septembre 26, 2025

Jinjer – Duél

Avis :

S’il y a une chose de très réjouissant dans le métal dit moderne, c’est la place de plus en plus importante de la femme. Auparavant quasiment uniquement cantonnées au métal symphonique, elles ont décidé de se rebeller et de prouver qu’elles pouvaient elles aussi beugler comme des bonhommes, et tenir la dragée haute à bien des gueulards. Et aujourd’hui, les groupes de Death métal qui comptent des chanteuses sont de plus en plus nombreux. On peut citer Arch Enemy, mais il y a aussi Spiritbox ou encore les ukrainiens de chez Jinjer. Fondé en 2009, le groupe ne compte aucun membre d’origine aujourd’hui, et les deux plus anciens membres sont Tatiana Shmailyuk au chant, qui ne devait que dépanner le groupe suite au départ du premier chanteur, et Roman Ibramkhalilov à la guitare, qui va apporter un nouveau souffle à la formation.

Très rapidement, le bassiste Eugene Abdukhanov arrive dans le groupe, et il va prendre en charge tout ce qui est communication et production, voyant dans Jinjer un sacré potentiel. Et il aura bien raison, puisque le groupe va sortir de son pays, et trouver une maison de disques, avant de percer avec son troisième album, King of Everything, distribué par Napalm Records. Hybride à plus d’un titre, les ukrainiens peuvent compter sur leur chanteuse qui assure vocalement, et des musiciens talentueux, qui arrivent à faire entendre leur technicité sur chaque titre. Associé au Mathcore, le groupe brouille les pistes, et les sous-genres, pour arriver à une identité propre. Les mauvaises langues diront que leur succès est dû au physique de leur frontwoman, mais au fur et à mesure des albums, Jinjer fait taire les bonimenteurs, et avec Duél, le groupe franchit une nouvelle étape.

Sixième album, il s’agit du troisième pour le batteur Vladislav Ulasevich qui participe activement à l’écriture de tous les morceaux. Arrivé en 2019, le musicien s’implique pleinement dans la vie du groupe, et on pourrait presque dire qu’il est à l’origine du succès grandissant de Jinjer. Avec Duél, il est encore plus impliqué dans l’affaire, et on serait tenté de dire que ce sixième effort est le meilleur du groupe. Le skeud débute avec Tantrum, et ça démarre très fort, avec un chant crié, de gros riffs, et une puissance de dingue. Oui, c’est violent et percutant, mais au fur et à mesure du titre, on distingue les variations, l’arrivée du chant clair, et surtout, un échange intelligent entre tous les instruments. On entend bien les différentes nappes de chaque musicien, et cela permet de mieux nous impliquer dans le titre.

Hedonist va embrasser un rythme plus lent, mais les riffs sont plus lourds, plus pesants, et on va prendre une grosse tartine dans la tête. Le chant clair apporte un peu de légèreté dans la complexité des riffs de guitare, mais l’ensemble tient formidablement la route, avec quelques éléments de batterie complètement dingues. Quand Rogue démarre, on va avoir des émanations du premier morceau, avec un démarrage tonitruant qui frappe très fort, mais ici, rien ne nous lâchera, et on fera face à un titre sauvage et surpuissant. Et malgré la violence du morceau, on aura tout de même des élans techniques impressionnants. En abordant Tumbleweed, on revient à quelque chose de plus calme, mais qui contient de sublimes moments, notamment grâce à la voix sublime de Tatiana, qui utilise son chant clair pour souligner les riffs plus langoureux que d’habitude. Mais la violence revient assez vite.

Green Serpent va être un savant alliage entre le Jinjer puissant et virulent, et le Jinjer plus doux, où la chanteuse change constamment de registre vocal pour mieux nous imprégner d’une ambiance à la fois tendue et pourtant délétère. L’ensemble se combien à merveille pour fournir un excellent titre. Kafka sera du même acabit, et il est même une sacrée prouesse technique, où la violence monte crescendo. A partir de là, le groupe va fournir deux titres ultra gras, avec Dark Bile et Fast Draw. Les deux morceaux sont puissants, rapides, et ne laissent guère de répit. Pour autant, ils sont très addictifs dans leur structure simple et facilement mémorisable. Puis Someone’s Daughter revient à quelque chose de plus complexe et de plus tortueux dans sa conception. A Tongue so Sly vient nous réveiller avec sursaut et percussion. Puis Duél clôture l’album de très belle manière.

Au final, Duél, le dernier album de Jinjer, est une superbe réussite, et démontre bien que les ukrainiens ne percent pas uniquement grâce au physique de leur chanteuse. Techniquement irréprochable, le groupe fournit une galette complète, dense et puissante, qui ne laisse strictement rien au hasard. A ce jour, et malgré la réussite des albums précédents, on peut aisément dire que Duél est leur meilleur album à ce jour, et sans doute l’un des albums de l’année.

  • Tantrum
  • Hedonist
  • Rogue
  • Tumbleweed
  • Green Serpent
  • Kafka
  • Dark Bile
  • Fast Draw
  • Someone’s Daughter
  • A Tongue so Sly
  • Duél

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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