février 10, 2025

Nightbitch – Chienne de Vie

De : Marielle Heller

Avec Amy Adams, Scoot McNairy, Arleigh Snowden, Emmett Snowden

Année : 2024

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

Après la naissance de son fils, une ancienne artiste reste chez elle et commence à développer la peur de se transformer en chien.

Avis :

Tout d’abord actrice pour des séries et le cinéma, Marielle Heller va se mettre à écrire dans les années 2010, et elle va même réaliser ses projets. On retrouve son nom sur The Diary of a Teenage Girl, puis elle va se faire remarquer pour avoir des projets un peu gros, comme Les Faussaires de Manhattan avec un joli casting (Melissa McCarthy et Richard E. Grant entre autres). Deux ans plus tard, elle mettra en scène Tom Hanks dans L’Extraordinaire Mr. Rogers, montrant qu’elle commence à prendre du galon à Hollywood. De plus, ce qui est intéressant avec cette réalisatrice, c’est que ses projets sont tous différents, dans des styles variés. Avec Nightbitch, elle promet de s’attaquer au film d’horreur, avec des éléments dramatiques et fantastiques, parlant alors de dépression post-partum et d’une femme épanouie qui va s’éteindre avec la maternité.

Le film débute de manière assez abrupte, avec notre héroïne, campée par Amy Adams, qui fait ses courses avec son fils. Elle rencontre alors une amie qui lui demande si la maternité est géniale. Elle va alors répondre que c’est une catastrophe, qu’elle déteste ça, et que si elle avait su, elle n’aurait pas fait d’enfant. Le montage revient alors à la vraie conversation, nous montrant que c’est ce qu’elle pense, et non pas ce qu’elle va dire. La réalisatrice annonce alors la couleur, son film va souvent utiliser le cynisme et la dérision pour évoquer le combat d’une femme contre la dépression, et une vie qui a changé avec l’arrivée de son enfant, ce qui ne lui convient pas du tout. Marielle Heller appuie son propos via un mari absent la semaine, faisant un boulot contraignant, et qui n’aide pas sa femme dans les tâches quotidiennes.

« Le problème avec Nightbitch, c’est qu’il ne tient pas ses promesses. »

Afin de rendre cela encore plus prégnant, la réalisatrice a écrit un personnage qui a évolué dans un milieu artistique très distingué, ayant exposé quelques œuvres au MoMA. Cette femme, qui fut habitué à un certain standing dans l’art, se retrouve exposée à des musiques pour enfants, à des ateliers peintures qui n’ont pas vraiment, et elle étouffe dans ce rôle de mère qui ne lui convient absolument pas. On sent que cette femme est à bout lorsqu’elle parle à son mari de façon brutale, et qu’elle ne trouve comme échappatoire qu’une rêverie étrange où elle se transforme en chien. C’est là qu’intervient le côté fantastique, lui servant alors de soupape, s’imaginant courir dans les bois, et buter plein de petits animaux. Le choix est très étrange, mais c’est en lisant un livre sur la mythologie qu’elle se rend compte du symbole du chien, utilisé par plusieurs déesses.

Le problème avec Nightbitch, c’est qu’il ne tient pas ses promesses. Vendu comme une comédie horrifique, le film n’est ni l’un, ni l’autre. L’aspect comique pourrait intervenir dans les moments gênants de cette femme, lorsqu’elle assiste à des ateliers pour enfants, avec un piètre guitariste, ou encore lorsqu’elle s’imagine des discours cyniques qu’elle n’ose dire, mais ça ne vise jamais bien loin, et ce n’est pas très drôle. Tout comme le côté horreur qui n’est pas assumé. On aura droit à une transformation relativement mal fichue, ou encore à une scène un peu dégueulasse (un perçage de bouton avec des poils à l’intérieur), mais l’ensemble reste très timide et ne suscite aucunement la peur. A la rigueur, on peut avoir un peu de dégoût, ou de la colère quand elle tue le chat de la maison, mais rien de plus et c’est trompeur.

« le film n’est pas forcément aidé par sa mise en scène. »

Dans les faits, Nightbitch est donc un drame, qui parle d’un sujet important, qui tourne autour de la maternité et de la place de la femme. Amy Adams se transforme au gré de son corps, elle n’a plus les formes d’avant, elle ne s’habille plus comme avant, elle sent que sa libido baisse, et son mari n’est pas là pour l’aider dans les moments difficiles à gérer émotionnellement parlant. Le film de Marielle Heller parle alors de dépression et de cette sensation de ne plus se sentir femme. De ne pas se sentir, de ne plus plaire, et de croire que l’on est incapable de refaire quelque chose de bien. Des sujets forts donc, mais qui manquent d’impact, la faute à un personnage central pénible, et à une écriture qui oublie de faire du frontal, utilisant alors le fantastique comme moyen de garder cette colère.

De plus, le film n’est pas forcément aidé par sa mise en scène. Si l’on est loin d’un film imbuvable, ce n’est pas beau non plus. Il n’est pas étonnant que le long-métrage soit directement sorti sur une plateforme de streaming, tant sa mise en scène est plate et manque de moments qui pourraient nous faire friser la rétine. Et puis hormis Amy Adams, qui porte le film sur ses épaules, on n’a pas vraiment de personnages secondaires attachants. Le mari, joué par Scoot McNairy, semble lui aussi perdu, ne comprenant pas la dépression de sa femme, étant trop premier degré. Quant aux autres mamans qui gravitent sur les ateliers, elles n’ont qu’un rôle mineur, des suiveuses qui vont inspirer l’artiste pour sa future exposition. Et le film de finir sur un happy-end un peu grossier, où tout un chacun comprend qu’il doit mettre de l’eau dans son vin. Inoffensif.

Au final, Nightbitch est un film décevant car il n’exploite jamais vraiment son aspect fantastique/horreur pour impacter son sujet et faire réfléchir le spectateur. On se retrouve face à un drame qui emprunte des chemins incongrus pour parler de quelque chose d’important et qui touche de nombreuses femmes, mais on a la sensation que tout cela est pris par-dessus la jambe et la résolution retombe trop facilement sur ses pattes pour amener à un questionnement plus profond sur le fait de changer les choses dans notre société pour que l’homme participe plus à l’éducation des enfants, et permettent aux femmes mamans de continuer à s’émanciper. Bref, heureusement qu’Amy Adams survole là-dedans, car on frôle la catastrophe…

Note : 08/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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