février 10, 2025

Le Dossier Maldoror – Du Welz Frappe Fort

De : Fabrice du Welz

Avec Anthony Bajon, Alba Gaia Bellugi, Alexis Manenti, Sergi Lopez

Année : 2025

Pays : Belgique, France

Genre : Thriller, Drame, Policier

Résumé :

Belgique, 1995. La disparition inquiétante de deux jeunes filles bouleverse la population et déclenche une frénésie médiatique sans précédent. Paul Chartier, jeune gendarme idéaliste, rejoint l’opération secrète « Maldoror » dédiée à la surveillance d’un suspect récidiviste. Confronté aux dysfonctionnements du système policier, il se lance seul dans une chasse à l’homme qui le fera sombrer dans l’obsession.

Avis :

Fabrice Du Welz est un cinéaste belge à part. Sa filmographie est bercée dans le cinéma de genre. Depuis une vingtaine d’années, le réalisateur s’est créé une très jolie place dans le paysage cinématographique et la sortie d’un nouveau Fabrice Du Welz est un événement que l’on attend avec envie, curiosité et plaisir. Outre un documentaire sorti l’année dernière, « La passion selon Béatrice« , pour retrouver un film de fiction de Fabrice Du Welz, il faut remonter à presque trois ans, avec « Inexorable« , un film qui pour le coup est passé totalement inaperçu, réunissant à peine vingt-cinq mille spectateurs.

Pour « Le dossier Maldoror« , le réalisateur vise très haut, puisque sans pour autant l’être, « Le dossier Maldoror » est un film qui s’inspire grandement de l’affaire Dutroux. Polar sombre et vénéneux, « Le dossier Maldoror » est un film qui laisse une marque, qui révolte autant qu’il va nous piéger dans son horrible histoire. Film policier et film d’enquête, avec « Le dossier Maldoror« , c’est surtout un film terrifiant qui s’aventurera bien plus loin, bousculant l’âme d’un jeune gendarme idéaliste, qui va se voir confronter à tout ce que l’être humain, mais aussi la société, a de plus noir.

« Des polars comme « Le dossier Maldoror« , il y en a peu »

Belgique, 1995, deux petites filles disparaissent près de Charleroi. Paul Chartier est un jeune gendarme qui a tout fait pour échapper à son milieu. Le jeune homme est pétri d’idéaux et il fait ce métier pour venir en aide et faire avancer les choses. Son supérieur a bien repéré le talent et l’envie du gendarme, il lui propose alors de faire partie du dossier Maldoror, une enquête qui vise à surveiller Marcel Dedieu, un homme qui a été arrêté il y a quelques années pour viol sur mineur. Le major Hinckel en est persuadé, c’est Dedieu qui a enlevé les petites filles et il tient à l’arrêter en flagrant délit. Mais à cette époque-là, la police est en grand bouleversement et les différents services de l’état ne communiquent absolument pas, se mettant volontairement des bâtons dans les roues. Ainsi, l’enquête piétine, et plus elle piétine, plus Paul en est certain, Dedieu n’est pas seul, et son affaire et bien plus large qu’elle n’y paraît.

Sombrement magnifique, intense et puissant, terrible et terrifiant de par la portée de son affaire, de par l’horreur incommensurable des actes, critique on ne peut plus critique face à l’état et les policiers qui se mènent une guéguerre, humain dans ce qu’il a de plus beau et de plus dur. Des polars comme « Le dossier Maldoror« , il y en a peu, et derrière toute l’horreur qu’ils décrivent, il faut les savourer à chaque instant, si je puis dire.

Parfaitement écrit par Fabrice Du Welz et Domenico La Porta, « Le dossier Maladoror » est fascinant et passionnant, car il prend le temps, avant toute chose, de nous présenter son personnage principal, Paul Chartier, jeune gendarme plein de vie, très amoureux de celle qu’il va épouser. Un jeune homme qui entre de très belle manière dans la vie active, un jeune homme lumineux, même si impulsif et peut être trop passionné. Si l’affaire en question, dans cette première partie, est en permanence au deuxième plan, elle se pose surtout comme une ombre, ou une menace omniprésente, qui gangrène petit à petit la ville, les personnages et la société. Le mal est là, autour des personnages, certains le savent, mais comment le combattre lorsque tout est fait pour faciliter ce dernier ?

« Il est difficile, très difficile, de ne pas être bousculé par cette histoire »

Petit à petit, les sourires laissent place à l’obsession, puis à l’horreur, et cette descente aux enfers, Fabrice Du Welz la raconte de manière incroyable. Il est difficile, très difficile, de ne pas être bousculé par cette histoire, par son côté tentaculaire, car plus elle se dévoile aux yeux de son personnage, et plus elle s’intensifie et se pose plus grande et terrible qu’elle n’en a l’air. Nous, spectateurs, on suit cette affaire avec un profond malaise.

Fabrice Du Welz nous marque avec chaque point de détail de cette histoire, et si « Le dossier Maldoror » s’inspire de l’affaire Dutroux, avec l’idée que ça ne raconte pas l’affaire Dutroux, mais plus une fiction qui a des accointances avec ladite affaire, le réalisateur belge peut aller plus loin que cette dernière, et livrer un film de cinéma, qui sait tenir son spectateur alerte, tout en posant aussi un film de cinéma critique, qui pointe du doigt les services de l’état, les politiques, les ambitions personnelles, la presse, et loin encore, les horreurs de l’être humain.

Bref, ça dure plus de deux heures et demie, qui passent alors comme à peine une heure. C’est extrêmement bien mis en scène, avec cette idée de couper le film en deux, afin de bien nous présenter son personnage, pour l’abîmer, voire même le détruire petit à petit. L’appétence pour le cinéma de genre que Fabrice Du Welz a est plus que bien venue ici. Le film est aussi tenu par une BO organique incroyable, quasi hypnotique. Et si on ajoute à cela un casting royal où chacun trouve une place en or, même s’il faut bien souligner l’impeccable interprétation d’Anthony Bajon, qui encore une fois, est étonnant et saisi, ainsi qu’un Sergi Lopez, ô combien terrifiant…

Au bout de tout cela, « Le dossier Maldoror » se pose comme l’un des grands films de ce début d’année. Un film lourd et terrible, qui nous tient du début à la fin. Et mieux encore, ce nouveau Du Welz ressort de la salle avec nous, pour continuer à nous envahir de ses démons et des affres de son affaire. Bref, on aurait à faire à un petit chef-d’œuvre que ça n’étonnerait même pas.

Note : 18/20

Par Cinéted

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