Avis :
De façon générale, on a tendance à dire que trois groupes sont les piliers du Death Mélodique, et que ces trois groupes proviennent de Suède. Il s’agit de In Flames, At the Gates et Dark Tranquillity. Ce dernier est fondé en 1991 par Mikael Stanne, qui est au départ le guitariste rythmique, mais qui va prendre le micro après le départ d’Anders Friden pour fonder In Flames. Depuis, le groupe a changé plusieurs fois de line-up, tant et si bien que seul Mikael Stanne est depuis le début dans le groupe. Endtime Signals est le treizième album studio du groupe, et il marque un léger changement, puisqu’il est le premier avec Christian Jansson à la basse et Joakim Standberg Nilsson à la batterie, qui remplacent alors Anders Iwers et Anders Jivarp qui ont quitté le groupe en 2021.
Les attentes autour de cet album n’étaient pas forcément énormes. Le groupe sort des albums tous les trois/quatre ans, et Moment, paru en 2020, n’a pas forcément marqué les esprits. Il faut dire que depuis quelques années maintenant, Dark Tranquillity se contente de faire du Dark Tranquillity sans forcément se fouler. De ce fait, on aurait pu croire que le changement de line-up allait permettre au groupe de se renouveler et d’offrir une galette avec de nouvelles facettes, mais ce ne sera pas le cas. Alors, attention, cela ne veut pas dire que Endtime Signals est un mauvais skeud, au contraire, on y prend beaucoup de plaisir, mais on sent que le groupe n’a plus vraiment la flamme des débuts, et cela malgré le leading laissé à Johan Reinholdz, qui va en profiter pour mieux s’exprimer à la guitare. Et cela se ressent dès le premier morceau, Shivers and Voids.
Le début est plutôt mélancolique, mais assez rapidement, la nervosité prend le dessus, et on va avoir droit à du Death mélodique dans la plus pure tradition. Cependant, la mélodie est très agréable, le chant, tout en growl, renforce ce sentiment de puissance, et on a vraiment l’impression que Dark Tranquillity revient à son meilleur niveau, même si on peut regretter une ambiance qui n’est pas plus élaborée. Néanmoins, on reste dans le haut du panier, et surtout, on est sur un titre qui fait amplement le taf. Unforgivable suit ce même schéma, à un détail près, il est beaucoup moins marquant. La mélodie est plus quelconque, et il manque un point d’orgue au titre. Il n’y a pas de break, pas de gros solo, et au final, malgré un riff solide et rapide au démarrage, on reste sur quelque chose de trop classique pour impressionner.
A ce jeu-là, Neuronal Fire possède une vraie mélopée qui reste en tête, mais qui s’avère être trop douce pour vraiment marquer les esprits. Si le chant, tout en growl est maîtrisé, c’est le clavier qui vient trop adoucir l’ensemble, et le refrain s’en retrouve complètement gâché. Not Nothing marque un léger tournant dans la tracklist, puisqu’il s’agit du premier morceau qui comporte du chant clair. Le groupe revient à quelque chose de plus doux dans certains segments, et franchement, ça fonctionne. Ici, on ressent de l’émotion, une construction simple mais qui marche bien, et surtout un bon refrain ainsi qu’un break qui met en avant la guitare. Et ce moment un peu plus calme permet à Drowned Out Voices de mieux nous percuter. Ultra nerveux dans son tempo et son riff, ainsi que dans son chant, le titre vient nous redonner un coup de fouet qui fait plaisir.
Pour marquer le milieu de l’album, et le groupe l’avait plus ou moins annoncé, on aura droit à une ballade, avec One of Us is Gone, chanson hommage à Fredrik Johansson, ancien guitariste du groupe décédé en 2022. Et oui, le titre est joli, même s’il reste très classique dans sa structure. Mais comme précédemment, il permettra à The Last Imagination de mieux nous frapper derrière la nuque, avec un titre mélancolique, mais fort d’un refrain qui reste un long moment en tête. Et que dire que ce riff velu qui donne gentiment envie de se détacher la nuque. Enforced Perspective renoue avec les débuts du groupe, et délivre un Death assez sauvage qui démontre que malgré l’aspect classique de l’album (dans sa globalité), on retrouve tout de même de belles choses. Et puis le solo délivré en milieu de titre est peut-être court, mais il très efficace.
Avec Our Disconnect, le groupe propose un morceau qui dépasse les cinq minutes, ce qui pourrait nous faire croire à quelque chose de plus travaillé, ou avec une ambiance plus intéressante. Mais si le titre est bien, il manque cruellement de profondeur et d’une orchestration plus impressionnante. Et Wayward Eyes ne va pas forcément aller vers le meilleur du groupe. On est face à quelque chose d’assez téléphoné, qui manque d’énergie et de nouveauté. On peut voir que le groupe cède un peu à la facilité avec ce genre de titre. Heureusement pour nous, A Bleaker Sun va venir nous titiller les esgourdes avec une rythmique de zinzin et un Death qui secoue un peu plus. Pas de refrain en chant clair ultra mélo, ici, ça tape et rien et d’autre. Enfin, False Reflection est la deuxième ballade de l’album, et ça reste un bon titre, bien que quelconque…
Au final, Endtime Signals, le dernier album en date de Dark Tranquillity, est un bon album, tout du moins meilleur que le précédent, mais on ne peut pas dire non plus que l’on retrouve les fulgurances des débuts. Si certains titres tentent de renouer avec le passé glorieux des suédois, d’autres font directement référence aux albums récents, et on peut un peu grincer des dents, sans pour autant ressentir de la déception, car Dark Tranquillity reste un excellent groupe. Un groupe qui tourne un peu en rond, qui n’arrive pas forcément à sortir de sa zone de confort, mais qui est toujours dans le qualitatif malgré tout.
- Shivers and Voids
- Unforgivable
- Neuronal Fire
- Not Nothing
- Drowned Out Voices
- One of Us is Gone
- The Last Imagination
- Enforced Perspective
- Our Disconnect
- Wayward Eyes
- A Bleaker Sun
- False Reflection
Note : 14,5/20
Par AqME