
Titre Original : Abgeschnitten
De : Christian Alvart
Avec Moritz Bleibtreu, Jasna Fritzi Bauer, Lars Eidinger, Fahri Yardim
Année : 2020
Pays : Allemagne
Genre : Thriller, Horreur
Résumé :
Paul Herzfeld dirige à Berlin le service de médecine légale de la police criminelle. Un matin, alors qu’il pratique l’autopsie d’une jeune femme, il découvre dans son crâne une capsule métallique. Quand il l’ouvre, stupeur ! Un bout de papier sur lequel figure un prénom, suivi d’un numéro de téléphone. Il le compose et la voix qu’il entend est bien celle d’Hannah… Le message enregistré ne laisse place à aucun doute : « Viens à mon secours ! Et pas à un mot à quiconque, sinon je mourrai »… A lui de retrouver seul le psychopathe qui a élaboré ce macabre scénario et enlevé sa fille de dix-sept ans. Une course contre la montre bientôt jonchée d’autres cadavres, contenant d’autres indices.
Avis :
Il y a des réalisateurs étrangers pour qui les carrières à Hollywood ne durent pas longtemps. Christian Alvart fait partie de ceux-là. Cinéaste allemand, il commence sa carrière à la fin des années 90, et semble avoir une appétence pour le thriller et le film d’horreur. En 2005, il se fait véritablement connaître avec Antibodies, où il explore la tête d’un serial killer. Dès lors, il part aux Etats-Unis pour faire deux films, Le Cas 39 avec Renee Zellweger, puis Pandorum, un long-métrage sympathique qui mélange science-fiction et horreur. Visiblement, ces deux expériences ne l’ont pas convaincues, et il retourne dans son pays, dont il ne partira plus, pour continuer son petit bonhomme de chemin. Parmi ses faits d’armes les plus reconnus, on peut citer Lands of Murders, remake teuton de La Isla Minima, excellent thriller espagnol, qui va bénéficier ici d’une relecture plus froide.

Un an avant de faire ce remake, le réalisateur s’était déjà illustré dans un thriller sombre et glacial avec L’Inciseur. Tourné en 2018, le long-métrage n’est arrivé chez qu’en 2020, et via les plateformes de streaming, et notamment Prime Video. Et autant le dire de suite, avec un titre pareil, une image qui ne met pas le film en valeur, et une durée un poil excessive pour ce genre d’exercice (2h15), on ne partait pas forcément gagnant avec ce film. Mais, sans être une grande réussite, L’Inciseur est un thriller qui ne fait aucune concession, qui se veut gore, avec des éléments horrifiques, et qui nous plonge dans une intrigue tortueuse où il est question de tueur en série, de vengeance, et d’une médecin légiste désabusé qui va tout faire pour retrouver sa fille qui a été kidnappée. Oui, on obtient un thriller qui lorgne fort sur du David Fincher.
« le film nous perd un peu dans cette intrigue »
Mais un David Fincher partiellement raté. Le film débute avec la rencontre d’une jeune femme, qui dessine dans un bar perdu sur une île, qui est isolée à cause d’une tempête. On apprend rapidement que cette femme a été harcelée par un triste individu lorsqu’elle reçoit des textos de ce dernier. Pensant lui échapper, elle glisse le long de la côte, et découvre alors un cadavre sur la plage. Le ton est rapidement donné avec cette introduction, on aura un film froid, en corrélation avec la météo, et où les teintes seront ternes, voire allant constamment entre le bleu et le vert pour appuyer un peu le côté nihiliste de la trame. Après cela, on va aller sur le continent, auprès d’un médecin légiste impulsif, qui est en froid avec sa fille, et qui va découvrir avec l’un des cadavres qu’il doit autopsier, qu’elle a été kidnappée.
En effet, dans la tête du cadavre, il découvre une capsule, et dans cette capsule, il y a le nom de sa fille, et son numéro de téléphone. Il comprend très vite qu’un tueur l’a enlevée, et qu’il a peu de temps pour la retrouver. Et de fil en aiguille, il va aussi comprendre que cela a un lien avec une ancienne affaire, où un pédophile n’a pas été condamné à la peine maximale. Bref, au bout d’un moment, c’est très tortueux, et le film nous perd un peu dans cette intrigue qui tisse des liens avec une affaire passée, et tente de se jouer de nous. Tout l’intérêt réside alors dans l’échange qu’il va y avoir entre cette dessinatrice de BD, bloquée sur l’île, et qui va devoir pratiquer une autopsie sur le cadavre de la plage, avec le médecin légiste.
« Il n’y a guère de secret dans le film »
Car oui, le tueur a laissé des indices sur chacune de ses victimes, mais comme la tempête empêche de rejoindre l’île, le médecin est obligé de demander à sa correspondante de faire l’autopsie à sa place. Jusqu’à ce qu’elle se rende compte que le tueur est lui aussi dans le lieu où elle pratique. C’est assez compliqué à comprendre, et c’est en ce sens que le film demeure décevant, imbriquant des éléments sans cesse, au point de finir par nous perdre, même lors de l’explication finale. Une explication qui trouve ses racines dans la vengeance, une vengeance longue et complexe pour pas grand-chose. Alors oui, on va rapidement s’attacher à ce médecin légiste bougon et prétentieux, à son acolyte qui découvre les joies de ce métier, ou encore à cette jeune femme rebelle, mais ce n’est pas suffisant pour faire de L’Inciseur un bon thriller.
Tout le problème provient donc de l’intrigue, et de son méchant, qui est rapidement présenté comme une sacrée saloperie. Il n’y a guère de secret dans le film, pas de besoin de rechercher l’identité du meurtrier, il est clairement montré en plein acte de viol, et on voit à sa tête que c’est un bon gros taré. Mais il est plutôt mal exploité, et reste assez timide dans ses apparitions. Le film, tout glauque qu’il est, aurait pu voir plus loin pour nous présenter un sale type pernicieux et sans aucune limite. Fort heureusement, comme dit auparavant, le film fait étalage de séquences relativement gores, et rien ni personne n’est épargné. Dans les faits, on peut juste lui reprocher une durée trop longue pour un scénario qui emmêle trop ses fils pour pleinement nous convaincre.

Au final, L’Inciseur est un thriller qui essaye de louvoyer du côté de Seven, mais il n’en a ni la classe, ni le scénario. Si on peut être agréablement surpris par la mise en scène de Christian Alvart, et son parti pris d’être trash et gore, on peut aussi lui reprocher d’avoir écrit une intrigue bien trop complexe pour pas grand-chose, et d’étirer son métrage sur une durée qui n’est pas optimal. De ce fait, on fait face à un film qui n’est pas désagréable, qui est même une surprise au vu de son titre et de sa jaquette, mais qui n’arrive pas à s’extirper d’une narration trop compliquée.
Note : 11/20
Par AqME