mars 28, 2024

The Wrath

De : Young-Sun Yoo

Avec Choi Hong-Il, Yeong-Hie Seo, Na-Eun Son, Kyu-Sung Lee

Année : 2019

Pays : Corée du Sud

Genre : Horreur

Résumé :

Dans la maison de Lee Gyeong-jin, un haut fonctionnaire du royaume Joseon, trois fils meurent mystérieusement. Une femme enceinte d’un enfant du troisième fils apprend bientôt l’existence d’un esprit maléfique qui hante la maison.

Avis :

Parmi les productions asiatiques, le cinéma coréen occupe une place à part. Bon nombre de métrages en provenance du pays du matin calme se distingue par une narration et une qualité d’écriture exceptionnelle. On songe notamment à des polars tels que Memories of Murder, The Chaser ou J’ai rencontré le diable. Le genre horrifique n’est pas en reste avec des itérations aussi appréciables que 2 sœurs, Blood Island ou encore Dernier train pour Busan. Autant d’exemples représentatifs d’un cinéma avant-gardiste et audacieux à plus d’un égard. Avec son récit plongé dans un cadre historique, The Wrath part sur d’excellentes bases.

Le cinéma d’horreur asiatique (et pas uniquement coréen) dispose de fondamentaux facilement identifiables tels que les malédictions, les traumas du passé ou le respect des traditions. Les croyances sont parfois mises en avant, mais l’on reste essentiellement ancré dans un contexte contemporain. Il est d’autant plus dommage de ne pas voir plus de projets se consacrer au folklore, aux rites religieux dérivés du shintoïsme et autres cultes. En l’occurrence, le chamanisme, comme l’avait pu évoquer The Strangers. Aussi, Young-sun Yoo offre une incursion rare et intrigante à défaut d’être foncièrement inédite.

Au vu du pitch initial, la période narrative reste assez évasive. Tout juste a-t-on droit à l’allusion de la dynastie Joseon qui, pour rappel, s’étend sur plus de 600 ans. Cependant, la reconstitution historique tient surtout à reproduire le quotidien d’une maisonnée et non à se pencher sur un évènement en particulier. Sous la forme d’un huis clos, le cadre est restreint pour mieux suggérer la sensation de prise au piège, l’oppression annonciatrice d’une potentielle possession ou infestation paranormale. L’ensemble est mis en valeur avec une alternance équilibrée des plans extérieurs et intérieurs. On apprécie aussi le soin apporté aux costumes, à leur raffinement, ainsi qu’au respect de la hiérarchie sociale très rigoriste de l’époque.

La grande force de The Wrath est d’instaurer une atmosphère glauque qui magnifie l’obscurité. On songe à cet éclairage chiche où il faut se contenter d’un clair de lune, du feu de la forge ou de quelques bougies disséminées çà et là autour d’un autel. La bande-son et le rythme pour exposer les séquences concourent à parfaire cette ambiance. Pour ne rien gâcher, le directeur de la photographie a fait un travail remarquable pour tirer parti de ses ténèbres totales ou de cette pénombre émergente. Si l’on se base sur ce simple état de fait, on se retrouve dans une atmosphère proche de la saga vidéoludique Project Zero.

Pourtant, ce visuel flatteur dissimule des écueils sur lesquels il est difficile de faire l’impasse. Certes, le climat glauque est bel et bien présent. Cependant, l’ensemble n’est guère effrayant. La mise en condition est réussie, mais la manière d’avancer les manifestations paranormales est surannée au possible. Il faut alors comprendre qu’il est aisé de distinguer les moments où le spectre vengeur va frapper. Les jump-scares sont d’une rare prévisibilité et, comble de l’exercice, n’éveillent aucun sursaut chez le spectateur ; effets sonores à l’appui. Si l’on pouvait escompter sur une horreur psychologique, le traitement trop explicite annihile tous les efforts précédemment évoqués.

On regrette également un scénario surfait et convenu qui ne recèle aucune surprise notable. Ce n’est pas forcément handicapant d’occulter quelques allusions historiques pour rendre l’ensemble crédible. En revanche, il faut se contenter de dissensions familiales, de rivalités intestines et de prétextes faciles pour faire s’abattre la malédiction sur la maisonnée et ses résidents. La montée en tension est proportionnelle à une lassitude croissante qui finit par aboutir sur un dénouement grand-guignolesque. Pour preuve, cet affrontement exubérant avec les « forces du mal » lors d’un exorcisme ou ces multiples retournements de situation en guise d’épilogue. Quid de la possession, de la réincarnation ou d’une malédiction qui se perpétue ? On évoque tout, sans vraiment apporter de réponse.

Au final, The Wrath s’avance comme un film d’horreur décevant. Grâce à son concept et son contexte, le métrage de Young-sun Yoo présentait un très bon potentiel. La qualité de la réalisation et de la photographie contribue à instaurer une atmosphère travaillée, en adéquation avec le sujet. Comme pour d’autres médias, la forme ne suffit pas à convaincre. En l’occurrence, on regrette les errances d’un scénario paresseux qui se contentent de justifications simplistes et d’une progression linéaire, sans fulgurance ni surprise. Il faut aussi compter sur des phénomènes paranormaux jamais percutants ou angoissants. Une telle prévisibilité ne suggère qu’indifférence et lassitude pour aboutir sur une conclusion bâclée et invraisemblable, à la limite du saugrenu.

Note : 11/20

Par Dante

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