et ce n’est pas un hasard, puisque Ronnie Radke vient pointer le bout de son nez. Le titre est rapide, ultra violent, mais il n’a pas vraiment de moments forts, restant sur une ligne conductrice similaire du début à la fin. Babayka est un autre morceau assez classique, même si on aura droit à du chant clair en russe, donnant alors un intérêt à l’ensemble.

Viking sera un titre assez évocateur, et qui ne fait pas dans la dentelle. On appréciera le travail sur l’intro, et la voix guttural du chanteur, mais globalement, ça reste un morceau simple et puissant. On prendra plus de plaisir sur Koschei et son démarrage à la guitare sèche qui permet de lancer la mélodie par la suite, avec des faux airs de Rammstein dans sa rythmique. Puis survient Song 3 en featuring avec Babymetal. Le résultat est attendu et sans grande surprise, avec un côté japonais apporté par le groupe nippon, mais ça reste anecdotique au sein de l’album. Puis Lift That Shit va pousser les curseurs au maximum. Le groupe s’amuse avec des paroles débiles à aller au bout d’eux-mêmes et à fournir une image de gros écervelés pour notre plus grand plaisir. Mais c’est globalement satisfaisant, avec quelques relents Hardcore pas dégueulasses.
Comme tout gros bourrin qui se respecte, Alex Terrible est un fan du manga Berserk, et Behelit est un titre qui est dédié à l’œuvre de Kentaro Miura. Les apports symphoniques sont parfaits, et le morceau possède vraiment une belle aura puissante et prégnante. C’est peut-être le plus réussi de l’album d’ailleurs. Rodina sera aussi un excellent titre relativement touchant dans son introduction, puis la suite, plus virulente, bénéficiera de touches symphoniques vraiment intéressantes et puissantes. La montée crescendo est impressionnante de maîtrise d’ailleurs. Conflict sera un morceau très court mais ultra percutant, avant de laisser la place à Kid of Darkness qui renoue avec des bribes de Slipknot dans son esprit. Enfin, 1984 clôture l’album en signant un pamphlet contre la guerre et le gouvernement russe, en s’appuyant sur le roman de George Orwell. Le morceau est très classique, mais il est redoutablement efficace.
Au final, Grizzly, le dernier album de Slaughter to Prevail, peut se voir comme une bonne surprise, puisqu’on n’attendait pas grand-chose de cet effort, sinon un disque de bourrin. Mais finalement, l’album se fait plus finaud qu’il n’y parait, avec des références dans tous les sens, et surtout quelques éléments de réflexion et des prises de position politiques courageuses. Bref, pas de quoi se relever la nuit, mais ça reste sans aucun doute le meilleur album du groupe, à ce jour.
- Banditos
- Russian Grizzly in America
- Imdead feat Ronnie Radke
- Babayka
- Viking
- Koschei
- Song 3 feat Babymetal
- Lift That Shit
- Behelit
- Rodina
- Conflict
- Kid of Darkness
- 1984
Note : 15/20
Par AqME