décembre 11, 2023

Halloween Night T.01 – Le Manoir – Alexis Aubenque

Auteur : Alexis Aubenque

Editeur : Hugo Poche

Genre : Fantastique, Horreur

Résumé :

Seattle, USA.
Un manoir hanté loué pour des visiteurs intrépides. La promesse d’une séance de spiritisme, «pour rire». Six étudiants convaincus de n’avoir peur de rien. Brian, le fils d’une des plus grosses fortunes de Seattle, quarterback de l’équipe de football de l’université. Kelly, gentille, douce et pleine d’humour. Luke, le «good guy». Mandy, la cheerleader bimbo. Courtney, la gothique à mèche bleue, piercing dans le nez et sur la langue. Melvin, le geek de la bande, désespérément vierge. Une expérience que certains espéraient mystique, d’autres comique, d’autres encore érotique, mais qui va rapidement se révéler beaucoup moins paisible que prévu. Et peut-être même tragique. Car les esprits qu’ils invoquent n’apprécient visiblement pas du tout d’être dérangés…

Avis :

En considérant le paysage éditorial actuel, peu d’auteurs parviennent à alterner entre des styles aux antipodes, comme le thriller ou la science-fiction. Deux genres dans lesquels Alexis Aubenque s’est distingué de fort belle manière. On peut respectivement évoquer la saga River Falls et le cycle L’Empire des étoiles. Avec Halloween Night : Le Manoir, l’écrivain s’essaye à l’horreur sous la forme d’un roman court. Cette nouvelle série anthologique n’est pas sans rappeler le concept de la collection de comics Flesh and Bone. Le principe reste le même. À savoir, s’atteler à une thématique précise à partir d’histoires indépendantes. En l’occurrence, le présent ouvrage se penche sur le sujet de la maison hantée.

D’emblée, on devine une approche assumée qui accentue les clichés et les stéréotypes. Néanmoins, ceux-ci ne sont pas forcément inhérents aux récits de hantise. Le fait d’introduire une bande de jeunes adolescents en rut et décérébrés tient sensiblement du slasher, tout comme leur virée du week-end. La rencontre des péquenauds du coin et l’isolement de leur destination renvoient surtout à des titres tels que Détour mortel ou La Colline a des yeux. On se confronte alors à une horreur explicite, frontale, qui s’affranchit de toute subtilité. Or, une histoire de fantômes nécessite un traitement plus nuancé et psychologique afin de susciter l’appréhension, puis l’effroi.

Cet amalgame marque une tonalité inconstante, et ce, en dépit d’un aspect référentiel appréciable. Bien que les personnalités exacerbées soient volontaires, la brochette de protagonistes se montre agaçante au possible. On a droit à de véritables caricatures ambulantes qui véhiculent des comportements prévisibles. Chaque intervenant possède des œillères propres à leur rôle, rendant l’ensemble artificiel et restreint dans la découverte de l’intrigue. De même, on n’échappe pas aux poncifs de circonstances. Entre deux séances de jambes en l’air, il faut se contenter de beuveries et de jeux idiots. Les échanges sont stériles, parfois contradictoires dans ce qu’il advient des relations respectives entre chaque protagoniste.

Malgré le format du livre, une majeure partie de l’histoire s’avance comme une présentation laborieuse des personnages et de leur penchant pour l’amusement sous toutes ses formes. La mise en contexte est minimaliste et la propriété du manoir ne suggère guère d’émotions. L’exploitation des lieux demeure standardisée, tandis que l’aspect lugubre n’est guère mis en avant. À aucun moment, on n’éprouve un sentiment d’oppression ou une sensation d’être épié par quelque esprit invisible. On peut aussi regretter que les rares phénomènes paranormaux qui surviennent se résument à de mauvaises blagues ou des manifestations éculées, sans surprise aucune.

Au dernier quart, le rythme s’accélère et le déroulement des évènements se fait dans la précipitation. Dès lors, on s’attarde sur un peu tout et n’importe quoi. Séances de spiritisme avec une planche ouija à l’appui, recherches occultistes sur la vie après la mort, possessions démoniaques de poupées et cultes sataniques forment un mélange indigeste qui ne fonctionne pas. Le manque de vraisemblance finit par déboucher sur un dénouement bâclé et d’une rare bêtise. Le ridicule de la situation ne renvoie pas au second degré évoqué en amont, mais plutôt à une pénible incursion. De la distraction première (que d’aucuns qualifieraient de « plaisir coupable »), on se heurte à un récit improbable et grotesque à de nombreux égards.

Au final, Halloween Night : Le Manoir est un piètre roman horrifique. L’intrigue s’accapare des fondamentaux du slasher pour étayer une histoire de hantise. Pour autant, cette dernière ne présente que les atours de son sujet. Tout comme le sentiment de peur propre à un tel exercice, l’atmosphère n’est guère développée. On regrette également un récit qui se traîne en longueur et enchaîne des séquences superflues. Laborieux, le roman d’Alexis Aubenque ressasse les stéréotypes et les maladresses du genre horrifique dans ses grandes largeurs. Il en ressort une incursion dispensable qui se complaît dans un florilège de clichés assumés, certes, mais ô combien pénibles et basiques. Un livre sans la moindre identité.

Note : 08/20

Par Dante

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