Avis :
Dans le monde très riche du Métal, on pourrait croire que de nombreuses choses sont connectées. Par exemple, de nombreux groupes s’entrecroisent et s’échangent parfois leurs musiciens pour des projets plus ou moins gargantuesques. C’est d’ailleurs de là que proviennent les super-groupes, avec des réunions de grands musiciens qui veulent se taper un délire ensemble. Mystic Prophecy voit le jour au tout début des années 2000 et le groupe va être affilié à plusieurs grands noms du métal, comme Gus G. qui viendra faire quelques riffs, et le batteur Dennis Ekdahl, qui forgera plus tard Firewind. Bref, tout concorde pour que Mystic Prophecy devienne l’une des coqueluches du Heavy teuton. Et c’est bien le cas, malgré une notoriété toute relative par rapport à d’autres groupes. Metal Division est leur dernier album sorti en 2020, et on peut dire que le temps n’a pas d’emprise sur la ferveur du groupe.
On assimile bien souvent le Heavy à des titres assez longs, avec des voix aigues et des solos dantesques. Or, avec Mystic Prophecy, ce n’est pas vraiment ce que l’on va avoir. Dès le premier morceau, Metal Division, le groupe montre sa différence avec le reste, en proposant un titre court, puissant, qui puise une énergie dans un métal alternatif réjouissant. Certes, on reste dans un truc très calibré avec de gros riffs bien lourds, mais globalement, ça fonctionne à plein régime, et on en ressort avec un joli mal de nuque. Eye to Eye sera du même calibre, même s’il rentre plus dans un registre classique de Heavy. En termes de rythmique, c’est plus rapide, plus vif, et le solo d’entrée laisse peu de doute sur la direction du morceau. C’est encore une fois très efficace et le groupe ne fait pas dans la dentelle.
Alors bien évidemment, on rentre dans certains stéréotypes inhérents au genre, comme un refrain plus doux, voire cliché, mais qui reste bien en tête. Hail to the King ira encore plus loin dans le délire, avec un démarrage qui se veut épique et qui va permettre de monter crescendo dans l’énergie développée. Cependant, on reste sur quelque chose de très lisse, peut-être un peu trop, mais qui a de bons moments et une mélodie qui fonctionne bien. Il s’agit peut-être du titre le plus accessible. Here Comes the Winter sera le morceau le plus long de l’album, et celui qui évoque du Heavy de la belle époque. Le titre, comme le reste marche bien et propose même des riffs assez puissants, malgré une mélodie classique et très stéréotypée. Pour autant, on reste agrippé à cette plage qui se révèle efficace et plutôt plaisante.
Par la suite, Mystic Prophecy va faire parler la foudre avec Curse of a Slayer. Là, on rentre dans un gros mélange de Heavy teinté de Death dans la rythmique et la violence des instrus. Le groupe démontre tout son talent pour aborder des phases plus percutantes, tout comme le chanteur qui arrive à mélanger chant clair très Heavy et quelques growls bien sentis. Dracula sera dans le même moule, tout en partant vers un rythme plus Hard’n’Heavy avec un gros riff lourd et une rythmique plus lente. On pourrait presque rapprocher cela à du Doom si le refrain n‘était pas aussi calibré pour plaire à un plus grand nombre. Mais c’est l’un des titres les plus addictifs de l’album. Quant à Together we Fall, la formation allemande continue à partir fort et à tout casser sur son passage. C’est puissant, solide dans sa construction et reste vite en tête.
Si on peut reprocher, comme pour de nombreux titres de l’album, une certaine redondance dans le schéma structurel des morceaux, on reste tout de même face à un travail de qualité, qui donne une furieuse envie de sauter de partout et de headbanger comme un zinzin. Même Die With the Hammer, qui débute tout doucement avec un chant clair très caractérisé, monte rapidement dans les tours pour mieux nous percuter et nous donner de l’énergie à revendre. Re-Incarnation sera peut-être un peu en deçà du reste, la faute à un aspect conventionnel poussé à son paroxysme. Ou encore Mirror of a Broken Heart, qui joue sur des clichés Heavy, flirtant dangereusement avec de l’AOR un peu nerveux. Enfin, Victory is Mine renoue avec un gros Heavy sanglant qui frappe très fort et ne peut laisser personne indifférent, notamment avec ce gros growl qui lance le show.
Au final, Metal Division, le dernier album en date de Mystic Prophecy, est une belle réussite, qui arrive à trouver un bon compromis entre Heavy classique et un Métal alternatif qui pourrait presque s’assimiler à du Death sur certains riffs. Si une paire de titres sont un peu en deçà du reste, ils ne gâchent pas le plaisir monstre que l’on a à écouter encore et encore cet opus qui rentre pleinement dans les bonnes surprises de 2020.
- Metal Division
- Eye to Eye
- Hail to the King
- Here Comes the Winter
- Curse of the Slayer
- Dracula
- Together we Fall
- Die With the Hammer
- Re-Incarnation
- Mirror of a Broken Heart
- Victory is Mine
Note : 17/20
Par AqME