
Titre Original : The Patriot
De : Frank Harris
Avec Gregg Henry, Simone Griffeth, Michael J. Pollard, Jeff Conaway
Année : 1986
Pays : Etats-Unis
Genre : Action
Résumé :
Des missiles nucléaires ont été volés par des terroristes et sont passés en contrebande à travers un réseau d’espionnage complexe. Leur objectif : détruire les Etats-Unis. Le lieutenant Matt Ryder, un ex-marine SEAL, retrouve bientôt dans le jeu explosif du chat et de la souris. Aidé par deux anciens compagnons de guerre, Ryder devient le seul espoir de l’Amérique.
Avis :
Avant l’émergence des stars d’action qui feront les beaux jours de la décennie suivante, les eighties ont donné lieu à bon nombre de films d’action. Embryonnaires d’un style décomplexé, parfois porte-parole de la mouvance grindhouse, il en ressortait des itérations percutantes et distrayantes. On songe, entre autres, à Commando, Cobra, Runaway Train ou Delta Force. Si, depuis, certaines productions sont vieillissantes ou lorgnent vers le nanar guère assumé, il n’en demeure pas moins une période faste où la créativité et l’enthousiasme ambiant parvenaient à supplanter les velléités mercantiles des majors et des studios. Avec The Patriot, on découvre une itération aussi opportuniste qu’abrutissante.

Avec le film de Frank Harris, ce n’est pas tant la linéarité ou la prévisibilité du scénario qui interpelle, mais plutôt son traitement. Dès la scène d’introduction, on assiste à un vol rocambolesque d’armes nucléaires réalisé par des bras cassés. D’emblée, les séquences de présentation s’enchaînent de manière décousue pour exposer les protagonistes et leur quotidien d’un inintérêt patent. Entre beuveries, bagarres de comptoir et autres gueules de bois, les cinquante premières minutes constituent une longue descente dans les affres de l’ennui. Instaurer un contexte demeure essentiel, mais s’appesantir sur des passages sans consistance agace plus que de raison.
« Des têtes d’affiche aux seconds couteaux, ils symbolisent différents degrés de stupidité. »
Durant cet intervalle de temps, l’intrigue évoque des actes terroristes, des exploitations sous-marines à proximité d’une plateforme, des missions secrètes et des tentatives d’infiltration. D’accident de plongée en briefing mené par un Leslie Nielsen un peu trop sérieux, on ne distingue aucun fil directeur. Et ce ne sont pas les états d’âme du protagoniste qui changeront la donne. Entre dettes, alcoolisme et syndrome post-traumatique, on l’affuble de tous les clichés de l’antihéros américain qui, envers et contre tout, voue un indéfectible dévouement à son pays. Pour autant, on s’empêtre dans des considérations surfaites, elles-mêmes auréolées de dialogues qui confèrent au non-sens.
On reste également perplexe quant à la brochette d’acteurs et de personnages qui occupent l’image. Des têtes d’affiche aux seconds couteaux, ils symbolisent différents degrés de stupidité. Cela tient à leur expression ou leur faciès d’idiot du village, à leur comportement d’une rare bêtise ou à des rires récurrents, sans justification aucune. Il suffit de mettre une cassette pour agrémenter un vol en hélicoptère, tandis que la scène vire à l’hilarité solitaire d’un des intervenants. Autre situation cocasse : on fait la fête en faisant office de baby-sitters pour les armes nucléaires. À un tel stade de conneries, les ambitions des demeurés de service pour gagner de l’argent et se rendre à Disneyland ne surprennent même pas…
« The Patriot est un film indigent, long et affligeant. »
Quant à la dernière partie, une vingtaine de minutes bien tassées, l’assaut de la plateforme fleure bon l’improvisation de pacotilles. On passera outre sur l’un des personnages qui se découvre des talents de pilote en plein vol pour appréhender une séquence de fusillade sous-marine. Sorte de paintball du pauvre avant l’heure, les tirs infligent des blessures dont les projectiles ne touchent pas (ou au mauvais endroit) les cibles. Cela vaut aussi pour les rares combats rapprochés où il est aisé de distinguer des coups non portés, voire une chorégraphie menée au ralenti pour découper chaque mouvement, chaque geste. Mention spéciale à cet égorgement où le couteau glisse littéralement dans le vide, pas sur la gorge de la victime.

Au final, The Patriot est un film indigent, long et affligeant. La première approche trahit l’absence totale de maîtrise en matière de narration et de rythme. L’action se fait désirer et les incohérences scénaristiques ne prennent même pas la peine de se dissimuler sous quelques subterfuges éculés. On y évoque les désillusions d’un militaire remercié pour ses actes, avant de le solliciter à nouveau. À l’image des protagonistes et antagonistes, le propos se révèle stupide, vide de sens et sans le moindre intérêt. Preuve en est avec ces morts qui surviennent dans l’indifférence ou cette ultime attaque qui démontre l’incompétence latente des deux camps. Inutile d’escompter un semblant de motivation ou des retournements impromptus, The Patriot constitue une itération inepte, inconsistante et niaise.
Note : 02/20
Par Dante