Materialists – Triangle Amoureux Ultra Glamour

De : Celine Song

Avec Dakota Johnson, Pedro Pascal, Chris Evans, Zoë Winters

Année : 2025

Pays : Etats-Unis

Genre : Comédie, Romance

Résumé :

Une jeune et ambitieuse matchmakeuse new-yorkaise se retrouve dans un triangle amoureux complexe, tiraillée entre le  » match  » parfait et son ex tout sauf idéal.

Avis :

À chaque décennie, il y a son lot de réalisateurs et réalisatrices qui émergent. Des noms qui deviennent en quelque sorte les égéries d’un cinéma. Pour les années 2020, Céline Song pourrait bien être l’un des plus beaux talents du cinéma indépendant américain. Coréenne arrivée au Canada lorsqu’elle était enfant, ètablie à New York, Céline Song a réalisé son premier film en 2023, le très beau « Past Lives« , film qui s’inspirait d’une situation qu’elle a vécue. Sortie discrètement, le film fut l’une de mes merveilles de cette année-là.

Avec ce premier coup d’amour, j’attendais un second film de Céline Song avec beaucoup d’impatience et de curiosité. Puis il est arrivé, il se titre « Materialists« , et il est tenu par un parterre de stars, Dakota Johnson, Pedro Pascal, Chris Evans. Si, sur le papier, et avec Céline Song derrière la caméra, le film donnait très envie, je dois dire que j’avais aussi peur que la réalisatrice, avec ces trois acteurs, ait cédé en quelque sorte à la grandeur d’un studio. J’avais la crainte que ce côté indépendant, et les libertés qui vont avec, soient partis.

« Beau et émouvant, doux et amer à la fois »

Heureusement, il n’en est rien, « Materialists » se posant dans la continuité de ce que Céline Song avait déjà livré. S’il est clair que le film résonne comme une comédie romantique hollywoodienne, « Materialists » est plus profond que cela. Beau et émouvant, doux et amer à la fois, ce deuxième film pour la réalisatrice l’impose comme l’une des plus belles figures du cinéma actuel.

À New York, Lucy, une organisatrice de rencontres très en vue, bâtit des histoires d’amour comme on assemble des portefeuilles boursiers, avec méthode, élégance, et parfois, un certain cynisme. Naviguant entre les beaux quartiers, les galas et les échanges feutrés sur l’amour rentable, elle se retrouve soudain au centre de son propre triangle sentimental.

L’amour. Le cinéma est amoureux de l’amour. C’est peut-être le sujet dont il parle le plus. Combien de films d’amour avons-nous tous vu ? La source est inépuisable, et heureusement, il y a des auteurs qui arrivent à raconter ces histoires de manière plus intéressante que d’autres. Ici, on le devine très vite, rien qu’avec son affiche, on va avoir le droit au traditionnel triangle amoureux. Dakota va devoir choisir entre Chris ou Pedro… Et dans un sens, si on est assez malin, on sait déjà qui le personnage va choisir.

« Céline Song a une plume hors norme »

De ce côté-là de l’histoire, Céline Song coche toutes les cases du cahier des charges pour ce genre de film. Évidemment, on va se retrouver avec deux beaux gosses. Évidemment, l’un est riche, l’autre non. Évidemment que c’est plus complexe que ça. Mais là où le film se démarque d’autres du genre, c’est qu’on trouve Céline Song à la réalisation et l’écriture, et là où d’autres font dans le romantisme et la comédie, la réalisatrice new-yorkaise fait dans le doux et amer.

« Materialists« , c’est un joli drame qui analyse en profondeur les peurs de ses personnages dans des portraits qui sont aussi beaux que touchants. Beaucoup de ce dont le film va parler est dans le titre. « Materialists » est un film qui navigue dans les beaux quartiers de New York. C’est un film où l’argent n’est pas un souci, mais comme on s’en doute, ce dernier ne fait pas tout. Certes, c’est assez convenu, et pourtant, grâce à l’écriture précise de la metteuse en scène, « Materialists » aborde l’amour à notre époque de manière assez rude.

Le portrait de cette jeune femme qui voit l’amour comme une transaction met très bien en images les relations contemporaines. Tous les personnages ne sont pas ainsi, il y a plusieurs portraits, et le panel que la réalisatrice met en relief est plus qu’intéressant. Avec ça, le film parle beaucoup de valeur. La valeur des choses, la valeur de chacun, la valeur qu’offre une relation et la valeur qu’on « s’offre » à nous-même. Pour cela, le film est tenu par des dialogues vibrants de réalisme. Céline Song a une plume hors norme, et avec cette dernière, puis grâce à ses comédiens, elle détaille et décortique les relations amoureuses. Avec ce film, la réalisatrice parle aussi de notre société, où il y a beaucoup de choses aujourd’hui pour trouver l’amour, et en un sens, celui-ci n’a jamais été aussi difficile à trouver. Un paradoxe que Céline Song met très bien en scène.

« c’est vraiment très bien écrit, parfaitement incarné par ce trio d’acteurs géniaux »

Puis avec ça, il y a le côté merchandising, avec le personnage principal et sa profession, une entremetteuse de luxe. Face à cela, elle fait résonner, dans un sens opposé, les relations de son personnage. Ce qu’elle veut, ce qu’elle cherche, ce dont elle a envie, et ce qui lui conviendra finalement. Bref, c’est vraiment très bien écrit, parfaitement incarné par ce trio d’acteurs géniaux, où tout le monde est à sa place, et on ne parlera même pas de l’élégance de la mise en scène. Une mise en scène soutenue et belle, au sein de laquelle on retrouve la patte qui nous avait tant séduit avec « Past Lives« .

Ce second film pour Céline Song se pose comme un second coup de cœur. La réalisatrice est douée, très douée. Elle a une écriture passionnante, et un sens du cinéma qui s’impose, qui nous prend et jamais ne nous lâche. Mieux encore, « Materialists » avait tout pour être une comédie romantique à base de triangle, que l’on connaît déjà, et Céline Song a réussi à en faire un film touchant, plus sombre et amer qu’il n’y paraît. Un film triste, cynique et en même temps vibrant et réaliste. Bref, ce deuxième film est un coup de maître. Vivement un troisième !

Note : 17/20

Par Cinéted