octobre 15, 2025

Final Fantasy XIII

Dans le domaine du RPG, la sortie d’un nouveau Final Fantasy s’avance toujours comme un évènement. Au fil des générations de consoles, la saga de Square Enix s’est imposée comme un standard de l’industrie vidéoludique, par sa capacité à magnifier un média culturel au travers de ses ambitions. Entre réalisation époustouflante, direction artistique somptueuse et personnages hauts en couleur, Final Fantasy dispose peut-être du patronyme le plus antinomique du jeu vidéo. Exception faite de spin-off ou de suites à des épisodes « canon », Final Fantasy se renouvelle à chaque nouvelle itération. Aussi, Final Fantasy XIII ne déroge pas à la règle. À bien des égards, il surprend et décontenance les habitués de la franchise, quitte parfois à s’éloigner de ses fondamentaux et ceux du RPG.

Final Fantasy : une histoire sans fin ?

Avec Final Fantasy, il n’y a pas lieu d’effectuer un comparatif avec les précédents titres puisque chacun dispose de sa propre identité. Certes, il est toujours envisageable de distinguer quelques occurrences communes, en terme de gameplay ou de clins d’œil. Pour autant, ils sont à prendre de manière indépendante. Cela vaut aussi bien pour les univers que pour les intrigues. Cela sans oublier le système de combats et les protagonistes.

Cette approche demeure audacieuse. Là où d’autres franchises se contentent de réitérer une formule de base avec un minimum de variations, Final Fantasy effectue une refonte en profondeur. Toutefois, ce choix n’est pas sans risque. Au regard de l’excellence et de la constance passées d’anciens jeux, il peut se révéler moins judicieux, moins marquant. Ce qui n’empêche pas le piège d’un rapprochement presque inévitable et, surtout, peu pertinent d’un opus avec ses prédécesseurs.

De la science-fiction à la fantasy : une fable des cristaux

À l’image d’Ivalice Alliance pour le 12e volet, le monde de Final Fantasy XIII s’inscrit dans un projet ambitieux : Fabula Nova Crystallis. Ce dernier se compose de suites et d’épisodes annexes pour développer les valeurs dichotomiques qui opposent Pulse et Cocoon. Il est vrai que le scénario présente une grande densité pour amorcer l’histoire de cet univers. Il n’y a qu’à consulter la partie consacrée aux évènements majeurs pour mieux appréhender sa richesse, sa cohérence.

Le présent titre s’inscrit dans le registre de la science fantasy. Ce style constitue une sorte de syncrétisme entre la science-fiction et la fantasy, entremêlant diverses influences propres à ces deux genres. Là encore, on peut distinguer une forme d’opposition évidente entre les différents aspects qui régissent une telle œuvre. D’un côté, on entrevoit une vision fantasmatique, propice à la magie et à l’émerveillement. De l’autre, le traitement se veut une transposition plus sombre et réaliste.

Les échos de l’histoire qui ont tendance à se propager…

Avec l’ouverture sur une déportation (la Purge), le récit de Final Fantasy XIII s’introduit par un contexte qui n’est pas sans rappeler quelques sinistres pages de l’histoire contemporaine. Entre les différents chapitres, la narration emprunte une tonalité lourde de sens, presque universelle dans les exactions humaines. Puis elle enchaîne avec des moments propices à la contemplation, au merveilleux. Bien que surprenant, ce contraste reste bien amené, car il dynamise les enjeux et amorce des révélations clefs.

Pour autant, le traitement demeure foncièrement manichéen. De ce côté, on aurait pu apprécier davantage de nuances, en particulier avec les L’Cie contraints d’accomplir une tâche (dont ils ignorent tout), sous peine de se transformer en monstres. La qualité d’écriture du titre reste bonne, sans toutefois présenter de fulgurances pour étayer ce périple aux quatre coins de Pulse et Cocoon. Quant aux personnages, ils disposent d’un capital sympathie évident, mais s’avèrent moins mémorables que ceux d’autres opus. Cela vaut aussi pour les antagonistes qui ont la fâcheuse tendance à sombrer dans le caricatural.

Un univers de toute beauté, mais trop enclavé

Si l’on peut apprécier l’histoire à différents niveaux, le déroulement, lui, se veut beaucoup plus linéaire. Pour rappel, chaque volet présente une direction précise avant de s’orienter vers l’open world. Avec Final Fantasy XIII, on nous propose une progression très enclavée. L’approche est telle qu’il est difficile de ne pas songer à une succession de couloirs qui offrent peu ou pas de détour. Le sentiment d’exploration est donc absent et n’encourage guère qu’à des déplacements sommaires.

Certes, ces derniers se font dans des cadres somptueux et variés. Qu’il s’agisse du lac Bresha qui semble figé dans le temps, de la forêt de Gapra ou des côtes de Sunleth, la direction artistique est inspirée. À bien des égards, elle favorise la contemplation des panoramas, magnifiés par de magnifiques jeux de lumière. Seules les contrées de Gran Pulse offrent la liberté tant escomptée, et ce, après plus d’une vingtaine d’heures d’aventures, voire davantage.

Un système de combat réactif et bien pensé

Exception faite de la recherche de quelques menus trésors, il faut donc se contenter d’arpenter les différents environnements avec une certaine passivité. Sur ce point, le gameplay se veut minimaliste au possible. En revanche, tous les efforts semblent s’être focalisés sur le système de combat. Celui-ci possède une approche semi-dynamique qui délaisse le classique tour par tour. Comme à l’accoutumée, un temps d’adaptation est nécessaire pour en maîtriser toutes les subtilités.

Le joueur doit choisir entre plusieurs stratégies. Ces dernières conditionnent le comportement des personnages, sans autre intervention de sa part. Il peut néanmoins réaliser des actions manuelles, mais cette possibilité présente moins de réactivité. En fonction de l’ennemi et de ses faiblesses, il convient d’ajuster son approche et d’alterner entre les différents rôles. Plus qu’un niveau insuffisant, une stratégie inadéquate s’avère vite fatale, a fortiori contre les adversaires les plus retors.

De l’importance du farming

En ce qui concerne les possibilités d’amélioration de son équipe, il faut passer par le cristarium. Il n’est pas sans rappeler l’organisation du sphérier de Final Fantasy X, même si les options offertes semblent plus restreintes, à tout le moins limitées. À cela s’ajoute aussi l’équipement qui se compose de l’armement et de plusieurs accessoires. L’arsenal et les objets portés sont également modifiables.

En cas de changement dans l’équipement, on peut démanteler les anciennes pièces pour se concentrer sur d’autres éléments. Contrairement au cristarium, ce type de choix n’est pas irréversible. À intervalles réguliers, il est préférable de rester dans les zones où les points de capacité sont conséquents pour accroître le niveau des personnages. À défaut, certains boss sont susceptibles de poser problème. Cela se confirme surtout dans les ultimes chapitres où chaque affrontement semble être une gageure avant de devenir routinier.

Une durée de vie honnête, mais une rejouabilité limitée

En matière de durée de vie, Final Fantasy XIII reste dans les standards du genre. Il faut compter une cinquantaine d’heures pour terminer l’aventure. En revanche, la rejouabilité est des plus restreinte. En effet, les quêtes secondaires se résument à des missions de chasse pour poursuivre la découverte de Cocoon et Pulse. Au nombre de 64, elles permettent d’affronter des adversaires redoutables, dont la force ferait pâlir certains boss, y compris les derniers.

Pour les inconditionnels, il est toujours possible d’atteindre tous les niveaux du cristarium, dont un cinquième qui se débloque pour les rôles principaux, au terme d’une première partie. Cela sans oublier la recherche de tous les objets et équipements, même si cette activité présente peu d’intérêt pour progresser, à l’exception de décrocher les ultimes trophées du titre. Autant d’éléments qui parviennent à hisser la durée de vie vers 80 heures pour les acharnés ou les complétistes.

En conclusion…

En considérant la saga Final Fantasy dans son ensemble, ce treizième épisode multiplie les antagonismes, les impressions contradictoires. Bien que manichéenne, on peut apprécier l’histoire qui prend de l’ampleur, en matière d’enjeux. On peut aussi avancer une direction artistique de premier ordre. Quant au système de combat, il se veut fluide et réactif. Pour autant, les développeurs mettent l’accent sur l’action, au détriment d’autres fondamentaux propres au RPG, dont l’exploration.

Malheureusement, la progression ne présente aucune fulgurance et borne le parcours à des zones plus ou moins vastes, mais d’une linéarité extrême. Malgré la qualité de la réalisation, il est difficile de s’affranchir des frontières virtuelles auxquelles nous cantonne l’aventure, et ce, en dépit de la majesté des environnements. On sent donc une ouverture à un public plus large que les joueurs familiers des précédents épisodes. Certains choix demeurent discutables, mais ne sont en rien rédhibitoires pour apprécier l’épopée que nous propose Final Fantasy XIII.

Note : 13/20

Par Dante

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