
Titre Original : The Equalizer 3
De : Antoine Fuqua
Avec Denzel Washington, Dakota Fanning, David Denman, Andrea Scarduzio
Année : 2023
Pays : Etats-Unis
Genre : Action, Thriller
Résumé :
Depuis qu’il a renoncé à sa vie d’assassin au service du gouvernement, Robert McCall peine à faire la paix avec ses démons du passé et trouve un étrange réconfort en défendant les opprimés. Alors qu’il a trouvé son havre de paix dans le sud de l’Italie, il découvre que ses amis sont sous le contrôle de la mafia locale. Quand les événements prennent une tournure mortelle, McCall sait ce qu’il doit faire : protéger ses amis en s’attaquant à la mafia.
Avis :
Il y a des franchises qui sont assez lucratives, alors même qu’elles ne marchent pas plus que ça en France. Equalizer en est l’exemple le plus flagrant. Le premier volet est sorti en 2014 et a rapporté 193 millions de recette, alors que le film n’avait coûté « que » 55 millions. Le deuxième opus est sorti en 2018, et même s’il a un peu moins bien marché, il reste un succès pour les producteurs. Cependant, en France, les films ont eu un succès plus modéré, n’attirant qu’un peu plus d’un million de spectateurs en cumulé sur les deux longs-métrages. Annoncé comme le dernier volet de la saga, Equalizer 3 sort dans les salles de cinéma en 2023, et il aura tout autant de succès dans le monde, à un tel point que, visiblement, deux suites sont dans les tuyaux. Et au regard de ce troisième épisode, on peut comprendre.

On retrouve donc Robert McCall en Sicile, qui va déboîter un trafiquant avec une violence accrue. Il appelle alors la CIA pour les avertir de son massacre, et qu’ils trouveront des bouteilles de vin étranges dans la cave de ce mafieux. Blessé au dos, notre héros trouve refuge chez un médecin dans un petit village italien, qui est gangréné par la Camorra. Se trouvant enfin une famille de cœur, Robert McCall va non seulement secouer une fourmilière ultra-violente, mais il va aussi apporter une réponse violente à la mafia locale, qui va prendre son plus gros revers. Bref, Equalizer 3 trouve de nouveaux méchants à fracasser, et une raison assez intéressante de répondre à la violence par la violence. Et oui, on retrouve dans ce film la violence policière des films italiens des années 70, ceux que l’on appelle les Poliziotteschi.
« une mise en scène âpre qui montre la force de son héros. »
Dès le début, le film ne laisse guère de doute sur la direction recherchée par Antoine Fuqua. Robert McCall s’attaque à un grand de la pègre, débite quelques mises en garde, puis va fracasser quelques malfrats avec une violence très graphique. Antoine Fuqua ne laisse rien au hasard, et délivre une mise en scène âpre qui montre la force de son héros. Flingue enfoncé dans les yeux, protection humaine, coup de fusil à pompe en pleine poire, dès l’introduction, on voit que notre héros est en pleine forme. Cependant, il va se faire avoir par excès de confiance envers un enfant, et il ne passe pas loin de la mort. Cela rend le personnage plus humain, destructible, et sa blessure va permettre de faire connaissance avec un peuple attendrissant, aimant, et qui ne souhaite qu’une chose, vivre dans la paix et l’harmonie. Une harmonie mise à mal par la mafia.
On pourrait alors reprocher au film d’être manichéen au possible. D’un côté, les gentils habitants qui vivent dans la peur, et de l’autre, les mafieux qui sont de vrais barbares et aiment faire vivre un enfer aux autres. Cependant, le film est assez malin pour poser un cas de conscience au héros, notamment lorsque celui-ci est confronté à une question posée par son sauveur : est-il un homme bon ou un homme mauvais ? Dès lors, il devra faire face à ses démons, et notamment à ses méthodes expéditives, tuant des centaines de personnes pour le bien d’autres. Certains bien-penseurs pourraient y voir une réponse violente et inappropriée face à la violence, mais parfois, on peut se demander si ce n’est pas la seule façon de se dépêtre d’une gangrène qui agit sur tous les fronts, ayant même des taupes dans les forces de l’ordre.
« Denzel Washington est toujours convaincant dans ce rôle »
Mais si l’on excepte le côté un peu crapoteux de la morale du film, il y a une vraie réflexion sur l’ordre, la violence et si on peut se considérer comme quelqu’un de bon malgré un aspect sombre. De plus, le scénario est assez malin pour y glisser un fond plus important en y incorporant des éléments terroristes, joignant la mafia avec des islamistes radicaux, jouant un jeu dangereux, l’un achetant la drogue de l’autre, finançant alors le terrorisme. Il est presque dommage que le film ne creuse pas plus cet aspect, dégraissant son intrigue à l’essentiel, celle d’un homme qui va lutter seul contre la Camorra pour résoudre les problèmes une bonne fois pour toute. Et Denzel Washington est toujours convaincant dans ce rôle, arrivant à être empathique, voire touchant sur certains moments, notamment lorsque l’on voit des bribes d’une vie normale en Italie.

Au final, Equalizer 3 est une suite plus que recommandable, supérieure à son aîné. Le film est à la fois plus violent dans sa trame et dans sa mise en scène, mais il est aussi plus touchant dans le portrait de son héros, qui devient une machine à tuer humaine, avec des sentiments et des émotions. Antoine Fuqua délivre une réalisation très propre, qui profite des décors de l’Italie, tout en lançant une belle lettre d’amour à ce cinéma d’exploitation italien des années 70 qui dénonçait la corruption de la police et les gangs hyper violents qui n’hésitaient pas à poser des bombes pour se faire entendre. Bref, un film qui ne paye pas de mine, mais qui s’avère plaisant à plus d’un titre.
Note : 15/20
Par AqME