
Avis :
Certains groupes sont promis à un avenir plus ou moins radieux, et d’autres galèrent pendant quelques années. Il faut dire que le monde du Métal est toujours incertain, avec des musiciens qui doivent bosser à côté pour s’assurer un salaire, par exemple, ou encore une vie sur les routes qui n’est pas des plus agréables. Warbringer fait partie des formations qui auraient pu avoir une trajectoire facile, mais les américains ont choisi la difficulté. Formé en 2004, le groupe sort une démo en 2005, puis un EP en 2006. L’année suivante, Warbringer signe chez Century Media, et c’est en 2008 qu’arrive le premier album. Tout comme les premiers ennuis. Car oui, il faut tourner, et cela n’est pas toujours facile de suivre, et des membres vont quitter la formation, n’étant pas satisfait des tournées, ou voulant tout simplement finir leurs études.
Et si l’on regarde plus en profondeur, on va se rendre compte que le groupe ne sera qu’un éternel turnover entre guitariste, bassiste et batteur. C’est bien simple, depuis leur formation en 2004, le groupe a vu passer cinq bassistes, quatre batteurs et pas moins de six guitaristes. Des chiffres affolants, et qui ont mis le doute sur la survie du groupe, qui va pourtant continuer, notamment via le chanteur John Kevill et le guitariste Adam Carroll. Après plus de vingt ans d’existence, Warbringer continue son petit bonhomme de chemin, et Wrath and Ruin est leur septième effort studio. Un album qui aura mis cinq ans à sortir, mais l’attente en valait la peine, car sous ses huit titres et sa petite quarantaine de minutes, le groupe envoie un bon gros pavé dans la face, arpentant les chemins du Thrash tout en s’en détournant via quelques incursions Black.
Le skeud débute alors avec The Sword and the Cross, et le groupe attaque très fort. Long de plus six minutes, après une introduction qui évoque deux lames qui s’entrechoquent, le groupe envoie les riffs bien gras, avec une batterie qui viendra scander un bon rythme avant de faire parler la poudre. Le chant crié est parfait, la rythmique s’envole, et le groupe ne laisse rien au hasard. C’est puissant, rapide, sans concession, d’une maîtrise technique dingue, et surtout, le refrain rentre immédiatement en tête. Dès le premier morceau, on rentre dans le vif du sujet, et on retrouve tout ce qui pourrait être la synthèse des américains, avec un solo solide et un univers marquant. Et cela va se poursuivre, même sur des titres bien plus courts, à l’image de A Better World. Calibré pour devenir un hit, le titre envoie du lourd du début à la fin.

Ce n’est d’ailleurs pas étonnant que ce soit ce titre qui ait été choisi pour mettre en avant l’album via un clip. Bref, sur ces deux premiers morceaux, on se prend une belle branlée, et on en redemande. Continuant sur cette lancée de zinzin, Warbringer envoie alors Neuromancer et sa petite ligne de basse qui fait du bien. Rapidement, les choses se mettent en branle, et le groupe en profite pour signer un morceau superbe, qui envoie du lourd, et joue avec sa batterie lors des refrains. Alternant alors un titre long avec un morceau plus court, The Jackhammer ne viendra pas forcément nous chambouler, mais il s’avère être un défouloir assez jouissif, nous donnant une furieuse envie de nous déboîter le crâne en headbangant comme un abruti. Et le plus étonnant là-dedans, c’est que malgré la violence du bousin, on en redemande, car c’est très bien foutu.
Histoire de souffler un peu, Through a Glass, Darkly se veut plus calme, tout en gardant une ambiance assez sombre. Le murmure au démarrage, la rythmique moins rapide, mettant en avant une technique plus simple, tout concorde pour adoucir un peu l’ensemble, avant de nous percuter avec Strike From the Sky. Court, concis, puissant, Thrash jusqu’au bout des ongles, on va prendre une sacrée claque. Puis, pour conclure tout ça, Warbringer nous envoie deux titres longs. Cage of Air sera le titre-fleuve de l’album, avec son atmosphère bien dark, et son dernier tiers qui confine au Black, avec blast et chant crié qui part dans les aigus. Enfin, The Last of my Kind termine l’album comme il a commencé, avec un titre purement Thrash, dont le piano du début en sera qu’une prise d’élan pour mieux nous taper la nuque et nous faire chanter un refrain à tue-tête.
Au final, Wrath and Ruin, le dernier album de Warbringer, est une réussite du début à la fin. Les américains, malgré les changements de line-up et un avenir qui fut incertain, démontrent une grande forme, aussi bien technique que dans l’inspiration pour ses morceaux. Huit titres, quarante minutes, c’est vraiment la durée idéale pur se replonger avec joie et délectation dans ce monde de violence et de guerre, où l’on prend plaisir à pourfendre son ennemi.
- The Sword and the Cross
- A Better World
- Neuromancer
- The Jackhammer
- Through a Glass, Darkly
- Strike From the Sky
- Cage of Air
- The Last of my Kind
Note : 17/20
Par AqME