janvier 17, 2025

Ulver – Liminal Animals

Avis :

Nombreux sont les groupes à faire évoluer leur musique, au point, parfois, de changer complètement de style. C’est le cas de Ulver, groupe norvégien qui fut catalogué Black Métal à sa formation et autour de ses quatre premiers albums. Mais en 2000, avec la sortie de Perdition City, la formation change son logo et décide de partir vers quelque chose de plus expérimental, incorporant de nombreux éléments électroniques à ses inspirations. Devenant objet de fascination, Ulver va se mettre à dos une partie de ses fans de la première heure, tout en gagnant en richesse et complexité. Ressemblant plus à Depeche Mode qu’à Burzum aujourd’hui, chaque album des norvégiens attise la curiosité, tant l’expérience peut être étrange, voire grisante et émotionnelle. C’est donc quatre ans après l’excellent Flowers of Evil que sort Liminal Animals, et même si le groupe semble inspiré, on est un peu déçu par cet opus.

Tout commence avec Ghost Entry, et on ressent déjà la patte du groupe, qui continue son exploration d’une Synthwave assez caractéristique et qui leur est propre. Le titre est plutôt calme, mais il dispose presque d’un côté funk avec en arrière-plan une guitare plus marquée que dans le précédent album. S’il y a une ambiance éthérée et presque bizarre, on sent que le groupe essaye autre chose et s’éloigne des émotions du premier pour faire quelque chose de plus dansant. La batterie, aux consonnances électriques, est là pour en attester et rajouter une atmosphère un peu feutrée. Ce côté presque lounge se retrouve aussi avec le deuxième morceau, A City in the Skies. Là encore, on reste sur quelque chose de très calme, de posé, qui laisse pas mal de place aux guitares en arrière, mais qui reste sur une ligne douce.

Le chant a aussi une certaine importance, avec une voix claire plutôt jolie, même si elle reste sans relief. On notera une côté Jazz qui revient de temps à autre. Et cela sera encore plus marquant avec Forgive Us, un titre réussi et très chaleureux, où le chanteur se découvre un peu plus avec sa voix, la laissant trainer sur des notes plus longues. De plus, on entendra avec parcimonie quelques cuivres, et notamment un petit saxophone qui approfondira ce côté jazzy beaucoup plus présent. Après ce titre, on va plonger dans Nocturne #1, qui pourrait presque se voir comme un long, très long interlude. Totalement instrumental et dépassant les six minutes, on est sur un morceau assez sombre, presque fantomatique, mais qui marque une vraie rupture au sein de l’album, avec une seconde partie qui reste dans la synthwave, mais qui se fera plus « festive ».

Cela ne se ressentira pas avec Locusts, qui reste dans une veine Synthé jazzy assez tortueuse et pas forcément pertinente. En fait, le principal problème avec ce genre de titre, c’est qu’il ne démarre jamais, se repose sur son ambiance un peu vicieuse, et manque de moments forts, qui marquent nos esprits. C’est sans doute pour cela que Hollywood Babylon sera plus prégnant, et demeurera comme l’un des meilleurs morceaux de l’album. Plus pêchu, avec des paroles qui sont plus percutantes, le groupe ne se renie pas, mais propose un vrai moment intéressant, avec des variations qui permettent de ne jamais s’ennuyer. Et au niveau de la structure, on est sur quelque chose de simple, avec un refrain qui reste en tête. On s’amusera d’ailleurs du « don’t fuck with America » qui est énoncé avec une certaine ferveur. Bref, il s’agit-là d’un titre réjouissant.

En abordant The Red Light, qui fut un temps le titre de cet album, mais avec un remix de je ne sais qui, on retombe sur quelque chose d’assez attendu. Le groupe revient à une musique d’ambiance langoureuse et molle, dans laquelle il manque une structure simple pour mieux ressentir les émotions. Il faut plus qu’un petit gimmick sonore pour se rendre pertinent. Nocturne #2 rejoint son aîné dans la liste des longs interludes, mais avec un aspect plus noir et horrifique dans les sonorités. On ressent aussi une envie de plonger dans les années 80, et ce titre aurait parfaitement collé à un film d’épouvante de cette époque-là. Enfin, Helian (Trakl) clôture l’album de façon expérimentale, avec un côté tribal, et surtout un poème récité de plus de dix minutes, en norvégien, et avec une voix grave qui oublie d’être suave. Il faut s’accrocher pour tenir jusqu’au bout.

Au final, Liminal Animals, le dernier album de Ulver, ne déçoit pas vraiment, car il explore encore une nouvelle facette du groupe, qui continue d’explorer son aspect Synthwave pour produire des expériences inédites. Cependant, si nous avions été touché par Flowers of Evil, là, on est tellement sur un côté recherche, que tout ce qui est de l’ordre du sentiment semble exclu. Bref, il reste un album intéressant, souvent déroutant, parfois grisant, mais qui manque cruellement d’une pincée d’émotions pour pleinement nous plaire.

  • Ghost Entry
  • A City in the Skies
  • Forgive Us
  • Nocturne #1
  • Locusts
  • Hollywood Babylon
  • The Red Light
  • Nocturne #2
  • Helian (Trakl)

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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