octobre 10, 2024

Yummy – Du Sale

De : Lars Damoiseaux

Avec Maaike Neuville, Bart Hollanders, Benjamin Ramon, Clara Cleymans

Année : 2019

Pays : Belgique

Genre : Comédie, Horreur

Résumé :

Un jeune couple d’amoureux se rend dans une clinique d’Europe de l’Est spécialisée dans la chirurgie esthétique à des prix défiant toute concurrence pour revoir à la hausse la poitrine de madame. Evidemment, tout ne va pas se passer comme prévu, d’autant que la clinique souffre d’une légère infestation de zombies.

Avis :

Faire un film de zombies aujourd’hui, c’est prendre un gros risque. En effet, on en a tellement bouffé que maintenant, trouver de nouvelles idées pour aborder le mort-vivant est compliqué. On a beau changer de lieu, d’époque, le fond est quasiment toujours le même, l’être humain est pire que le zombie. En ce sens, le pari de Lars Damoiseaux est donc risqué. Deuxième film pour le jeune réalisateur belge, Yummy se veut être une comédie horrifique autour des zombies au sein d’un hôpital de chirurgie esthétique russe. Rien de bien neuf à l’horizon, et clairement, à la sortie du long-métrage, ce sera toujours le cas. Mais, si l’on excepte un scénario turbo débile, le film en question se révèle jouissif à plus d’un titre, notamment grâce à un esprit de sale gosse totalement assumé.

Le pitch n’a finalement que peu d’intérêt ici. Une jeune femme veut faire une réduction mammaire, et elle va traverser l’Europe pour aller en Russie, où les coûts sont moins élevés. Sur place, alors que tout le monde et gentil, son compagnon, qui a la phobie du sang, découvre une femme attachée à son lit, et qui essaye de le mordre. Paniqué, il fuit, la zombie se libère et un déferlement de morts-vivants se produit dans l’hôpital. Il ne faut pas chercher plus loin, car le film n’apporte réellement aucun fond à son histoire. On va suivre un groupe de survivants, qui vont échouer les uns après les autres, et c’est tout. Alors oui, on pourrait reprocher au film son manque de fond et d’analyse, mais tout l’intérêt de Yummy se déroule sous nos yeux.

« Un film dégueulasse, gore et irrévérencieux. »

Lars Damoiseaux sait pertinemment que faire un film de zombie est dur, et pour pallier à cela, il décide d’aller au bout des choses et de livrer un film dégueulasse, gore et irrévérencieux. Après une courte présentation des principaux personnages qui remplissent tous des fonctions précises (la bombasse, le petit copain maladroit, l’employé beau gosse un peu creepy, la femme fatale qui assiste le médecin, la mère égocentrée qui refuse de vieillir), on va rentrer dans le vif du sujet au bout d’une dizaine de minutes, et le film ne va jamais nous lâcher. C’est bien simple, d’un point de vue rythmique, Yummy ne perd pas de temps, et donne au spectateur ce qu’il était venu chercher, à savoir du sang, du gore, du sexe déviant et une franche rigolade face à des séquences complètement délirantes.

Et du sale, on va en avoir. Le réalisateur utilise tout ce qu’il peut utiliser dans un hôpital de chirurgie esthétique pour faire des trucs immondes. On songe à ce pauvre type qui se fait liposucer, mais dans la panique, la machine réinjecte le gras, jusqu’à le faire exploser. Certains zombies sont relativement bien foutus, avec des effets spéciaux qui évitent les CGI numériques, pour offrir plus de crédibilité. Et on ne parle même pas des décapitations, des types qui sautent du toit pour s’écraser en contre-bas, de doigts coupés pour se sortir d’une situation inextricable, ou encore de gros coups de hache dans la tête. Une scène mémorable, qui injecte en prime de la dramaturgie et de l’épaisseur au personnage principal qui fait face à un choix cornélien et difficile.

« Lars Damoiseaux possède un œil assez incisif. »

Le plus surprenant là-dedans, c’est que pour un jeune réalisateur, Lars Damoiseaux possède un œil assez incisif. Si l’on doit comparer son film à d’autres premiers films, il y a une vraie qualité d’image et une envie de faire une mise en scène propre, avec un bon travail autour de la lumière et de la photographie. Alors certes, il n’y aura pas de grands plans, ni même du « beau », mais c’est assez rare de voir un quasi premier film avec une telle qualité technique. Même les effets spéciaux sont canons, tout du moins ceux artisanaux, fait avec du latex et du maquillage. Par contre, dès qu’on rentre dans des incrustations numériques, c’est de suite moins joli, et ça nous sort du film.

Enfin, l’autre point positif autour de ce film, c’est la justesse de son équilibre. C’est-à-dire que bien souvent, dans des comédie horrifique, l’humour prend le pas sur l’horreur, et on se retrouve avec un film déséquilibré, qui n’arrive pas à trouver le ton adéquat. En gros, soit l’humour est lourd, et désamorce l’horreur, soit l’horreur n’est pas présente. Ici, avec Yummy, le réalisateur trouve le juste milieu. C’est drôle, souvent irrévérencieux (le mec qui perd sa bite, c’est hilarant), mais c’est aussi trash, horrifique et nihiliste. C’est ce qui fait le charme du film et lui permet de sortir de la masse, ne sombrant jamais dans le tout-venant et assumant totalement son propos punk.

Au final, Yummy est une comédie horrifique relativement réussie. Si l’on n’est pas non plus dans les chancres du genre, on reste sur un film tout à fait honnête, qui est perclus d’envie de cinéma et qui essaye de faire les choses plus que correctement. Sale, drôle, gore, débile, ne lâchant jamais son spectateur dans son rollercoaster cradingue, Yummy est une bonne surprise où il faut avoir l’estomac bien accroché, mais pas besoin de manger avant, puisqu’il parait qu’un fou rire équivaut à un bon steak.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.