
De : Tom Holland
Avec Luke MacFarlane, Michael Madsen, Anna Margaret, Tatum O’Neal
Année : 2019
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur, Thriller
Résumé :
Peter Harris, alias « The Maker Doll », un tueur en série qui retourne dans sa propriété familiale ancestrale après avoir été libéré de l’hôpital de l’Etat pour les criminels aliénés après 20 ans de séjour – un homme « guéri ». Une fois à l’intérieur de la vieille maison, des souvenirs angoissés d’une enfance tourmentée et des visites des victimes passées secouent la détermination de Peter, mais ce n’est que lorsque la belle jeune Ashley entre dans sa vie que Peter prend une décision fatidique, qui ranime des vieux désirs s’étant toujours terminés dans le meurtre…
Avis :
La vieillesse est un naufrage. Si l’on peut compter sur quelques exceptions, force est de constater que parfois, lorsque l’on demande à un ancien metteur en scène de reprendre la caméra à plus de quatre-vingt ans, alors qu’il était à la retraite depuis plus de vingt ans, ce n’est pas une bonne idée. Preuve en est avec ce bon vieux Tom Holland. Il faut dire qu’il a marqué les années 80 avec deux films remarquables, à savoir Vampire, Vous Avez Dit Vampire ? et Jeu d’Enfant (Chucky pour les profanes), puis il est resté dans l’horreur avec des épisodes pour Les Contes de la Crypte, avant de décliner dans les années 90, proposant des longs-métrages beaucoup moins intéressants, comme Les Langoliers ou La Peau sur les Os, des histoires issues de Stephen King. Et depuis 1996, le réalisateur n’avait fait qu’un épisode pour la deuxième saison des Maîtres de l’Horreur.

Pour ce qui est de faire un long-métrage, cela faisait donc plus de vingt ans que Tom Holland n’avait plus réalisé un film, et allez savoir pourquoi, et comment, certains producteurs ont réussi à le sortir de sa retraite pour faire… Rock Paper Dead (ou Rock, Paper, Scissors selon certaines versions). Il s’agit-là d’un thriller horrifique avec un psychopathe, qui débute plutôt bien, avec quelques phases rigolotes, mais qui, par la suite, va s’enliser dans un faux rythme effarant, prônant alors une paresse communicative, jusqu’à un final qui pourrait faire office de comédie burlesque. Bref, vous l’aurez compris, c’est tout simplement mauvais. Ici, on débute de suite auprès d’un psychopathe qui a attaché une femme à une table, et qui lui propose de faire une partie de pierre, feuille, ciseaux, et comme elle perd, il lui tranche la gorge. C’est alors que la police déboule pour l’arrêter.
« Le film est une succession de dialogues insipides. »
Le démarrage est complètement anecdotique, montrant d’entrée de jeu le faciès du tueur qui arbore un vieux masque dégueulasse, ainsi qu’un flic alcoolique joué par un Michael Madsen qui visiblement aime se mettre du khôl sous les yeux. Par la suite, on va voir un traitement à base d’électrochocs pour soigner le tueur, qui pense avoir un frère jumeau lui intimant de tuer des femmes. Et très rapidement, ce tueur est remis en liberté après avoir montré patte blanche et son aptitude à ne plus sombrer dans la folie douce. Tout le film va alors s’articuler autour de ce type, qui retourne dans sa maison d’enfance, et va avoir des flashbacks sur sa vie passé, où l’on va comprendre qu’il s’est fait abuser sexuellement par son oncle. Sauf qu’il fallait bien une intrigue un peu plus tortueuse pour attirer le chaland, et c’est alors que déboule une nouvelle voisine.
Cette dernière est la sœur de la dernière victime du tueur, et elle se fait passer pour une écrivaine afin de se rapprocher du meurtrier et d’assouvir sa vengeance. Et tout le film ne va s’axer que sur deux points : la psychologie du tueur qui revient au grand galop, et cette femme qui va tout faire pour s’immiscer dans sa vie afin de le buter. C’est alors que le réalisateur va enclencher son pire talent pour fournir un téléfilm qui ne sera que champ/contre-champ pour faire parler ses protagonistes dans des dialogues insipides et sans aucun intérêt. L’image est moche, on aura même droit à des passages où les personnages sont surexposés à la lumière, comme dans Les Feux de l’Amour, et globalement, on n‘aura rien d’autre à se mettre sous les yeux. Le film est une succession de dialogues insipides.
« L’horreur est rarement mise en avant »
Bien entendu, histoire d’essayer de nous tenir en haleine, on aura droit à quelques éléments douteux, comme l’existence de ce fameux frère jumeau qui dit au tueur de faire ses exactions. Existe-t-il vraiment ? Les plus avertis seront à quoi s’attendre, et le twist final est d’un ridicule aberrant. Tout comme la progression latente du scénario, qui pioche de manière sporadique dans l’horreur pour fournir quelques éléments un peu crados, ou un peu sexy, à l’image de cette lycéenne un peu chaude du cul, dont Tom Holland s’évertue à filmer la culotte comme un vieux pervers. C’est affligeant, et le film prend alors des tournures de mélodrames à la con sans jamais créer la moindre tension, ou le moindre élément un peu crapuleux. L’horreur est rarement mise en avant, alors même que le début pouvait tendre à un truc gore rigolo.
Car oui, au début, on se retrouve avec deux passages sales, bien débiles, mais qui ont le mérite de faire rire. Il faudra ensuite attendre près d’une heure pour que d’autres éléments gores arrivent, mais c’est souvent mal fichu et complètement à côté de ses pompes. Tout comme le final, un grand n’importe quoi avec un affrontement à mains nues où une femme va coller des high-kicks à deux types, ayant pour finalité une mort gore d’une bêtise sans nom. Et la toute dernière scène est un vrai scandale. Puis l’ensemble est porté par des acteurs en roue libre, qui s’en battent le coquillard. Michael Madsen est neurasthénique, Luke MacFarlane, qui joue le méchant, est aussi charismatique qu’un Tupperware sale, et Anna Margaret qui joue les gros bras, bien que très jolie, ne possède pas vraiment de talent pour l’acting. Bref, c’est une tannée.

Au final, Rock Paper Dead est un énorme navet qui est drôle le temps de son introduction, et qui ne va être qu’un interminable calvaire à la qualité teléfilmesque. On s’y ennuie beaucoup, il n’y a rien d’horrifique là-dedans, le côté thriller est tellement téléphoné que l’on grille rapidement les tenants et les aboutissants et les acteurs sont tellement mauvais que c’est à se demander s’ils sont dirigés. Bref, ce pauvre Tom Holland aurait mieux fait de rester chez lui à baver devant du porno, plutôt que de nous asséner d’un tel film miteux, qui ne redore pas du tout son blason, ni ne fait écho à son brillant début de carrière.
Note : 03/20
Par AqME
