
Titre Original : Eskalofrio
De : Isidro Ortiz
Avec Junio Valverde, Francesc Orella, Mar Sodupe, Roberto Enriquez
Année : 2007
Pays : Espagne
Genre : Horreur
Résumé :
Santi, un adolescent de 16 ans, est atteint d’une maladie qui le rend très sensible à la lumière. Avec sa mère, ils quittent donc Barcelone pour s’installer au Nord de l’Espagne. Mais bientôt des phénomènes très étranegs se produisent dans les bois situés à proximité de la demeure : des bêtes sont tuées, et bientôt c’est un ami de Santi qui est retrouvé mort. Santi est vite suspecté…
Avis :
Il faut toujours se méfier des jaquettes de DVD, surtout lorsqu’il s’agit d’un film qui n’est pas passé par la case cinéma, et qui doit se vendre. En effet, les éditeurs redoublent d’astuces pour attirer le chaland, et l’une de ces astuces consistent à mettre de grosses taglines sur la jaquette, ou alors à dire que le film a été produit par l’un des producteurs de grands succès. Par exemple, Shiver – L’Enfant des Ténèbres, est un film espagnol qui n’a pas fait grand bruit, mais l’un des producteurs a mis des sous dans Le Labyrinthe de Pan et L’Orphelinat, deux succès critique. Du coup, cela attire l’œil du passionné de film fantastique. Et quoi de mieux que de mentir sur l’image de la jaquette, en nous mettant une jeune fille spectrale, nous faisant alors croire à un film de fantôme. Car oui, Shiver n’est pas un film de fantôme.

Mais pour le coup, on va plutôt être indulgent. Notamment parce que le film d’Isidro Ortiz joue constamment la carte de la surprise, et s’invite dans différents courants, allant du fantastique au thriller, en passant par l’horreur et le drame. Le démarrage du film est d’ailleurs assez étrange, puisqu’il présente un jeune garçon qui va prendre feu au soleil. Il se réveille de son cauchemar, et on va apprendre qu’il est photophobique, et qu’il doit se protéger du soleil. De plus, lors d’un rendez-vous médical, on entend que ses canines poussent de façon anormale. Bref, tout laisse à penser à un film de vampire, et que les choses vont se décanter lorsqu’il déménage avec sa mère dans un bled des Pyrénées, où l’ensoleillement est moindre. Le film tente alors une approche dramatique avec une relation mère/fils plutôt conflictuelle, mais où l’adulte est à l’écoute et essaye d’améliorer les choses.
« l’ensemble manque d’une ambiance plus pesante, plus mortifère. »
Les choses se corsent lorsque le garçon, qui s’appelle Santi, arrive dans son collège, et que des brebis sont tuées, ainsi que des personnes, que l’on retrouvent vidées de leur sang. Bien entendu, tout tend à croire que c’est Santi le coupable, d’autant plus que les meurtres commencent lorsqu’il arrive. Cependant, on va vite deviner qu’il y a quelque chose d’autre dans les bois. Là, Shiver prend des allures de film de loup-garou, jusqu’à la révélation de la bestiole. Isidro Ortiz tente de ménager son suspens, mais il va galérer avec les moyens du bord, et petit à petit, le film s’engonce dans un faux rythme qui ne rend pas service à l’intrigue. Les choses se répètent, on y voit un Santi qui plonge dans la dépression, et tente par tous les moyens de trouver le coupable de ces meurtres. Mais ce côté thriller manque de mordant.
De plus, d’un point de vue scénaristique, la partie enquête patine. Santi fait appel à un ami que sa mère ne supporte pas, il est accompagné d’une camarade de classe, et ensemble, ils vont essayer de faire éclater la vérité aux yeux de tous, mais on ne va pas forcément comprendre tout ce qui se passe. Il y est question de passé, d’un homme qui cache un lourd secret, ainsi que d’un orphelinat qui semble ne pas vouloir divulguer toutes ses connaissances. On retombe sur un schéma classique, et l’ensemble manque d’une ambiance plus pesante, plus mortifère. Et lorsque le pot aux roses est dévoilé, on reste un peu sur notre faim, notamment parce qu’on ne comprend pas les réactions de la créature, ni même celles du vrai méchant de l’histoire, qui se fourvoie dans une explication tirée par les cheveux.
« Shiver accumule quelques scories qui sont presque inhérentes au DTV d’horreur… »
Mais Si Shiver se perd un peu dans une histoire alambiquée pour rien (et qui s’inspire de faits réels), il faut tout de même saluer les prises de risque de son réalisateur. Isidro Ortiz peut avoir du mal avec les plans simples, qu’il enchaîne sans passion, mais il tente de nombreuses choses quand il faut susciter de la peur. Les plans de nuit avec la caméra infrarouge sont plutôt bien fichus, et on notera une envie toute particulière d’iconiser la créature, de lui donner un côté fantasmagorique qui vient envahir les cauchemars de Santi. C’est bien fait, il y a une recherche dans l’atmosphère dégagée, mais aussi dans le travail fait sur la lumière. Alors oui, il n’y a pas de quoi sauter au plafond non plus, mais pour un film au budget plus que réduit, ça reste intéressant à plus d’un titre.
Il est dommage que le film n’ait pas une portée plus forte. C’est-à-dire qu’il raconte une histoire, qu’il parle un peu de la famille et de la confiance que l’on peut placer en ses enfants, mais ça reste très en surface, et il n’y a pas de thème vraiment central. On assiste à un film qui se fait un peu vide, et oublie de parler des communes rurales, des croyances locales, et sombre dans la facilité pour rentrer dans un carcan assez facile. De plus, les acteurs ne sont pas vraiment au top. Junio Valverde n’est pas convaincant dans le rôle de ce garçon, tout comme Mar Sodupe qui joue sa mère, et qui reste monolithique dans un rôle qui, pourtant, pouvait demander plus de tendresse et de sentiments. Bref, Shiver accumule quelques scories qui sont presque inhérentes au DTV d’horreur…

Au final, Shiver est un film qui n’est pas mauvais, mais qui manque d’ambition, ou tout du moins qui n’arrive pas à ménager ses effets pour nous faire croire à différentes directions. Bénéficiant d’un rythme en dents de scie, n’arrivant jamais vraiment à nous passionner, il lui manque aussi des acteurs plus solides pour que l’on ressente de l’empathie pour eux. Bref, sans être une catastrophe, on ne peut pas dire que le deuxième long-métrage d’Isidro Ortiz soit une pleine réussite…
Note : 10/20
Par AqME