avril 19, 2024

Old People

De : Andy Fetscher

Avec Louie Betton, Paul Fabnacht, Melika Foroutan, Daniela Galbo

Année : 2022

Pays : Allemagne

Genre : Horreur

Résumé :

Ella rentre dans sa ville d’origine avec ses enfants pour le mariage de sa sœur. Le petit village isolé a bien changé depuis qu’elle l’a quitté : les jeunes sont partis depuis longtemps, abandonnant sur place les vieux à leur triste sort. Quand un terrible orage frappe les lieux la nuit des festivités, les résidents d’une maison de retraite adoptent un étrange comportement. Menés par un retraité gigantesque, ils attaquent les soignants avec une brutalité insoutenable. Après une panne d’électricité, les pensionnaires enfoncent les portes et s’enfuient sous une pluie glaciale. La musique les attire à la fête de mariage où Ella va bientôt devoir se battre pour la survie de sa famille.

Avis :

Si l’on écoute les gens qui se prétendent cinéphile, le cinéma d’horreur n’est pas du vrai cinéma. Dans le sens engagé, avec un sens profond et des critiques d’un système problématique. En règle générale, ces gens-là ne s’intéressent tout simplement pas au septième art dans tout ce qu’il peut offrir. Et c’est bien dommage car le cinéma d’horreur est un vivier de talents (de daubes aussi, faut pas se leurrer) et bien souvent, les films sont plus grinçants qu’ils en ont l’air. Le problème, c’est qu’il y a tellement de productions horrifiques, qu’il est compliqué de trier le bon grain de l’ivraie. Et le risque de tomber sur un mauvais film sans fond est grand. Pour autant, si l’on gratte un peu, certains longs-métrages essayent de tirer leur épingle du jeu avec plus ou moins de finesse. Prenons par exemple Old People d’Andy Fetscher.

Film allemand, l’histoire met en place son pitch dès son introduction. Une légende raconte qu’un esprit malicieux peut prendre le contrôle des personnes âgées, qui vont alors se faire un plaisir de zigouiller à tout va. Le démarrage est étonnant et donne le ton directement, avec une aide-soignante qui va se faire refaire le portrait par un vieil homme, qui ouvre sa fenêtre par la suite et découvre un véritable chaos. Percutant, le film va pourtant s’enliser par la suite dans une histoire un peu pataude, où toute une famille se regroupe pour un mariage, et on va se focaliser sur une mère de famille qui va revoir son ex-mari, avec lequel elle a toujours de sentiments. Ce dernier a refait sa vie avec une infirmière qui bosse dans un EHPAD au milieu de nulle part. De ce fait, on se doute bien évidemment de ce qu’il va se passer.

Afin de donner de l’épaisseur à son intrigue, le réalisateur va prendre du temps pour présenter ses personnages. On aura alors toute une palette dont les évolutions seront différentes lorsque l’élément perturbateur va arriver. Ici, on a la mère courage qui affronte son ex-mari malgré ses sentiments. On a le petit garçon asthmatique et joyeux, avec sa grande sœur, amoureuse d’un jeune homme et qui aime faire l’école buissonnière. L’ex-mari en question a refait sa vie, mais il reste proche de son ex-femme, ce qui n’est pas au goût de son nouvelle compagne, jalouse. Enfin, au milieu de tout ça réside le grand-père, mutique, malade, que l’on sort de son hospice pour participer au mariage. Bref, tout ce petit est présenté avec plus ou moins d’insistance, afin de mieux appuyer leurs évolutions au cours de l’intrigue. Et c’est peut-être là que l’intrigue perd un peu de son intensité.

Dans les bons points que l’on peut retrouver, il y a cette volonté de créer une ambiance pesante et inquiétante. Cela commence par un tout petit road trip dans l’arrière-pays, avec une présence uniquement de personnes âgées, présentées comme une menace en devenir. La découverte de l’EHPAD sera aussi intéressante, avec des vieux mutiques, voire dégueulasses, qui sont livrés à eux-mêmes dans des conditions inhumaines. Cela sera le thème central du film et donne bien évidemment des raisons à ces attaques soudaines et violentes envers la jeune population. En cela, on ne peut trop rien reprocher à Old People, qui essaye vraiment d’imposer un cadre anxiogène pour mieux nous prendre aux tripes. Et le film va bien dérouler par la suite, avec des passages violents, des vieux inquiétants et du gore assez discret, mais suffisamment présent pour nous tenir éveillé.

Le problème réside principalement dans la forme que prend le film. Très rapidement, lorsque l’attaque s’organise autour de la maison et des convives, on rentre dans quelque chose de très connu, à savoir le film de zombies. Les personnes âgées réagissent à l’instinct, attaquent tout ce qui bouge et se meuvent de façon saccadée, parfois à quatre pattes ou de façon brusque, histoire de mettre en place quelques petits jumpscares. De ce fait, si l’idée des ennemis est bonne, on reste tout de même dans du déjà-vu. Heureusement que le « boss » des méchants est charismatique en diable, avec son regard bleu glacial et sa grande carcasse, car pour le reste, on est dans un moule calibré et sans surprise. Ce qui est dommage au vu du message et de la portée de celui-ci pouvait avoir.

Old People met de gros sabots pour pointer du doigt les dérives de notre système, notamment celui qui concerne la fin de vie et les conditions de vie de nos aînés dans les EHPAD. Délaissés, malheureux, mal soignés, le film et en exergue des mouroirs plus que des maisons de repos, ce qui justifie les attaques des personnes âgées. Gardant soigneusement le secret sur cette révolte (virus ? possession ?), on comprend rapidement les enjeux du film d’Andy Fetscher. Il faut dire que le film est loin d’être fin et qu’il enclenche de suite les potards au maximum pour créer un malaise autour des conditions de vie des aînés. Ce qui aurait pu être intéressant mais ne l’est jamais vraiment, la faute à un script pataud qui ne fait jamais dans la finesse et mâche tout le travail du spectateur.

On ressentira aussi quelques faiblesses dans l’évolution de deux personnages. En premier lieu, l’infirmière et nouvelle compagne du mari, qui devient une vraie saloperie par jalousie, quitte à sacrifier les autres pour survivre et sauver son compagnon. Elle est d’ailleurs épargnée par les vieux, puisqu’elle estime qu’elle s’est toujours bien occupée d’eux, et ils la laissent tranquille, jusqu’à un choix hasardeux, un mouvement de rédemption qui finalement n’a pas de sens. En second lieu, il s’agira du grand-père de la famille, inquiétant au départ, puis qui va se battre contre lui-même afin de nous faire croire que l’amour est finalement plus fort que le reste. En étant accepté au mariage, en étant sorti de son EHPAD, il arrive alors à combattre ses démons. L’amour plus fort que tout, merci bien, mais ça reste un peu bateau et casse l’aspect nihiliste que pouvait avoir l’histoire.

Au final, Old People est un film d’horreur qui n’est pas inintéressant et qui essaye de mettre du fond pour pointer du doigt les dérives d’un système hospitalier qui n’est pas à la hauteur. Doté d’une mise en scène sympathique et d’une volonté de bousculer le spectateur avec du gore et du sale, on ne peut que saluer le travail d’Andy Fetscher là-dessus. Il est juste dommage que le script soit si grossier dans ses intentions et ses critiques, prenant un peu le spectateur pour un débile, lui mâchant tout travail de réflexion et n’arrivant jamais à manier la métaphore plutôt que le frontal. C’est dommage, il y avait sûrement matière à faire autrement les choses, et à rendre le film encore meilleur.

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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