
Avis :
Quand on évoque le thrash métal, on pense immédiatement à ce que l’on appelle le Big Four américain, à savoir Metallica, Slayer, Megadeth et Anthrax. Pour autant, le thrash ne se cantonne pas uniquement au pays de l’oncle Sam, et la scène émerge dans les années 80 en Allemagne. Ainsi, les teutons possèdent eux-aussi leur propre Big Four, à savoir Kreator, Sodom, Tankard et Destruction. Fondé en 1983 sous le nom de Knight of Demon, Destruction va changer de nom au bout de quelques semaines, et va même changer de style, puisqu’au départ, les allemands faisaient du Heavy à la Iron Maiden, mais c’est seulement au bout de quelques mois qu’ils délaissent cette idée, et se lancent à fond dans le Thrash. Il en résultera alors un groupe qui va rapidement gravir les échelons, jusqu’à devenir un incontournable de la scène mondiale.
Bien évidemment, après tant d’années d’existence, et des sorties d’album assez régulières, Destruction ne possède pas un line-up bien stable, si ce n’est son frontman Schmier, qui chante et joue de la basse. De plus, le groupe a eu quelques déboires avec des maisons de disques, ce qui fait que les albums sortis entre 1994 et 1998, ne sont plus considérés comme des skeuds de la discographie du groupe. Bref, Destruction est une formation qui survit à bien des épreuves, et Birth of Malice arrive à point nommé pour redorer le blason du Thrash. Gardant le même line-up que pour le précédent opus, les allemands délivrent une galette bien ficelée, assez simple dans sa démarche, mais qui garde en son sein l’essence même du Thrash des années 80, et cela fait du bien. Ce côté un peu régressif est parfois salvateur dans un univers qui cherche souvent la modernité.
Après une introduction qui se veut sombre (Birth of Malice), le groupe balance Destruction, un morceau qui parle du groupe, et de son histoire. Le titre comporte tout ce que l’on attend du Thrash, à savoir un rythme effréné, de bons riffs, un solo solide et une mélodie qui reste en tête. Il n’y a rien de révolutionnaire dans ce morceau, mais ça reste un excellent divertissement qui offre ce que l’on était venu chercher. Cyber Warfare rentre dans le même moule malgré une introduction qui essaye de jouer avec les codes d’un ajout électro pour peaufiner une ambiance post-apocalyptique. Derrière, ça envoie sévère, avec une rythmique ultra rapide, et un chant percutant qui donne bien envie de headbanger dans tous les sens. Puis No Kings – No Masters suivra le même moule, avec une construction logique mais imparable, et une rythmique qui frappe fort, ne nous laissant aucun répit.

Scumbag Human Race offrira quelque chose de plus syncopé dans les rythmes, proposant aussi un refrain plus entêtant que l’on va s’empresser de chanter (ou de crier, c’est suivant votre caractère). God of Gore sera du même acabit, avec une introduction percutante, et un début de chant aigu qui fait écho aux amours Heavy du groupe. Le morceau est puissant, rapide (le plus court de l’album), et on sent que c’est dans cet exercice que Destruction est le meilleur. A.N.G.S.T. se veut plus tortueux dans son schéma, notamment avec un début à a ligne de basse, qui ajoute une certaine lourdeur. Le morceau est bien fichu, même s’il lui manque peut-être une rythmique plus véloce. Mais cela permet aussi au groupe de peaufiner une ambiance plus délétère, plus sombre, et cela permet de varier les plaisirs. Dealer of Death sera aussi différent, mais en gardant des similitudes.
En fait, c’est avec ce titre, bien fichu au demeurant, que l’on va ressentir les limites du groupe. C’est-à-dire qu’il s’agit d’un morceau entrainant, virulent, mais qui ne sort pas du carcan Thrash old school. Il lui manque une once d’originalité pour vraiment sortir du lot. Certes, c’est toujours agréable à entendre, mais ça ne sort pas forcément de la masse. On retrouve les mêmes scories avec Evil Never Sleeps, ou encore Chains of Sorrow, qui sont deux très bons titres, mais qui ne s’échappent du tout-venant, malgré une technique irréprochable et un Thrash parfaitement maîtrisé. Greed va frapper un peu plus fort avec une énergie folle et une réelle envie de nous frapper plus fort. Enfin, Destruction termine son album avec une reprise, Fast as a Shark, titre phare du groupe allemand Accept, et c’est plutôt bien fait, renouant avec un heavy classique mais efficace.
Au final, Birth of Malice, le dernier album de Destruction, est une sympathique réussite, même si on pourrait lui imputer d’être trop classique dans son genre. Néanmoins, les allemands fournissent des titres de qualité, avec une énergie qui n’a pas baissé depuis les années 80, et tout cela force le respect. Garder une telle pêche à près de soixante piges, ne jamais se renier et tenir des discours qui tiennent encore la route, on ne peut que reconnaître le talent de dingue de cette formation qui n’a pas pris une ride.
- Birth of Malice
- Destruction
- Cyber Warfare
- No Kings – No Masters
- Scumbag Human Race
- God of Gore
- A.N.G.S.T.
- Dealer of Death
- Evil Never Sleeps
- Chains of Sorrow
- Greed
- Fast as a Shark (Accept Cover)
Note : 15/20
Par AqME