octobre 14, 2024
BD

Empires

Auteurs : Nicolas Jarry et Miguel Angel Ruiz

Editeur : Oxymore Editions

Genre : Fantasy

Résumé :

Keffe, l’un des trois empereurs du Sud, s’est éteint. Mais comme à chaque fois depuis des milliers d’années, il doit renaître au coeur du désert profond et venir reprendre sa place dans la cité impériale de Djaname’Syrt. Dans le Nord, Tulas, l’irascible capitaine de la compagnie des Ombres, est en mauvaise posture. Des pirates ont massacré les pèlerins dont il avait la charge et ce n’est qu’une question de temps avant que son employeur ne vienne réclamer sa tête. Et comme si ça ne suffisait pas, le nouveau-né qui a miraculeusement échappé au carnage porte une étrange lune argentée sur le front, l’une des marques de la trinité impériale du Sud, celle de Keffe…

Avis :

La Fantasy, dans le neuvième art, on commence à en souper un paquet. Depuis l’avènement de La Quête de l’Oiseau du Temps et tout l’univers autour de Troy (à savoir Lanfeust, Trolls, Les Conquérant, etc…), on voit sortir à tour de bras des séries qui jouent dans cet univers, en essayant de proposer des choses nouvelles. Et visiblement, c’est Oxymore Editions, c’est devenu un point d’appui sérieux, avec des séries comme Titans, West Fantasy ou encore Empires. Si les mondes sont différents et se veulent originaux, ces trois séries sont reliées par un point commun, chaque tome est dessiné par un artiste différent, permettant alors une diffusion plus rapide, avec un album tous les deux mois environ. Cependant, si l’on jette un œil attentif sur les univers, sont-ils si originaux que ça ? Le changement d’artiste n’est-il pas qu’un projet marketing ?

Car si West Fantasy avait le mérite de mélanger le western avec la Fantasy pour un résultat étonnant et plaisant, en est-il de même avec Empires, qui embrasse à bras le corps la Dark Fantasy ? Ici, chaque tome va présente une histoire différente, avec des personnages différents. On va donc suivre un capitaine de navire irascible, Tulas, qui se retrouve dans une situation compliquée lorsque les prêtres qu’il devait défendre sont retrouvés morts. Sur son chemin, il découvre une jeune fille avec son petit frère dans les bras, et ce dernier est la réincarnation d’une divinité du Sud. Il décide alors que les amener jusqu’à chez eux pour que leur peuple puisse éviter la guerre. Une guerre qui, de toute façon, se profile quand même, la faute à des enjeux géopolitiques et religieux qui gangrènent le monde.

Rien de bien neuf à l’horizon, on rentre même dans les clichés du genre au niveau des personnages. A savoir un capitaine âgé et de mauvaise humeur, une acolyte brutale qui va toute faire pour aider son supérieur, un bébé avec des pouvoirs, ou encore des méchants qui sont de vrais monstres, entre un hybride, une sorcière et un chevalier qui est en fait le fils du « héros ». Bref, on reste dans des carcans que l’on connait bien, et Empires n’apporte pas vraiment d’innovation là-dedans. Même au niveau de l’univers présenté, on sent toutes les influences possibles, de Game of Thrones en passant par Lanfeust et consorts. Le nord contient des peuples proches des vikings. Le sud à des peuples à la peau mate vivant dans le désert. Et au milieu, on a un empire qui veut tout diriger en faisant passer sa foi avant celle des autres.

Rapidement, on navigue en eaux connues, et Empires aura bien du mal à s’extirper de son monde convenu. Même au niveau de la mythologie, on sera sur quelque chose de simple, avec trois croyances qui se percutent, mais une qui veut réunir les trois autres sous sa bannière pour soi-disant reconstituer une déesse brisée. Au milieu de tout ça, on a droit à quelques éléments historiques avec notamment une guerre antédiluvienne qui opposa la surface aux abysses, avec des monstres qui sortent de temps à autre. Oui, on reste dans du très classique, et même si c’est un univers original, en grattant un peu, on se rend compte que l’on connait déjà cela par cœur. Mais pour autant, la lecture est plaisante et cela est dû à une histoire rondement menée, et des graphismes superbes.

Ce premier tome doit remplir deux cases précises : raconter une histoire autour de personnages, mais aussi raconter l’histoire du monde et poser les éléments de base d’un univers qui servira pour quatre autres tomes. Et franchement, ces deux objectifs sont remplis. La narration est principalement faite en voix-off, avec le capitaine qui raconte son aventure, sa vie, et donc les éléments qui ont construit ce monde, avec les trois peuplades qui doivent cohabiter. Cela permet d’avoir plus d’espace pour les dessins, mais aussi de raconter l’histoire dans l’histoire, sans jamais avoir recours à des flashbacks qui casseraient le rythme. Un rythme soutenu, bourré d’aventures, de conflits, et de personnages plus ou moins complexes, notamment le héros qui se dévoile au fur et à mesure, jusqu’à un final tragique.

Et il faut aussi tirer notre chapeau à Miguel Angel Ruiz dont c’est la première bande-dessinée. Alors le dessinateur ne sort pas de nulle part, il est diplômé de l’école d’art Mateo Inurria, il a collaboré avec plusieurs maisons d’édition dans le comics, notamment chez Dark Horse Comics, mais il donne vraiment corps à cette histoire. Tout en embrassant un univers assez classique de Fantasy, il lui donne un coté Dark plutôt agréable, et trouve de jolis plans pour nous en mettre plein les yeux. Notamment lors des séquences un peu violentes, où il arrive à donner du mouvement à ses dessins, avec un trait vif. De plus, certaines grandes planches vont venir agrémenter tout cela, donnant des airs cyclopéens à certains endroits, comme ce puits des ombres où se déroule la bataille finale.

Au final, ce premier tome de Empires ne changera pas vraiment la donne sur la Fantasy moderne, ou sur toutes les sorties que l’on peut avoir en ce moment, notamment chez Oxymore. On reste dans du classique qui se sauve avec sa narration nerveuse et ses dessins qui sont absolument sublimes. Néanmoins, cette entrée en matière titille notre curiosité sur les prochains tomes, avec des promesses autour d’un lore plus creusé et d’une guerre sainte qui repose sur des religions malades et égocentrées.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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