
De : Sylvain Desclous
Avec Jeanne Balibar, Damien Bonnard, Cédric Appietto, Antonia Buresi
Année : 2025
Pays : France
Genre : Drame
Résumé :
Directeur de travaux, David est à la tête du chantier d’une grosse tour en construction à La Défense. Retards insurmontables, pressions incessantes et surmenage des équipes : il ne vit que dans l’urgence. Lorsqu’il croise le chemin de Victoria, ambitieuse DRH d’une multinationale, il est immédiatement séduit par son audace et sa liberté. Entre relation passionnelle et enjeux professionnels, David va se retrouver pris au piège d’un système qui le dépasse.
Avis :
Réalisateur natif de Créteil, Sylvain Desclous est de ceux qui sont les nouveaux visages du cinéma français. Après des études politiques à Aix-en-Provence, le réalisateur va réaliser plusieurs courts-métrages avant de se faire remarquer. En 2016 sort son premier long, « Vendeur » avec Gilbert Melki et Pio Marmaï. Par la suite, entre 2018 et 2022, Sylvain Desclous va réaliser trois documentaires avant de revenir à la fiction avec le très bon « De grandes espérances« , un thriller politique qui tient son public d’un bout à l’autre.

Pour son troisième film, c’est une histoire qui lui tenait grandement à cœur, car lorsqu’en 2011, Sylvain Desclous achève la lecture du « … système Victoria« , il se dit que cela ferait un immense film, mais à l’époque, il est inconnu et n’a fait que trois courts-métrages. La seule chose qu’il pourrait faire, ce sera d’envoyer via Facebook un message à l’auteur du roman, pour le féliciter et lui dire à quel point son histoire l’a retourné et passionné. Des années plus tard, alors que les droits du roman ont été achetés, et qu’il a fallu trouver un metteur en scène, Éric Reinhardt, l’auteur du roman, s’est souvenu du message de Sylvain Desclous, et comme il avait beaucoup aimé « Vendeur« , il lui propose d’en faire une adaptation.
« le personnage de Victoria incroyablement incarnée par une Jeanne Balibar magnétique »
Donc ça, c’était pour la petite histoire. Venons-en au film, que j’étais assez impatient de découvrir, car après « De grandes espérances« , j’étais très curieux de voir où est-ce que le réalisateur allait aller. « Le système Victoria » est un film qui avait l’air de se poser comme un thriller politique autour d’un chef de chantier, et si c’est ça sur une petite partie de son intrigue, malheureusement, je dois dire que le film de Sylvain Desclous m’a perdu.
Directeur de chantier, David travaille à la construction d’une tour dans un quartier de la défense. Le chantier a beaucoup de retard et il y a beaucoup de pression que David a bien du mal à supporter. Un soir, il fait la connaissance de Victoria, une DRH d’un grand groupe. Victoria est magnétique, forte et puissante, et au milieu du chaos de la vie de David, cette dernière lui apparaît comme une bouffée d’air frais.
Une déception, oui, c’est bien une belle et grande déception que ce nouveau film de Sylvain Desclous. Une déception qui est d’autant plus grande que le film avait très bien commencé, et avait su m’emporter et me tenir pendant une bonne quarantaine de minutes. La présentation de cet environnement, le monde de l’entreprise, les idéaux abîmés, les personnages, puis cette rencontre presque hors du temps, le personnage de Victoria incroyablement incarnée par une Jeanne Balibar magnétique au possible, qui crève l’écran à chacun de ses apparitions. La fascination qu’elle exerce sur le personnage de David est passionnante, même si on se dit bien qu’il y a un loup caché derrière tout cela.
« ça ne fonctionne pas, car ça manque de tension. »
Mais voilà, après cette quarantaine de minutes, « Le système Victoria » commence à se faire longuet, et plus il va avancer, plus il raconte l’aventure de ces deux amants, et plus on ne voit finalement pas où le réalisateur veut en venir. Le film tourne en rond, a tendance à raconter la même chose, et surtout, au bout de ça, pour ce qui devait être un thriller, il ne jouit d’aucun suspens. Plat et froid, malgré ses bons comédiens, on a bien du mal à entrevoir les enjeux de l’ensemble. Est-ce que le personnage de David arrivera à finir sa tour dans les temps ? Que cherche vraiment le personnage de Victoria ? Est-on vraiment devant une histoire d’amour naissante ? Et que viennent faire toutes ces scènes de sexe dans l’histoire ?
Puis au-delà de ça, lorsque le réalisateur essaye d’injecter un peu de suspens et de sujets au travers des pressions ou des propositions pour retarder son chantier, ça ne fonctionne pas, car ça manque de tension. Et c’est dommage, car dans le fond, ce que le film nous raconte est intéressant, mais rien n’y fait, plus le film avance, et l’ennui et l’incompréhension gagnent du terrain. Et ce sentiment va être exacerbé avec ce final, où certes, on s’en doutait, mais on avait bien compris, mais c’est bien l’idée de « tout ça, pour ça » qui fait le chemin dans nos esprits.

Au bout du compte, « Le système Victoria » se pose comme une belle déception. En résumé, le film de Sylvain Desclous commence très bien, et propose plein de choses, mais tout aussi vite, il s’essouffle, tourne en rond, se fait froid, ne propose pas de tension, et finalement, on finit par se désintéresser de cette histoire, qui pourtant avait tout pour être intéressante. Notons toutefois que le film nous offre une Jeanne Balibar comme on ne l’avait jamais vu, et que malgré l’ennui et les interrogations, le long-métrage arrivera à offrir un personnage captivant d’un bout à l’autre.
Note : 08/20
Par Cinéted